Critique film
Publié le 30/04/2019 à 14h31 par Kévin Aubin
Un Amour Impossible
7 /10

À la fin des années 50 à Châteauroux, Rachel, modeste employée de bureau, rencontre Philippe, brillant jeune homme issu d'une famille bourgeoise. De cette liaison passionnelle mais brève naîtra une petite fille, Chantal. Philippe refuse de se marier en dehors de sa classe sociale. Rachel devra élever sa fille seule. Peu importe, pour elle Chantal est son grand bonheur, c'est pourquoi elle se bat pour qu'à défaut de l'élever, Philippe lui donne son nom. Une bataille de plus de dix ans qui finira par briser sa vie et celle de sa fille.

Catherine Corsini monte à Paris dès l'âge de 18 ans pour devenir comédienne mais elle se découvre une passion pour l'écriture et devient scénariste tout en réalisant quelques courts métrages en en travaillant pour le théâtre. Elle signe son premier long-métrage en 1987 avec Poker. Elle travaille ensuite pour le petit écran, réalisant notamment le très remarqué Interdit d'amour. En 1994, son second film, Les Amoureux, est présenté à Cannes dans la section Cinémas en France. S'en suivent plusieurs réalisations qui ont la particularité de mettre en avant de beaux personnages de femmes.

En 2018, elle revient avec le drame Un Amour impossible, tiré du roman éponyme de Christine Angot paru en 2015. Adapter un tel roman n'est chose aisée et le moins que l'on puisse dire c'est que la réalisatrice s'y atèle avec intérêt. Dès les premières minutes, le ton est donné, le film est raconté par le biais d'une narratrice en voix off et immerge le spectateur dans une histoire romantique lourde de sens. La première partie du métrage se déroulant dans les années 50/60 est très belle, hors du temps, et profile une romance idyllique même si compliquée. Le spectateur apprend à découvrir cet amour qui unit Rachel et Philippe pour le meilleur mais aussi pour le pire. C'est la seconde partie du métrage qui traite du pire comme le viol, l'inceste ou encore le pervers narcissique et amène le spectateur à la réflexion. D'ailleurs cette partie arrive brusquement et défile sur plusieurs années en montrant l'impact des des actes de chacun des personnages. Il y a un déséquilibre entre ces deux parties, certes volontaire, mais où les cassures de rythme et certaines facilités viennent gâcher l'ensemble. Tout le long du film, plusieurs sujets contemporains sont abordés : celui de la famille, de la place et de l'émancipation des femmes, des rapports de classes sociales, de l'adolescence... Mais celui qui sert de fil conducteur reste l'amour épris et l'emprise de Rachel sur Philippe. Dans ce film, chacun peut y retrouver un morceau de soi, car il fait écho à des choses universelles. Malgré tout, on reste parfois en retrait de ce qui se passe.

Catherine Corsini livre une belle réalisation tout en finesse mais pas exempt de maladresses. La mise en scène met parfaitement en avant les acteurs même si elle accuse un classicisme parfois trop appuyé, les décors entre ville et campagne sont bien choisis, la photographie s'adapte aux années qui traversent le film en étant très lumineuse avec un grain d'époque pour ensuite virer sur la lumière naturelle, ce qui renforce la véracité du récit, et la bande-son est sublime.

Virginie Efira est Rachel et bénéficie d'un rôle d'une telle ampleur que l'actrice ne pouvait le refuser. Rachel est quelqu'un d'intelligent et qui possède une dimension très concrète, comme Virginie. Elle trouve un rôle à sa hauteur où elle excelle et brille sur chaque plan. Une fois encore, elle prouve que le cinéma français peut compter sur elle et qu'elle n'en a pas fini avec lui. C'est le jeune acteur Niels Schneider qui l'accompagne et le moins que l'on puisse dire c'est qu'il est pleinement investi. Il campe un pervers narcissique ambigu où le mal se cache derrière sa beauté et le compose avec une justesse incroyable. A l'écran, le duo d'acteurs est formidable. N'oublions pas le rôle de Chantal, campé par quatre actrices à différents âges où chacune d'entre elles étonne voire n'a rien à envier aux autres acteurs plus expérimentés.

Pour sa nouvelle réalisation, Catherine Corsini signe un drame à la fois dur et sincère, tendre et amère, aux propos criant de vérité. Si l'ensemble du film n'est pas toujours à la hauteur et manque parfois son coup, il n'en demeure pas moins un moment de cinéma fort qui ne laisse pas indifférent. Le tout servi par une Virginie Efira au sommet de son art et un Niels Schneider au jeu qui sonne toujours juste.

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