Critique film
Publié le 10/04/2018 à 12:11 par Kévin Aubin

Sparring

Affiche
8 /10
A plus de 40 ans, Steve Landry est un boxeur qui a perdu plus de combats qu’il n’en a gagnés. Avant de raccrocher les gants, il accepte une offre que beaucoup de boxeurs préfèrent refuser : devenir sparring partner d’un grand champion.
Samuel Jouy a étudié au Cours Florent avant d'obtenir en 2000 son premier rôle marquant dans Du bleu jusqu'en Amérique. Il joue à plusieurs reprises un fils d'ouvrier dans trois films et s'illustre également à la télévision. On le voit notamment dans les séries Ainsi-soient-ils et Fais pas ci, fais pas ça.

En 2018, il réalise son premier long-métrage, Sparring, film sur un boxeur qui met en avant une fonction méconnue, sparring-partner. Le réalisateur signe un film sur les à-côtés d'un boxeur. Ainsi, au-delà du simple film de boxe, c'est tout ce qui gravite autour de ce sport qui est ici montré par le biais de Steve, boxeur professionnel de l'ombre. Le spectateur apprend à connaître cet homme qui n'a jamais réussi à trouver la gloire et qui tel un ouvrier du ring cherche tant bien que mal à faire des combats ou à entraîner les stars en devenir. Tout le long du film on suit l’entraînement, l’avant match, l’après match, la solitude du boxeur, son inconscient, ses états d’âme, sa vie de famille, comment il se lève chaque matin et surtout, pourquoi ? Une vie passionnée par l'amour du sport qu'est la boxe, à ne jamais être vu ni reconnu pour son travail et peiner chaque jour. On s'interroge sur cet homme qui représente tous ces boxeurs qu'on ne voit jamais et qui pourtant font la gloire de la boxe. Sans eux, partenaires d'entraînement, il n'y aurait pas de champion. Etre sparring, c'est se lever chaque matin pour encaisser les coups du jour sans s'être remis des coups de la veille, et ce, sans une once de profit ou de gloire si ce n'est son profit personnel. Un film avec une histoire authentique qui nous montre un aspect méconnu de la boxe dans un simple appareil. C'est vrai, poignant et sans effet tape à l'½il et l'uppercut est asséné d'un coup d'un seul simplement et efficacement.

Derrière la caméra, et pour son premier film, Samuel Jouy s'en sort très bien. La mise en scène est d'une sobriété déstabilisante, les décors montrent bien la fracture existante entre l'ostentatoire, le spectacle et la simplicité, la discrétion du monde de la boxe, la photographie aux lumières naturelles avec une tonalité pâle apporte l'authenticité qui transparaît tout le long du film et la bande-son frappe fort. Une réalisation de qualité pour un bien bel hommage à tous ces boxeurs qu'on ne voit jamais.

Mathieu Kassovitz mène le film tout de son long avec force et détermination. Magnifique dans le rôle de cet homme, père dévoué et aimant, rongé par l'amour de la boxe. L'acteur y a donné de sa personne puisque dans les scènes de combat, les cous sont portés pour de vrai et garantis sans trucage. Pour l'accompagner, c'est un ancien champion du monde de boxe, Souleymane M'Baye qui interprète le rôle de Tarek M’Bareck. Pour son premier rôle au cinéma, il s'en sort très bien dans le rôle du champion sûr de lui mais à l'écoute. On peut en dire de même pour Olivia Merilahti, la chanteuse du groupe The Dø, qui trouve elle aussi son premier rôle au cinéma. Elle s'en sort elle aussi très bien dans le rôle d'une femme et d'une mère droite dans ses bottes et soucieuse de son mari.

Pour sa première réalisation, Samuel Jouy signe un beau film sur un aspect méconnu de la boxe, le sparring-partner. Mais c'est avant tout un film sur un boxeur à la gueule cabossée campé par l'époustouflant Mathieu Kassovitz. A voir pour son message inspirant.
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