Critique film
Publié le 02/06/2016 à 16:46 par Mehdi

The Uninvited - La Falaise Mystérieuse

Affiche
8 /10
Roderick Fitzgerald et sa soeur Pamela sont en villégiature dans les Cornouailles. Au bord d'une falaise, ils visitent une maison qui a l'air inhabitée, et tombe sous le charme de celle-ci. L'ayant obtenue pour une bouchée de pain auprès du commandant Beech, malgré la réticence de sa petite-fille Stella, ils s'apercevront bien vite que leur petit coin de paradis est en fait hanté...
Réédition d'un classique de la Paramount, le film de Lewis Allen est sorti en 1944. Il s'inscrit dans le genre horrifique, bien qu'il apparaît plus comme un thriller fantastique.
A l'époque, la Paramount n'est pas coutumière du genre. Allen base son scénario sur un livre irlandais, sorti deux ans auparavant.
L'histoire est un classique du genre : la maison hantée.
Au début du métrage, une voix off nous parle de fantômes, sur fond de bord de mer. Et puis, dans les scènes suivantes, un couple suit son chien entré dans une maison qu'on devine inhabitée, et sous le charme de la demeure, ils se mettent dans l'idée de l'acheter sur le champ. Ce couple n'en est pas un. Ce sont des frère et s½ur, Ray Milland étant trop élégant pour ne pas développer une intrigue amoureuse pendant le film. Celui-ci, acteur très populaire à l'époque, obtiendra l'Oscar et le premier prix d'interprétation masculine de l'histoire du festival de Cannes pour son rôle dans "Le poison".
Ce dernier fera la rencontre de Stella dans la maison de son grand-père, le commandant Beech, quand il viendra acheter la demeure sur la falaise, propriété de la famille de Stella. Cette dernière, jeune femme de 20 ans, paraît être contre l'idée de vendre le bien familial, mais on se sait pas encore pourquoi. Tout juste on comprend qu'il y a une raison pour qu'elle soit vendue si peu cher, mais on ne sait pas encore laquelle.
C'est la première nuit passée à la villa qui nous l'apprend : les Fitzgerald sont confrontés aux pleurs d'une femme qu'ils n'arrivent pas à localiser.
Nous autres cinéphiles au temps du numérique et des effets spéciaux de synthèse, sommes habitués à sursauter à chaque scène spectaculaire, à chaque apparition fantomatique ou meurtre gore. A l'époque, la peur nous est suggérée plutôt qu'imposée, et les réalisateurs usent d'une ambiance anxiogène plus que d'une effusion de sang pour effrayer le public. C'est une leçon pour les jeunes réalisateurs. Comment faire peur sans montrer ? Lewis Allen réussit très bien à nous faire peur sans recourir aux effets spéciaux ; une plainte, un jeu d'ombre est l'affaire est entendue. Mais le métrage n'est pas qu'un film d'épouvante, et le prétexte de la maison hantée n'est pas destiné, comme c'est de coutume maintenant, à y traîner une bande d'ados décérébrés en mal de sensations. C'est l'enquête sur le passé de Stella qui anime le film, et Ray Milland se mue en Sherlock Holmes ; il a même son docteur Watson, mais ici il est médecin de village.
On comprend que le commandant cache de lourds secrets sur la naissance de Stella, la vie tumultueuse de son artiste de père, le chagrin de sa mère, et qu'il ne laissera pas la vérité éclater.
Beaucoup de rebondissements dans ce film à la photographie éblouissante, des jeux de lumière très beaux, et exaltés par la copie en noir et blanc. On ne peut pas louer de la même façon les pistes audio françaises qui "craquent" beaucoup par moment.
On est à Hollywood, celui que l'on aime car ses stars sont éclatantes, celui que l'on aime car on est plus proche de la comédie de boulevard que du film quand les dialogues s'éternisent, celui que l'on aime quand il s'approche des chefs d'oeuvre hitchcockiens. Le livre de Dorothy Macardle est bien scénarisé, les temps morts sont quasi-inexistants, l'atmosphère est tantôt oppressante (les scènes de nuit dans la maison) et le reste du temps léger (Ray Milland et Ruth Hussey sont d'infatigables optimistes). Ce film, cité par de grands réalisateurs contemporains comme un véritable chef d'oeuvre en est assurément un.
Et comme tout bon thriller, il finit sur un rebondissement non pas inattendu, mais qui fait replacer le puzzle dans le bon ordre.
Gail Russell, étoile filante d'Hollywood, semble possédée dans ce film qui marque par sa "maturité" du genre horrifique avant les grands succès de Hitchcock, et Ray Milland fait du Hitchcock avant de jouer dans "Le crime était presque parfait".

Au final je suis encore plus convaincu que je suis né trop tard, mais grâce à des rééditions de qualité comme ce "The Uninvited - La Falaise Mystérieuse", on peut revoir tout un pan des ½uvres majeures que nos grand-parents cinéphiles regrettent encore.
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