Critique film
Publié le 16/11/2015 à 13:28 par Mehdi

Automata

Affiche
7 /10
En 2021, des éruptions solaires ont réduit la race humaine à 21 millions d'individus. Ceux-ci, pour survivre, ont mis leurs destins entre les mains de l'entreprise ROC, qui a développé des robots humanoïdes afin de construire un barrage anti-radiations aux abords de la ville-monde, rejetant des millions d'humains dans des bidonvilles. Ces robots obéissent à deux règles : ils ne peuvent intenter à la vie humaine, et ne doivent pas avoir la possibilité de modifier leur structure. 2044, l'agent d'assurance de ROC Jacq Vaucan, enquête sur une filière de robots qui transgresseraient le second commandement, pour l'accomplissement d'un dessein secret...
Encore un film de robots me direz-vous? Depuis des décennies, les réalisateurs nous ont abreuvés de films traitant de la robotique, avec plus ou moins de succès. Monsieur Asimov avait jeté les bases de ce style à part dans la science-fiction, en établissant les fameuses lois de la robotique, que Gabe Ibanez a fait siennes dans ce film. Ses deux lois étant énoncées rapidement dans le film (dès le prélude explicatif), on comprend d'emblée que le sujet du film sera inévitablement : mais pourquoi et comment ces robots qui doivent être au service des humains s'émancipent?
C'est à peu près la trame du film, que je résume sommairement, mais c'est comme ça que le spectateur le ressentira.
Notre Antonio Banderas, qui n'a rien fait de bien notable depuis le doublage du "Chat Potté" (c'est un peu méchant mais tellement réaliste), vole la vedette ici aux autres acteurs (Robert Forster qu'on a connu plus inspiré, Mélanie Griffith qui ne fait qu'une apparition, Dylan McDermott plus que caricaturé), et signe une production Bulgaro-espagnol improbable, Le début de son film nous plonge pourtant dans ce monde post-apocalyptique que les JT nous promettent chaque jour pour demain. Et la noirceur du propos est relevée encore par la noirceur de la photographie. Dans cette noirceur on distingue quelques halos de lumière, le temps d'apercevoir les premiers robots humanoïdes. Comme si le salut de l'humanité viendra de eux seuls. Noir est aussi le caractère de Jacq Vaucan, qui n'accrochera pas un sourire de tout le film. Même à l'évocation de la naissance prochaine de son enfant. Cela m'a frappé !
La première partie du film est finalement bien plus intéressante qu'il n'y paraît. En enquêtant sur ces robots qui se rebellent, le réalisateur introduit un peu de métaphysique dans le propos, et l'interrogation qui est toujours sous-entendue dans ce genre de film : et si les robots prenaient le pouvoir sur les Hommes? Cette interrogation est renforcée quand on voit le comportement excessif de l'agent Sean Wallace, pour qui un bon robot est un robot mort, pourrait-on dire. Ce qui fait basculer petit à petit son collègue Jacq du côté robotique de l'être humain. On croit même qu'il s'éprend d'une "Cléo" (robot féminine), transformée par le docteur Duprè (M. Griffith), qui le sauve et l'emmène hors de la ville, dans le désert.
C'est le début de la seconde partie du film, et de la traversée du désert, au sens propre comme au figuré. Le film passe de noir à lancinant. Bienvenue la clarté du soleil, mais l'intrigue elle, bien au contraire, s'obscurcit. On a du mal à saisir l'objectif du réalisateur, et pendant presque une heure, c'est comme si le film se cherchait une fin. L'empathie entre les robots et Antonio Banderas constitue, en soit, une volonté d'Ibanez de nous expliquer que, même dans ces moments difficiles de l'histoire de l'humanité, il y a toujours de l'espoir! Il nous explique ça alors qu'il mène son personnage principal vers une zone de radiations nucléaires intenses.
Ce n'est pas dévoiler la fin du film que de dire que la chute ne vaut pas la perte d'intérêt qu'a eu le spectateur en cours de route.
Et tout ce film me fait penser à un diptyque en peinture : le premier tableau est si noir qu'on en cherche la lumière, et le second si clair qu'on en cherche la profondeur!
Et c'est tout le problème du film, cette inconstance dans l'intrigue qui perd le spectateur.

Au final, sur le plan artistique, la photographie est plutôt réussie, les effets spéciaux bons dans l'ensemble (on aime ces humanoïdes ressemblant à ceux du clip de Bjork "All is full of love"), mais le manque d'ambition de l'intrigue, et le jeu des acteurs pas maîtrisé du tout (on a l'impression qu'ils s'ennuient par moment), fait de ce film attendu une semi-réussite.
Les fans de science fiction n'y trouveront pas leur compte, les fans de film d'action non plus. Reste la masse des spectateurs avides de spectacle hollywoodien. Ah ben ceux-la pourront sans nul doute s'en satisfaire.
  VOUS AIMEREZ AUSSI :
  RECOMMANDATIONS :
  COMMENTAIRES :
Veuillez vous connecter afin d'écrire un commentaire
0 commentaire