Événement
Publié le 23/05/2018 à 12h42 par Floriane
Festival de Cannes 2018
Avant même avoir débutée, cette 71ème édition du Festival de Cannes faisait déjà parler d’elle. Entre le nouveau planning de projections presse, la nouvelle règle sur la sortie en salles des films excluant d’office les productions Netflix (Bye Bye Alfonso Cuaron et son "Roma"), les déboires judiciaires concernant le film maudit de Terry Gilliam "L’Homme qui tua Don Quichotte" ou encore la censure du film Kényan, "Rafiki" dans son pays d’origine, le plus prestigieux festival du cinéma mondial s’annonçait intense. Ciné-Média vous propose un compte rendu de notre expérience sur place.

Après une cérémonie d’ouverture marquée par le discours éclairé d’Edouard Baer, la douceur de la chanteuse Juliette Armanet et la grâce absolue de la présidente du jury, l’actrice Cate Blanchett, le festival s’ouvrait tranquillement avec son film d’ouverture "Everybody knows" d’Asghar Farhadi avec Penelope Cruz et Javier Bardem. Un drame familial inégal en particulier dans sa dernière partie qui accumule les facilités scénaristiques.

Dès le deuxième jour, le festival et ses sélections parallèles sont lancées. Et comme d’habitude, la politique s’invite dans les films. Que ça soit "Leto" de Kirill Serebrennikov et sa charge anti-Poutine, "Cold War" de Pawel Pawlikowski et sa romance sur fond de guerre froide, "Les Filles du soleil" de Eva Husson et son portrait de la lutte des combattantes Kurdes, le prolétaire "En Guerre" de Stéphane Brizé et sa charge anti-patronale et bien sûr Spike Lee avec son énervé "Blackkklansman". Bref, le cinéma reste une fenêtre sur le monde et ses luttes, et le festival une vitrine de ses objets cinématographiques plus que jamais engagés.

Après l’affaire Wenstein et le mouvement Me Too, le festival qui fut souvent critiqué par son manque de parité était attendu au tournant sur la question des femmes. Avec le choix de sa présidente, la parfaite Cate Blanchett et de ses jurés féminins (Kristen Stewart, Léa Seydoux, Ana du Vernay et Khadja Nin), cette édition partait sur de bonnes bases. Thierry Fremaux (délégué général) et Pierre Lescure (président) conscients de ce manque de visibilité des femmes dans leur festival ont multiplié les actions en leur faveur. On retiendra une montée des marches réservée aux femmes lors de laquelle 82 (nombre de réalisatrices sélectionnées à Cannes depuis ses débuts) femmes productrices, réalisatrices, actrices, monteuses et scénaristes ont monté les marches pour dénoncer l’inégalité féminine dans l’industrie du septième art, mais aussi la montée des 16 auteures de l’ouvrage collectif "Noire n’est pas mon métier" dénonçant le racisme et le sexisme de la profession. Côté film, le nombre de réalisatrices est en net hausse, notamment en Sélection Officielle avec Nadine Labaki et Alice Rohrwacher, toutes deux récompensées au palmarès. Le festival semble avoir écouté la jurée de l’année précédente, Jessica Chastain (l’actrice avait critiqué la représentation des femmes dans les films présentés) avec des récits plus respectueux des femmes et surtout les mettant en avant de manière réelle et non juste pour leur plastique.

Restons dans la représentation avec celle de la communauté LGBT+. Cette édition cannoise nous a offert de vrais portraits de personnages homosexuels ("Sauvage", "Rafiki", "Plaire, aimer et courir vite", "Un Couteau dans le c½ur") et transgenres ("Girl"), mais aussi des personnages à la sexualité fluide sans jugement ("Climax"). Bref, les choses avancent pour les récits LGBT+ et ce pour notre plus grand plaisir.
L’autre évidence de cette édition : la victoire de la comédie. Quand on évoque le Festival de Cannes, on pense à des films lents, longs et bien sûr dramatiques. Cette année le festival a laissé la part belle à l’humour. Outre le très réussi "Le Grand Bain" de Gilles Lellouche présenté en Hors Compétition de la Sélection Officielle, c’est à la Quinzaine des réalisateurs que le genre a brillé avec "Le Monde est à toi" de Romain Gavras, un film jouissif entre le polar criminel et la comédie loufoque et dans lequel Isabelle Adjani irradie l’écran, et "En Liberté" du toujours aussi doué Pierre Salvadori et où le duo Adèle Haenel / Pio Marmaï prouve l’étendu de son talent comique.

Et que serait le Festival de Cannes sans ses séances chocs et mini-scandales ? Et cette année il n’a pas déçu. Notamment avec le retour du provocateur venu du Danemark, Lars von Trier. Déclaré "persona non grata" depuis sept ans suite à ses déclarations sur Hitler, le réalisateur de "Melancholia" était de retour avec "The House that Jack built". Ce portrait d’un tueur en série incarné à l’écran par Marc Dillon a secoué les spectateurs cannois. Lors de sa présentation une centaine de personnes auraient quitté la salle, dégoûtées par la violence du film. Dommage, car si elles étaient restées jusqu’à la fin, elles auraient comprit la démarche du réalisateur qui était de faire un film sur la nature du mal, certes parfois maladroit, mais souvent captivant et esthétiquement éblouissant. L’autre choc attendu concerne le retour de l’enfant terrible du cinéma français, Gaspar Noé. Présenté à la Quinzaine des réalisateurs son "Climax" est une expérience cinématographique intense qui ne déçoit pas. Dans un autre registre, "Les Chatouilles" a bouleversé beaucoup de spectateurs. Sélectionné à Un Certain Regard, l’adaptation par  Andréa Bescond de sa pièce autobiographique réussit à célébrer la vie tout en évoquant un sujet difficile : la pédophilie. Une oeuvre juste et nécessaire.
Bref, une 71ème édition du Festival de Cannes riche en émotions et moments forts. Bien que certains prédisent son déclin, le festival cannois reste un rendez-vous immanquable pour les cinéphiles avides de découvertes et de rencontres cinématographiques.

Palmarès :

- Palme d’or : "Une Affaire de famille" d’Hirokazu Kore-eda

- Prix du jury : "Capharnaüm" de Nadine Labaki
- Grand Prix : "Blackkkansman" de Spike Lee
- Prix de la mise en scène : Paweł Pawlikowski pour "Cold War"
- Prix d’interprétation masculine : Marcello Fonte pour "Dogman" de Matteo Garrone
- Prix d’interprétation féminine : Samal Yeslyamova pour "Akya" de Sergey Dvortsevoy
- Prix du scénario : "Heureux comme Lazzaro" d’Alice Rohrwacher et "Trois Visages" de Jafar Panahi

- Caméra d’or : "Girl" de Lukas Dhont

- Palme d’or spéciale : Jean-Luc Godard pour "Le Livre d'image"

Et pour finir, retrouvez nos critiques coups de coeur de cette 71ème édition du Festival de Cannes :
- Rafiki
- Sauvage
- Plaire, Aimer et Courir Vite
- Le Grand Bain
- En Liberté !
- Le Monde est à toi
- Un Couteau dans le c½ur
- Solo : A Star Wars Story
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