Critique film
Publié le 03/05/2019 à 11h17 par Camille
Pachamama
8 /10

XVI siècle. Tepulpaï, un petit indien de la Cordillère des Andes et sa meilleure amie Naïra, vivent heureux dans leur village au coeur des montagnes péruviennes. Un jour alors que les villageois célèbrent la terre mère Pachamama, un cortège Inca arrive au village pour prélever l'impôt. "Mais quel gâchis ! Jeter une partie de la récolte, quelle coutume primitive !" Le percepteur inca est furieux car ce qui reste ne suffit pas à honorer l'impôt. En guise de punition, et au nom d'Inti le Dieu Soleil, il décide d'emporter la Huaca sacrée du village pour l'offrir au Grand Inca. Pour Tepulpaï, c'est l'occasion de montrer enfin ce dont il est capable ! Secrètement, il quitte le village et se lance à la recherche de l'idole pour sauver son peuple.

Le film "Pachamama" nous immerge dans le monde de Tepulpaï et Naïra, deux enfants Péruviens vivant dans un petit village de la cordillère des Andes. C’est à l’aube d’une cérémonie les faisant passer à l’âge adulte que nous les découvrons se préparant pour le rituel du village.
Le jeune garçon Tepulpaï rêve d’être Shaman et de devenir ainsi le messager du grand condor à qui il voue une fascination.

Ce film d’animation est un joli conte éducatif destiné aux petits et aux grands. Pour rentrer dans l’âge adulte, les deux enfants doivent se séparer de leur possession la plus chère et en faire cadeau à Pachamama (la Terre-Mère dans la genèse Andine) afin qu’elle continue à protéger et fertiliser les terres. Cette première étape dans la vie d’adulte est très symbolique et éducative puisqu’elle apprend aux enfants à partager et s’investir dans le futur du village.
Pas seulement éducatif le film est aussi une ode à la nature : sa beauté, sa nécessité et sa conservation par le respect. Bref c’est un sujet très actuel.

Les Incas bousculent ce paisible équilibre en venant chercher les impôts pour le Grand Incas, fils du soleil. Ils sont l’esprit même de l’avarice lorsqu’ils volent la Huaca : l’idole liée à Pachamama et qui protège le village.
C’est alors que Naïra et Tepulpaï se lancent dans un voyage initiatique qui les fera grandir et décident d’aller eux-mêmes à Cuzco pour demander au Grand Inca de leur rendre ce qui a été volé. Mais sur la route ils apprennent qu’une nouvelle menace les guette: des hommes de fer venant par la mer (les Espagnols).
Ce voyage est pédagogique à la fois pour nos deux petits héros et pour le spectateur. Nous pouvons apprécier complètement les aventures des deux enfants car le film ne se fait jamais donneur de leçons mais plutôt dans le même esprit que Pachamama, partage avec nous sa vision.

L’un des points les plus réussis du film est son esthétique travaillée et soignée. Le travail des couleurs est impressionnant car malgré l’utilisation d’une palette vive, les coloristes ont réussi à créer une douce unité. Il en est de même pour le dessin qui est fascinant. Le choix de créer des spécificités pour chaque peuple est réussi: paysages et et personnages en courbes pour les Péruviens, visages et architectures anguleux pour les Incas mais toujours avec du volume. Alors que les conquistadors eux sont très plats et carrés comme des cartes à jouer animées ! Ce mélange d’identités visuelles est harmonieux et nous permet d’admirer différentes techniques d’animation.

Nous ne pouvons pas parler de l’esthétique sans mentionner l’univers sonore et musical du film qui est lui aussi porteur d’une vraie identité. La flûte de Pan pleine de nuances trouve son équilibre et ponctue les rebondissements de la fable. Sans parler de la chanson du générique finale (Somos La Nueva Tierra) composée par Pierre Hamon et interprétée par Ananda Brandão qui est magnifique.

Le travail de recherche du réalisateur : Juan Antin, et celui de la créatrice graphique María Hellemeyer impressionne par sa précision et donne à cet univers une identité et un rendu incroyable .
Ce film est un vrai bijou d’animation et l’histoire d’une simplicité sans aucune arrogance rend le discours écologique d’autant plus efficace. La leçon est simple : Les enfants sont la clé de l’avenir. Il faut savoir agir petit pour de grands résultats et prendre soin de la terre pour qu’elle donne en retour. L’harmonie est le maître mot à la fois de la réalisation et de le l’histoire.

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