Critique film
Publié le 16/07/2018 à 11h28 par Floriane
Call Me By Your Name
10 /10

Été 1983. Elio Perlman, 17 ans, passe ses vacances dans la villa du XVIIe siècle que possède sa famille en Italie, à jouer de la musique classique, à lire et à flirter avec son amie Marzia. Son père, éminent professeur spécialiste de la culture gréco-romaine, et sa mère, traductrice, lui ont donné une excellente éducation, et il est proche de ses parents. Sa sophistication et ses talents intellectuels font d'Elio un jeune homme mûr pour son âge, mais il conserve aussi une certaine innocence, en particulier pour ce qui touche à l'amour. Un jour, Oliver, un séduisant Américain qui prépare son doctorat, vient travailler auprès du père d'Elio. Elio et Oliver vont bientôt découvrir l'éveil du désir, au cours d'un été ensoleillé dans la campagne italienne qui changera leur vie à jamais.

Petit phénomène lors de sa sortie salles, "Call Me By Your Name" a bouleversé de nombreux spectateurs et spectatrices. A l'occasion de sa sortie vidéo, retour sur ce film marquant de Luca Guadagnino. En adaptant le livre éponyme d'André Aciman, le réalisateur italien continue son travail sur le désir débuté dans ses précédents films ("Amore" et "A Bigger Splash"). Et bien que "Call Me By Your Name" s'inscrit parfaitement dans l'univers de Guadagnino, le film nous frappe par son innocence, ainsi que son émotion brute.

Lauréat de l'Oscar et du Bafta du Meilleur scénario adapté, le film est construit comme une parenthèse (presque) enchantée où les sentiments de ses héros, Elio et Oliver, sont magnifiés dans l'Italie idyllique des années 80. De leur rencontre à leur séparation inévitable, le film nous fait vivre cette histoire d'amour avec sincérité et surtout avec une sensualité solaire comme en voit que trop peu au cinéma. Luca Guadagnino arrive parfaitement à retranscrire l'érotisme qui se dégageait du livre original, tout en se l'appropriant. Ici, pas de scènes de sexe crues (hormis avec une pêche…), mais une tendresse mêlée à du désir dans chaque plan où le couple est réuni à l'écran. Cette sensualité amoureuse est renforcée par la lumière signée Sayombhu Mukdeeprom. Directeur de la photographie de "Oncle Boonmee (celui qui se souvient de ses vies antérieures)" d'Apichatpong Weerasethakul, Mukdeeprom baigne le récit et ses protagonistes dans une lumière chaleureuse qui donne au film son côté hors du temps.

Mais la vraie force du film est son personnage principal : Elio. Le scénariste James Ivory a réussi à écrire un héros à la fois singulier et emblématique d'une jeunesse frappée par les émois du premier amour. Intellectuel à fleur de peau, le jeune Elio, à qui Timothée Chalamet prête sa silhouette frêle et son talent, nous rappelle la personne que nous étions lors de notre premier amour. Le jeune acteur incarne avec aisance la vulnérabilité mélangée à l'excitation à chaque apparition de l'objet de son désir : Oliver, un américain venu préparer son doctorat auprès de son père. Incarné par Armie Hammer, qui trouve enfin un rôle à la hauteur de son charisme, Oliver est filmé par Guadagnino comme un Adonis irréel. L'alchimie entre Chalamet et Hammer fait des étincelles à l'écran. Chaque regard, chaque geste nous captive jusqu'à son plan final d'une simplicité déconcertante, et pourtant, qui provoque larmes et sanglots, tant il symbolise parfaitement la dévastation de la perte de l'amour.

Citons aussi les personnages des parents d'Elio incarnés par Amira Casar et Michael Stuhlbarg. Véritable anges gardiens de l'histoire d'Ellio et Oliver, le couple reste dans l'ombre, mais n'hésite pas à agir pour aider leur fils dans cette période difficile qu'est l'adolescence. Cette relation complice donne lieu à l'une des plus belles séquences père/fils jamais tournée, celle du discours final du père où la bienveillance de l'homme et la justesse de l'écriture nous laisse sans voix.

Avec "Call Me By Your Name", Luca Guadagnino signe un film lumineux sur l'éveil du désir et le pouvoir dévastateur du premier amour. Un film qui marque par son écriture sans failles et la beauté intemporelle de sa mise en scène. Quand le générique de fin prend la place de Timothée Chalamet à l'écran, on a qu'une envie : retrouver Elio et Oliver. Souhait qui devrait être exaucé, car le cinéaste a déclaré vouloir tourner des suites à son film, un peu à la manière de la trilogie des "Before" de Richard Linklater avec Julie Delpy et Ethan Hawke.

En attendant que le projet se concrétise, on ne peut que vous recommander de découvrir le chef d'œuvre qu'est "Call Me By Your Name".

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