Critique film
Publié le 29/07/2016 à 16:20 par Mehdi

La Chanson de l'Éléphant

Affiche
8,5 /10
Toby Greene, directeur d'un hôpital psychaitrique, interroge un jeune patient, Michaël. Ce dernier, d'une intelligence redoutable, semble être le seul à savoir ce qui est advenu du docteur James Lawrence, son psychiatre référent, disparu depuis plusieurs jours. Au fil de l'entrevue, le docteur Greene se rendra à une cruelle évidence : il faudra négocier avec un patient qui est un véritable maître chanteur, afin de découvrir une vérité qui dépassera tout ce à quoi il s'attendait.
Charles Binamé, réalisateur québécois au succès limité est très malin : il choisit une pièce à la renommée mondiale, prend son auteur pour l'adapter dans un scénario transposable sur grand écran, et s'adjoint les services de Xavier Dolan, réalisateur couronné d'une semi-palme ("Mommy") comme personnage principal, et complète la distribution par des acteurs chevronnés et reconnus de la profession (Bruce Greenwood, Catherine Keener et Carrie-Anne Moss). Ce coup de force des producteurs, devait inévitablement s'accompagner d'une réalisation impeccable. Et c'est bien là ce qui empêchera, à coup sûr, "La Chanson de l'Éléphant" de remporter le succès au box-office que l'agrégation de tant de talents pouvait nous faire espérer.

Je m'explique.
Le réalisateur avait un défi assez simple finalement à relever : de tous ces talents il fallait faire un huis clos (façon pièce justement) où évolueraient le docteur Greene confronté à Michaël Aleen, dans un jeu pervers, sorte de finale de Rolland Garros, entre Nadal (Michaël) et Federer (docteur Greene), avec à chaque minute une balle de match. Ce match serait entrecoupé de flashback du jeune Nadal, sa mère cantatrice latine qui le délaisserait, un safari où un éléphant est sacrifié. L'éléphant est finalement un personnage à part entière dans cette histoire. Il est l'alibi de Michaël pour esquiver les balles du docteur Greene, qui semble vraiment obnubilé par le sujet, et on n'en comprendra la raison finalement qu'à la fin.

Les temps morts seraient aussi l'occasion de flashforward, avec le docteur Greene et l'infirmière Susan Peterson interrogés tour à tour par un enquêteur. Ils expliquent en substance la disparition de leur collègue le docteur Lawrence, et ce que leur a dit leur jeune patient.

Le film pêche donc dans sa réalisation. La première demi-heure nous perd littéralement, elle installe pourtant le caractère machiavélique du patient, joué par un formidable Dolan, mais on tarde à comprendre le sujet réel de l'interrogatoire, les interactions entre les différents personnages (il y a pourtant matière avec un trio amoureux qui se dessine) ; tout ça à cause d'une mise en scène poussive, que viennent sauver pourtant les interprétations impeccables de Dolan et Greenwood. Le scénario est riche, assez pour quand même laissé le spectateur circonspect pendant plus d'une heure, ou l'intrigue se dénoue à plusieurs reprises. La révélation finale n'est pourtant pas à la hauteur, tant l'issue finale est amenée avec de grosses ficelles.

Alors merci monsieur Dolan, merci monsieur Billon (scénariste), merci aux producteurs et aux casteurs, d'avoir eu l'envie de faire une adaptation magnifique d'une pièce bien pensée, mais vous auriez du ne pas laisser Charles Binamé en faire un film sans beaucoup de relief. C'est dommage, même si je pense que le métrage sera un succès quand même, contrairement à ce que je disais en préambule. Rien que pour les acteurs vraiment au meilleur de leur forme créatrice, je vous enjoins de vous déplacer voir ce film qui le mérite.
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