Critique film
Publié le 13/09/2023 à 12h00 par Pikminouchon
Super Mario Bros, le film
8 /10

Alors qu’ils tentent de réparer une canalisation souterraine, Mario et son frère Luigi, tous deux plombiers, se retrouvent plongés dans un nouvel univers féerique à travers un mystérieux conduit. Mais lorsque les deux frères sont séparés, Mario s’engage dans une aventure trépidante pour retrouver Luigi. Dans sa quête, il peut compter sur l’aide du champignon Toad, habitant du Royaume Champignon, et les conseils avisés, en matière de techniques de combat, de la Princesse Peach, guerrière déterminée à la tête du Royaume. C’est ainsi que Mario réussit à mobiliser ses propres forces pour aller au bout de sa mission.

Dire que la version cinématographique des aventures de notre plombier moustachu préféré était attendu (au tournant !) est un euphémisme ! Il faut bien avouer que les échecs des adaptations vidéo-ludiques sont la norme, à quelques rares exceptions près. Et on se souvient de l'infâme "Super Mario" avec Bob Hoskins en 1993 : tout ce qu'il ne fallait pas faire, condensé dans une coûteuse boursoufflure, classée depuis parmi les plus mauvais films de tous les temps. Rien que ça !

Pour ce projet de longue haleine, le studio Illumination ("les Minions", "Tous en scène", "Moi Moche et Méchant"...) a été épaulé par toute l'équipe de Nintendo et Shigeru Miyamoto en particulier. La tête pensante de Nintendo (et accessoirement papa de Mario...) ne s'occupe plus de la création de jeux depuis quelques années : l'ambition de Nintendo est de devenir un mastodonte de l'Entertainment et de chatouiller Disney. Pour cela, en plus des jeux vidéos, le "petit artisan japonais" a déployé une véritable tactique commerciale : développer le merchandising et le licensing (enfin !), les boutiques exclusives (à New-York, Tokyo et Osaka), les parcs à Thème (en collaboration avec Universal, et pas Disney, tiens tiens...) et, pour finir, le cinéma. L'objectif est clair : décupler l'audience, ratisser large et profiter de son fabuleux catalogue d'IP pour l'instant limité aux seuls geeks. C'est sa figure de proue qui ouvre le bal, la plus connue, la plus iconique : Mario !

On pourrait croire la tâche aisée, le risque minime. Erreur. Les fanboys sont au taquet, les trolls en embuscade. Miyamoto n'a pas le droit à l'erreur et s'il sait tout des arcanes vidéo-ludiques, il ne sait rien de la cinématographie et de ses codes. Certes, de timides essais ont été faits à petite échelle il y a quelques années avec les courts-métrages Pikmin, mais l'ambition était modeste et la distribution quasi-confidentielle. En s'attaquant de front à Disney et Pixar, il fallait s'entourer d'un bon studio et Illumination fait le taf. Ce n'est certes pas le meilleur ou le plus primé, mais les succès publics (à défaut de critiques...) sont nombreux et certains de leurs personnages sont devenus extrêmement célèbres (les minions, pour ne pas les citer...).

Toute ces précisions pour remettre les enjeux de cette production dans son contexte : sous prétexte de se la jouer cool, Nintendo joue gros avec cette première réalisation mais a eu l'intelligence de faire appel à des pros qui connaissent les codes d'Hollywood et les attentes du public.

Autant être direct, le film Super Mario fait exactement ce qu'on attend de lui : il divertit, au sens noble du terme, en nous emportant dans un univers coloré et fantaisiste. Le scénario est simple, voire simpliste : Bowser, le rival tout en pointes et en dents de Mario, veut épouser la princesse Peach et est prêt à détruire le royaume Champignon pour parvenir à ses fins. De son côté, Mario, petit plombier médiocre de New Donk City, se voit propulsé avec son frangin Luigi dans un monde parallèle dont il ne sait rien. Et cela tombe plutôt bien : comme il s'agit de convertir un nouveau public à sa cause, ça va être l'occasion de tout expliquer. Tout y passe : les sauts, les power-ups, la mythologie, le bestiaire... C'est un véritable catalogue de l'univers Mario qu'il a fallu ici condenser, compresser. Fatalement, il y a des oublis... et heureusement car, sinon, le plat serait très indigeste.

Au passage, Miyamoto et son co-directeur, Chris Meledandri, ont souhaité apporter leur pierre à l'édifice en étoffant le lore de Mario : attendez-vous à rencontrer toute sa petite famille, italienne de souche bien entendu ! Des personnages finalement assez anecdotiques (à part le papa de Mario et Luigi que les fans d'un célèbre Kokiri auront reconnu !), mais l'intention est louable : ça, au moins, les fans ne s'y attendaient pas ! Ce ne seront pas les seules surprises : le film de Mario Bros est littéralement truffé d'easter eggs, relatifs à l'univers de Mario et à Nintendo lui-même ! Il est évident que le gamer qui a goupillé chaque épisode de la série se fera un plaisir de laisser son regard décortiquer chaque détail, chaque affiche publicitaire, chaque poster... Le film est blindé de références aux divers opus du plombier moustachu. Il ne manque que Dr Mario ! Mieux, Nintendo ne perd jamais une occasion de citer son glorieux héritage : Duck Hunt, Wrecking Crew, Punch Out... Les vieux jeux de la NES s'incrustent durant les 20 premières minutes du film, pour notre plus grand plaisir. A l'inverse, rien sur "Metroid", "Pikmin" ou "Splatoon" : les licences "modernes" sont éclipsées ou presque (il y a toutefois un Arwing dans la chambre de Mario !)... C'est bien simple : de mémoire de cinéphile, on n'a pas vu un tel festival de clins d'œil (à condition d'en avoir les codes !) depuis Roger Rabbit en 1988, c'est dire !
Pourtant, si vous ne connaissez rien à l'univers de Mario ou de Nintendo, soyons clair : Super Mario le Film s'apparente à une énième production pour les kids, son scénario basique ne l'aidant pas. Mais il faut bien avouer qu'il ne ménage pas ses efforts pour rendre hommage au matériau d'origine, celui qui a bercé l'imaginaire de tant d'enfants devenus aujourd'hui adultes. Rien que pour cela, il est probable que vous ayez le smile une grande partie de la projection...

Côté réalisation, si Illumination n'est pas Pixar, il faut admettre que le film est très beau et bien rythmé : il s'articule autour de séquences distinctes que l'on ne spoilera pas ici. Si l'ensemble est un peu académique (il ne faut pas perdre le jeune public !), il faut reconnaître que les artistes ont eu beaucoup de chance de collaborer avec les créatifs de Nintendo. La bande son n'est pas en reste : l'OST de Brian Tyler aurait pu sombrer dans la citation permanente et assommante, mais il n'en est rien. Le film a son propre thème et il est discrètement émaillé de références subtiles aux plus belles BGM des divers jeux Mario. Le légendaire compositeur Koji Kondo lui-même a veillé au grain et cela se sent...

De leur côté, certains personnages sont très réussis et surprennent là où on ne les attendait pas : Bowser (doublé par Jack Black en VO) a clairement bénéficié du grain de folie de l'acteur américain qui s'est visiblement beaucoup amusé ! Quant à la princesse Peach, ce n'est plus la potiche empotée des jeux : elle prend son destin en main et éclipse même Mario une grande partie du film. Les temps changent... Reste Luigi, le pleutre frangin : il a droit à un développement particulier qui lorgne ostensiblement vers "Luigi's Mansion". C'est assez réussi et on demanderait presque un spin-off dédié.
On appréciera aussi l'absence du sidekick insupportable, celui qui pète ou rote constamment pour amuser le jeune public, ou gesticule en permanence dans un tourbillon épileptique : un très bon point dans un film de cette catégorie.

Une dernière précision concernant le doublage français qui avait marqué les esprits lors des trailers : la version définitive confirme un travail de qualité. On remercie Universal de ne pas avoir cédé aux sirènes de la facilité en convoquant de vulgaires youtubeurs ou des acteurs à la mode, au casting vocal. On espère que tout ce beau monde rempilera dans une inévitable suite...

Car il est certain que la machine (à cash) est lancée : "Super Mario Bros, le film" est une réussite sur le plan artistique et sans doute une des toutes meilleures adaptations vidéo-ludiques. Malgré un format un peu court de 1h32, il pose les bases d'un nouvel univers, dont l'efficacité n'est pas à prouver. Des pistes sont suggérées pour des développements futurs (on voit la carte du Royaume Champignon et les promesses de nouveaux horizons...) sans compter la réjouissante scène post-générique et son invité de marque. Les gamers se régaleront, les haters détesteront : choisissez votre camp !

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