La super-héroïne Jessica Jones s'est reconvertie en détective privé. Hantée par un événement traumatisant de son passé, elle se cache à New York et se contente de sordides affaires d'adultère. Une nouvelle enquête va faire resurgir de vieux démons...
En 2015 débarquait sur Netflix une héroïne pas comme les autres. Avec ses répliques grinçantes, son penchant pour l’alcool, son attitude à la fois cool et désinvolte, "Jessica Jones" frappait fort dans le petit monde des adaptations de comics. Crée en 2001 par Brian Michael Bendis et Michael Gaydos, cette anti-héroïne marque les esprits par sa dimension plus humaine que ses super collègues, Captain America & Cie. A sa sortie sa transposition à l'écran par Melissa Rosenberg ("Dexter") rencontre un grand succès public et critique au point de devenir un petit phénomène.
Deux ans et demi plus tard, la détective la plus bad ass du petit écran revient avec une saison 2 plus personnelle et plus sombre. Alors que la première saison s’attaquait frontalement au PTSD de son héroïne, ces 13 nouveaux épisodes creusent le passé et les motivations de l'ensemble de ses personnages.
Cette nouvelle saison continue l'exploration de la psyché de Jessica (formidable Krysten Ritter) en se focalisant sur ses origines, notamment en levant le voile sur le secret de ses pouvoirs et de sa famille. L’irruption de cette figure familiale va chambouler Jessica dans ses retranchements, mais aussi accentuer ses peurs concernant ses pulsions violentes. Loin d’être parfaite dans ses décisions (comme tous les personnages cette saison), la détective continue à passionner par sa complexité la rendant toujours plus humaine et émouvante. L’autre protagoniste important de cette saison est Trish Walker (Rachael Taylor). La storyline concernant la meilleure amie/soeur de la détective peut en dérouter certains par son apparente stupidité, mais elle est nécessaire pour le futur du personnage (et de son alter-ego…) et compréhensible vu son passé. Par sa sincérité complexe, la relation entre les deux jeunes femmes est d’ailleurs le coeur du show. Elle est ce que l’on a vu de mieux à l’écran en matière d'amitié féminine depuis longtemps. Les autres personnages ont eux aussi le droit à des sous intrigues plus développées, comme celle de Jeri (Carrie-Anne Moss) toujours aussi manipulatrice, mais plus attachante, ainsi que le combat de Malcolm (Eka Darville) avec son addiction.
Niveau scénario, "Jessica Jones" peut se vanter de son écriture féministe tout en subtilité. En plus d’avoir confié la réalisation de tous ses épisodes à des femmes, la série aborde des sujets forts, comme le harcèlement sexuel (et ce bien avant l’affaire Weinstein), les relations mère/fille difficiles, le traitement des femmes dans la société, etc. Avec ses scénarios au féminin "Jessica Jones" démonte les clichés liés à ces personnages de manière efficace et ça fait du bien !
Côté ambiance, on retrouve l’atmosphère film noir jazzy teinté de violence de la saison 1. Et bien que la violence physique soit présente, c’est celle psychologique qui intéresse les scénaristes. Et c'est cette approche qui donne à la série ce ton si unique.
Mais le gros problème de cette saison est son antagoniste, dont on cachera ici l’identité… Il était évident qu'il serait difficile de faire mieux que le fascinant Killgrave (David Tennant). Le choix de piocher dans le passé familial de Jessica pour trouver le nouveau vilain était intéressant, mais il se révèle bien fade et manquant cruellement de charisme pour marquer. Cependant l’ajout d’un autre vilain, le docteur Karl Malus, (un savant fou des comics Marvel) permet à la série d’aborder de manière plutôt réussie le harcèlement sous un angle différent.
Passant du drame psychologique au film noir avec des touches de romance, la saison 2 de "Jessica Jones" confirme son statut de série passionnante préférant l'intime au spectaculaire. Et avec tout ce qu'elle installe dans son season final on a hâte de retrouver la détective pour une saison 3.