Basé sur des événements réels, le film dévoile d’anciennes hypothèses sur le dernier duel judiciaire connu en France - également nommé « Jugement de Dieu » - entre Jean de Carrouges et Jacques Le Gris, deux amis devenus au fil du temps des rivaux acharnés. Carrouges est un chevalier respecté, connu pour sa bravoure et son habileté sur le champ de bataille. Le Gris est un écuyer normand dont l'intelligence et l'éloquence font de lui l'un des nobles les plus admirés de la cour. Lorsque Marguerite, la femme de Carrouges, est violemment agressée par Le Gris - une accusation que ce dernier récuse - elle refuse de garder le silence, n’hésitant pas à dénoncer son agresseur et à s’imposer dans un acte de bravoure et de défi qui met sa vie en danger. L'épreuve de combat qui s'ensuit - un éprouvant duel à mort - place la destinée de chacun d’eux entre les mains de Dieu.
Avant le très bling bling "House of Gucci", Ridley Scott retourne à ses fresques historiques avec "Le Dernier Duel". Une plongée dans le Moyen-Âge des années 1300 qui n’a jamais autant raisonnée avec notre époque. Explication.
Adapté de l’ouvrage universitaire "Le Dernier Duel Paris : 29 décembre 1386" d’Eric Jager, le film relate l’épisode véridique du dernier duel juridique de France, mais aussi, et surtout, le viol de Marguerite de Carrouges.
A l’ouverture du film, nous sommes en terrain familier. On retrouve le souci du détail et la force épique de la mise en scène de Ridley Scott. Mais là où le cinéaste et la scénariste, Nicole Holofcener, aidés par Ben Affleck et Matt Damon, auraient pu se contenter d’un énième film historique, certes bien réalisé, mais déjà vu, ils nous proposent tout autre chose.
Construit autour de l’agression de Marguerite, le film nous présente le points de vue des trois protagonistes : Jean de Carrouges, Jacques Le Gris et Marguerite de Carrouges. Ce procédé scénaristique pourrait faire craindre une certaine répétition assez lourde, mais il n’en n’est rien.
Aidé par une écriture solide, Ridley Scott utilise toute la force de la mise en scène pour jouer de nos perceptions. Et surtout de la perception qu’ont les hommes lors de certaines situations. Par de subtils changements de cadrages, de répliques ou de gestuelles, les scènes prennent un autre sens. C’est là que se trouve la force du film. Le récit balaye intelligemment les problèmes d’égo et de domination de ces hommes d’un autre temps, mais qui ne semblent pas si différents de certains comportements d’aujourd’hui.
Le film n’oublie pas l’ambiguïté de ce genre d’affaires. Mais il ne remet jamais en doute la parole de Marguerite. Si les personnages de Jean de Carrouges et Jacques Le Gris (exceptionnels Matt Damon et Adam Driver), c’est avant tout Marguerite qui fait le film. Interprétée par la brillante Jodie Comer ("Killing Eve"), la dame de Carrouges se révèle sans failles dans sa quête de justice et de vérité. Surtout à une époque où le statut des femmes était plus qu’inexistant. On retrouve avec ce personnage, les portraits de femmes cultes de Ridley Scott à la "Thelma et Louise", ou encore Ripley d’ "Alien".
Le film se termine dans un sommet de tension et de violence avec le fameux duel, dont la construction du film, nous aura permis d’en saisir tous les enjeux.
Avec "Le Dernier Duel", Ridley Scott signe un film historique au message fort et qui ne devrait pas laisser indifférent.
