Critique film
Publié le 28/11/2018 à 16h03 par Kévin Aubin
Frères Ennemis
7 /10

Manuel et Driss ont grandi comme deux frères inséparables dans la même cité. Mais aujourd’hui tout les oppose. Manuel est à la tête d’un trafic de drogue, alors que Driss est devenu flic. Quand celui-ci est promu aux Stups, son retour bouleverse les équilibres et met Manuel en danger.

David Oelhoffen commence par réaliser des courts-métrages avant de se lancer dans la mise en scène de son premier long avec Nos retrouvailles. Le film est notamment présenté à la Semaine de la critique lors du Festival de Cannes 2007. En 2013, il réalise son second film, Loin des hommes, récompensé au Festival du film de la Réunion par l’Orchidée d’Or, soit le Grand Prix du festival.

En 2018, il revient avec le film policier Frères Ennemis. Le réalisateur cherche à s’affranchir des films du même genre pour se concentrer sur ses personnages, qu’ils soient criminels ou flics, ils ont tous une part d’humanité qui les animent au quotidien. C’est sur ce postulat que le film se déroule avec l’envie de proposer autre chose, de s’intéresser aux conflits intimes amicaux et familiaux sur une tonalité dramatique. Ainsi, le spectateur vit avec les personnages, s’y identifie facilement, est en totale immersion dans leur histoire respective. C’est sec, parfois brutal et sans concession comme pour montrer une réalité évidente qui ici est montrée sans artifice. Et c’est ce réalisme qui fait tout le sel du métrage. Là où le bât blesse est dans la scénarisation du récit qui se révèle percutante au départ et qui au fur et à mesure perd de son intensité. Les enjeux dramatiques manquent un peu à l’appel, les dialogues manquent parfois de consistance, les rebondissements sont moindres et l’ensemble finit par être convenu. C’est dommage car on sent une réelle volonté de la part du réalisateur d’imposer sa patte artistique et de sortir des carcans mais à vouloir trop s’axer sur ses personnages il en oublie un peu tout le reste. Résultat, le film accuse quelques baisses de rythme alternant entre des moments intimes excellents et des situations déjà-vues dans le genre. Un métrage en demi-teinte qui manque de peu son coup.

David Oelhoffen est plutôt bon derrière la caméra. La mise en scène saisit parfaitement les moments de tension entre chaque personnage, les décors sont de bonne facture, la photographier use de la lumière naturelle et joue sur les tons froids pour amener une ambiance des plus réalistes et la bande-son accompagne l’état émotionnel des personnages sur un son moderne électro. Une réalisation maîtrisée qui permet quelque peu de pallier aux faiblesses du métrage.

Matthias Schoenaerts compose un criminel plus complexe qu’il n’y paraît et comme toujours l’acteur est très investi. Il porte ce personnage juste comme il faut et prouve une fois de plus son aisance face caméra. Reda Kateb quant à lui compose un flic fuyant ses origines mais contraint de s’y confronter de nouveau. L’acteur impose une fois de plus un jeu naturel qui fait mouche tout le long du film. Les deux acteurs bénéficient de personnages très bien écrits et sont excellents. Les seconds rôles sont nombreux et chacun arrive plus ou moins à sortir son épingle du jeu.

Pour sa nouvelle réalisation, David Oelhoffen signe un film efficace malgré quelques imperfections. L'accentuation sur les personnages faisant tout le sel du métrage. Le tout servi par un duo d'acteurs convaincants.

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