Timothy et Beryl Evans viennent d'emménager avec leur petite fille au 10 Rillington Place, à Londres. Ils sympathisent rapidement avec leurs voisins du rez-de-chaussée, les Christie. Mais derrière ses airs courtois et respectables, John Christie est en réalité un meurtrier qui assassine froidement des femmes en se faisant passer pour un ancien médecin...

Tiré d'un fait réel, "L’Étrangleur de Rillington Place", est une nouvelle chronique criminelle adaptée au cinéma par Richard Fleischer. Trois ans après "L'étrangleur de Boston" qui avait pour vedette Tony Curtis, le cinéaste se penche sur un autre serial killer ayant réellement sévi.
Celui-ci est britannique, l'intrigue se déroule donc à Londres sur la place Rillington, le film fut d'ailleurs tourné sur cette même place, où vivait et sévissait John Christie durant les années 40, l'assassin psychopathe campé à l'écran par Richard Attenborough. Cependant, c'est au numéro 6 et non au numéro 10 qu'il a fallu faire le tournage en 1970. Un an après la sortie du film, la rue fut démolie pour faire place à la Westway, une autoroute urbaine.
L'intelligence et l'audace de Fleischer, payent une nouvelle fois d’efficacité, proposant le rôle phare à l'un des acteurs les plus populaires du moment, il a cette idée surprenante que Richard Attenborough peut ainsi briser cette image sympathique qui fait son succès, en une incarnation du mal absolu, pervers et sournois. Et quelle brillante idée, tant le comédien s'emparera des traits physiques et psychotiques de Christie, avec une interprétation qui demeure aussi hallucinante que terrifiante, son regard et ses expressions font aujourd'hui encore, froid dans le dos.
Cet énième chef d'œuvre du cinéaste, n'est pas un simple thriller, c'est également un drame qui milite contre la peine capitale, dénonçant une terrible erreur judiciaire dont le comédien John Hurt ("Midnight Express") fait les frais lors de cette enquête. L'intrigue se veut, sombre et concrète, tout se trouve porté par les performances exceptionnelles de ses deux Richard, l'un à la mise en scène et l'autre s'en emparant. Tourné quasiment en huis clos, le film se déploie dans une ambiance tendue et claustro-phobique, immergeant le spectateur d'une angoisse et d'une antipathie certaine pour le propriétaire des lieux. Le malaise s'installe par de simples plans sur le regard, que portent l'assassin, et les idées malsaines qui semblent lui traverser l'esprit. Nous n'assistons jamais aux meurtres, tout est dans la suggestion et l'atmosphère glauque et tendue de la mise en scène.

Pour ma part, ce film est un autre coup de maître de Fleischer, un thriller tendu, macabre et malsain, impeccablement traité. À la fois terrifiante et moralisatrice, cette reconstitution criminelle déploie avec talent toute son artillerie, devenant une des œuvres les plus respectables et pourtant l'une des moins célèbre du réalisateur. Toutefois, c'est sans aucune hésitation, aucune, que je vous souhaite de découvrir ou de redécouvrir ce petit bijou sans modération.