Critique film
Publié le 07/01/2019 à 15h49 par Kévin Aubin
Pupille
9,5 /10

Théo est remis à l'adoption par sa mère biologique le jour de sa naissance. C'est un accouchement sous X. La mère à deux mois pour revenir sur sa décision...ou pas. Les services de l'aide sociale à l'enfance et le service adoption se mettent en mouvement. Les uns doivent s'occuper du bébé, le porter (au sens plein du terme) dans ce temps suspendu, cette phase d'incertitude. Les autres doivent trouver celle qui deviendra sa mère adoptante. Elle s'appelle Alice et cela fait dix ans qu'elle se bat pour avoir un enfant. PUPILLE est l'histoire de la rencontre entre Alice, 41 ans, et Théo, trois mois.

Jeanne Herry, fille de Julien Clerc et Miou-Miou, se forme au théâtre et joue pour la télévision et le cinéma dans de petits rôles. Elle joue également au théâtre et est l'auteur d'un roman, 80 étés. Elle réalise son premier long-métrage en 2014 avec "Elle l'adore".

En 2018, elle revient avec le drame "Pupille". Si le titre "Pupille" évoque bien sûr un enfant placé sous la responsabilité de l'État, il renvoie également au regard, celui qu'en tant que spectateur on va porter avec attention. L'histoire se penche sur l'adoption et plus précisément sur la période où l'enfant est remis à l'adoption, sujet peu traité au cinéma. La réalisatrice déroule avec cette histoire une très belle réflexion sur la vie, celle qui n'est pas tracée d'avance et qu'on ne connaît pas forcément. Ainsi, le spectateur accueille, vit, se questionne sur cette histoire ancrée dans la réalité où la réalisatrice a le souci du détail et ne laisse rien au hasard. Au-delà du simple parcours d'adoption, des sous-intrigues différentes jonchent et rythment le film avec intérêt. On y voit le travail du personnel soignant, celui de l'Etat par le biais des accompagnants, mais aussi les adoptants. Toutes les personnes qui interviennent de près ou de loin dans le processus d'adoption sont donc montrées et cela permet au spectateur de se rendre compte de la réalité d'un tel processus. Le film profile un rythme assez lancinant qui pend le temps de tout expliquer et émeut dans ses scènes intimes riches en émotion. Une oeuvre intelligente et bouleversante qui traite d'un excellent sujet.

Jeanne Herry prend à c½ur le sujet qu'elle filme et signe une très belle réalisation. La mise en scène clinique profite aux acteurs, les décors sont de bonne facture, la photographie laisse la lumière naturelle mettre en valeur chaque plan et use de couleurs pâles avec des tonalités froides et la bande-son est très mélodieuse.

Sandrine Kiberlain retrouve la réalisatrice et campe une éducatrice spécialisée au fort tempérament mais au c½ur fragile. Comme d'habitude, elle porte son rôle à bras le corps et s'y investit pleinement. Gilles Lellouche est là où ne l'attend pas dans le rôle d'un assistant familial aimant son travail et au c½ur tendre. L'acteur est très touchant et signe une belle performance. Mais c'est Elodie Bouchez que l'on prend plaisir à voir et surtout à retrouver au cinéma dans un très beau rôle. Avec un naturel évident, elle émeut autant qu'elle convainc à chacune de ses apparitions. Un certain nombre de seconds rôle vient compléter le casting et le moins que l'on puisse dire c'est que tous apportent leur pierre à l'édifice avec des personnages bien écrits et intéressants à suivre.

Pour sa nouvelle réalisation, Jeanne Herry signe un très beau film, vérace au sujet fort intéressant. De l'émotion à l'état brut qui embarque le spectateur tout du long pour une belle leçon de vie au cinéma. Le tout porté par un casting remarquable.

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