Critique film
Publié le 31/07/2015 à 13h45 par Fred
Ceux Qui Servent en Mer
9 /10

Fleuron de la Marine britannique, le HMS Torrin, est coulé en mer par les Nazis, suite à un Raid aérien. Les rescapés racontent son histoire et leur lutte héroïque contre les éléments et l’ennemi. À travers le récit de ces hommes se battant pour survivre et de leur navire, c’est toute l’Histoire d’une Nation en guerre qui nous est contée.

Film de propagande commandé par le gouvernement pour soutenir l’armée britannique pendant la seconde guerre mondiale, "Ceux qui servent en mer" fait aujourd’hui office de chef d’œuvre oublié (ou tout du moins méconnu). Le célèbre dramaturge Noël Coward va s’impliquer en s’appropriant les postes de scénariste, compositeur, coréalisateur, acteur et producteur sur le projet. Peu enclin à la direction de films et sur les recommandations de Carol Reed, Noël Coward va faire appel David Lean pour un poste d’assistant à la réalisation mais celui exige d’être crédité comme coréalisateur ; "Ceux qui servent en mer" va ainsi devenir sa première réalisation officielle.
Même si il s’agit de son premier poste officiel comme metteur en scène, David Lean n’est pas un débutant et lorsqu’il entame le tournage de "Ceux qui servent en mer", le futur réalisateur de « Lawrence d’Arabie » a déjà une longue carrière de technicien derrière lui. Entre 1930 et 1942, il se bâtit une solide réputation de monteur en travaillant avec des réalisateurs comme Michael Powell ("49eme Parallèle") ou Paul Czinner ("Comme il vous plaira").
Winston Churchill croit en la force du cinéma dans l’effort de guerre pour le soutien aux troupes et le moral de la population britannique, il va commander un certain nombre de projet de films dont « ceux qui servent en mer » va devenir la réussite la plus flagrante.
Véritable héros du métrage, le HMS Torrin est un destroyer britannique qui va être coulé au large des côtes de la crête (l’histoire est inspirée par le naufrage du HMS Kelly qui a sombré en 1941). Le récit va se concentrer sur les quelques survivants accrochés à un bateau pneumatique subissant les assauts de l’aviation ennemie.
Noël Coward va transformer le navire en scène de théâtre et en symbole de la nation. Chaque discours et chaque élément de l'existence des marins affectés au service du HMS Torrin évoque leur passion pour le destroyer, point central de leur vie, la dévotion et l’amour qui est porté au navire transpire dans chaque scène jusqu’à susciter la jalousie des femmes des marin. De la construction jusqu’à sa destruction finale, le HMS Torrin devient la représentation de tout un pays qui se soulève contre la barbarie.
L’expérience théâtrale de Noël Coward associée  à la réalisation de David Lean fait des merveilles, les discours interprétés par le dramaturge (qui s’octroie une part importante dans le film en termes de présence à l’écran) joue à merveille le contrepoint avec les scènes rythmées de la vie en mer ou sur terre des militaires de la marine. Jouant avec une construction complexe, inhabituel dans ce type de cinéma, en flashback (bien souvent imbriqué et non linéaire), le film impose une vision subtile, humaniste et profonde. D’une grande beauté visuelle, versant parfois jusqu’à l’abstraction des formes (particulièrement sur lors de la construction du navire), notamment grâce à un excellent travail sur le noir et blanc de Ronald Neame (futur réalisateur de "L'aventure du Poséidon"). Très contrasté avec des noirs profond lors des passages de batailles en mer, la photographie se fait plus douce et nuancée lors des flashbacks à terre comme pour signifier la dureté de la vie du marin.

Œuvre à la structure narrative complexe et pourtant d’une grande limpidité pour le spectateur, "Ceux qui servant en mer" est bien plus qu’un simple objet de propagande en pleine deuxième guerre mondiale. L’association des talents de David Lean et Noël Coward transforme un simple film de commande en classique instantanée du cinéma britannique des années 40.

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