Critique film
Publié le 28/01/2025 à 11:57 par Grégory

Stay Hungry

Affiche
7 /10
Craig Blake est un jeune homme du Sud, né dans une famille aisée, mais laissé seul et oisif après la mort de ses parents dans un accident d'avion. Il passe son temps à pêcher, chasser et bricoler dans sa grande maison familiale à Birmingham, en Alabama, habitée uniquement par lui-même et un majordome. Blake est employé dans une entreprise d'investissement douteuse dirigée par un escroc rusé nommé Jabo. On lui demande de s'occuper de l'achat d'une petite salle de sport que la société achète pour faire place à un immeuble de bureaux. Il rencontre Joe Santo qui prépare son entraînement pour le titre de Mister Univers.
"Stay Hungry" est un film atypique qui mélange comédie, drame et une touche de romance dans un cocktail parfois déconcertant, mais indéniablement intrigant. Réalisé par Bob Rafelson, le film repose sur un casting aussi éclectique qu'impressionnant, avec Jeff Bridges, Sally Field, et un jeune Arnold Schwarzenegger dans l'un de ses premiers rôles marquants. Ce dernier décroche d'ailleurs un Golden Globe pour sa performance, preuve de son potentiel d'acteur au-delà de son aura de culturiste.

Le film nous plonge dans l’univers inhabituel d’une salle de musculation à Birmingham, en Alabama, un décor improbable pour explorer des thèmes comme l'aliénation, la recherche de soi et les aspirations humaines. Jeff Bridges incarne Craig Blake, un riche héritier à la dérive, chargé d’acheter un immeuble abritant cette salle de sport, dans le cadre d’une opération immobilière. Mais au lieu de se contenter de remplir sa mission, Craig se laisse peu à peu happer par le microcosme excentrique de ce gymnase et ses personnages hauts en couleur, notamment Joe Santo (Schwarzenegger), un culturiste philosophe et doué pour la musique, et Mary Tate (Sally Field), une réceptionniste pétillante et pleine de charme.

Ce qui frappe dans "Stay Hungry", c’est son mélange de tons. À certains moments, le film est délicieusement léger, flirtant avec une comédie décalée où l’absurde se mêle à l’humain. À d’autres, il se fait plus introspectif, explorant le vide existentiel de Craig et sa quête d’un sens à donner à sa vie. Cependant, cette fluctuation constante entre humour et gravité peut donner une impression d’incohérence. On passe parfois d’une scène poétique ou mélancolique à une séquence presque burlesque sans véritable transition, ce qui peut déconcerter.

Les performances des acteurs, en revanche, sont un point fort. Jeff Bridges incarne avec subtilité un jeune homme en quête d’identité, naviguant entre son monde d'opulence et celui plus brut de ses nouveaux amis. Sally Field illumine l’écran de sa présence, injectant de l'énergie et de la sincérité dans chaque scène. Quant à Schwarzenegger, il étonne par son naturel et son charisme, dévoilant un côté vulnérable et humain souvent absent de ses rôles ultérieurs. Il joue un Joe Santo captivant, dont la philosophie de vie est aussi simple qu’inspirante : il s’efforce de "rester affamé", une métaphore pour ne jamais cesser de chercher, de vouloir et de rêver.

La réalisation de Rafelson est sobre mais efficace, capturant l’atmosphère du Sud des États-Unis avec une authenticité qui renforce le sentiment d’immersion. Certaines scènes, comme le concours de culturisme ou les interactions dans la salle de sport, dégagent une chaleur humaine qui contraste agréablement avec l’ennui existentiel de Craig.

Cependant, "Stay Hungry" n’est pas sans défauts. Le rythme parfois inégal et les arcs narratifs qui semblent inachevés ou superficiels laissent un goût d’inachevé. On a le sentiment que le film veut toucher à trop de sujets sans les approfondir réellement, ce qui peut frustrer. Mais il compense par une sincérité désarmante et un charme unique qui rendent l’expérience globalement plaisante.

En résumé, "Stay Hungry" est un film imparfait mais attachant, porté par des performances mémorables et une ambiance atypique. Il ne plaira pas à tout le monde, mais pour ceux qui apprécient les récits sur la quête de sens, teintés d’humanité et de moments inattendus, il vaut le détour.
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