Critique film
Publié le 21/06/2018 à 11h37 par Kévin Aubin
Gueule d'Ange
9 /10

Une jeune femme vit seule avec sa fille de huit ans. Une nuit, après une rencontre en boîte de nuit, la mère décide de partir, laissant son enfant livrée à elle-même.

Vanessa Filho réalise à l'âge de 19 ans un moyen-métrage, Primitifs, puis évolue pendant de nombreuses années dans le milieu musical où elle réalise des clips, des documentaires et est membre du groupe Smoking Smoking. Également photographe, elle finit par revenir à ses premiers amours avec le cinéma.

En 2018, elle signe son premier long-métrage, Gueule d'ange. Drame intimiste, la réalisatrice explore la relation mère-fille de très près et embarque son spectateur dans une histoire forte et riche en émotions. Une histoire qui raconte la vie, celle d'une mère qui abandonne sa fille et de cette fille livrée à elle-même. Ainsi, on suit le parcours de cette mère inconsciente, dépravée par l'alcool mais aimante. Et celle d'une petite fille qui n'a rien demandé d'autre que de vivre simplement et aimer sa mère dans laquelle elle se retrouve. A travers ces deux personnages, la réalisatrice raconte la dépendance, le manque d'amour et le sentiment d'insécurité. Une relation ambiguë où se mêle amour et haine et qui déroule des moments de vie forts et riches d'apprentissage. Le spectateur prenant conscience d'une dure réalité existante mais que l'on ne veut pas voir. Un tourbillon de la vie de deux êtres filmé avec intelligence où l'on ne peut rester indifférent. Un film qui prend son temps pour raconter de petites choses anodines de la vie de cette mère et cette fille mais ô combien révélatrices. Ces choses qui vont font passer des rires aux larmes, du malheur au bonheur, et qui rythment une œuvre sincère et touchante. Une œuvre qui ne tombe pas dans le pathos ou le larmoyant et montre les choses sans fioriture. Et c'est justement cette simplicité dans le propos et dans les images qui parlent à tous. Une grande puissance dramatique et émotionnelle dont on se souvient encore après visionnage.

Vanessa Filho filme cette histoire de manière très personnelle, faisant écho en elle. La mise en scène magnifie ces deux actrices principales, les décors sont représentatifs d'une vie simple et pas toujours facile, la photographie est assez sombre avec des couleurs chaudes très contrastées comme pour renforcer une atmosphère à la fois lourde teintée de légèreté et la bande-son profile des mélodies graves adaptées à toutes les situations du film. Une réalisation efficace révélatrice d'une grande sensibilité.

Marion Cotillard et Ayline Askoy-Etaix portent le film avec force et intensité. D'un côté Marion Cotillard va droit à l'essentiel tout en conscience de son personnage où elle est absolument exceptionnelle. Son jeu d'actrice est vrai, bien mené et on sent qu'elle est très investie comme toujours dans ses rôles. de l'autre, Ayline Askoy-Etaix pour son premier rôle au cinéma est une révélation. De son jeune âge, elle dégage une vérité non dissimulée et imprime au personnage une force et une indépendance déconcertantes. Convaincue et convaincante, la jeune fille a tout d'une grande. Un duo qui fonctionne à merveille et qui est indéniablement l'atout majeur du film. Notons la présence d'Alban Lenoir dans un second rôle intéressant qui ne manque pas de tirer son épingle du jeu à certains moments.

Pour sa première réalisation, Vanessa Filho signe un drame très personnel avec une histoire forte et touchante qui résonne encore en nous après visionnage. Le tout porté par une Marion Cotillard au sommet de son art et une jeune actrice, Ayline Askoy-Etaix, extraordinaire. A voir.

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