Top of the Lake explore les enquêtes de la détective Robin Griffin, spécialisée dans les crimes et les agressions sexuelles. Des enquêtes délicates qui l'amènent sans cesse à tester ses limites et ses propres émotions.
En 2013 débarquait sur les écrans une série pas comme les autres créée par Jane Campion et Gerard Lee : "Top of the Lake". Baignée dans une Nouvelle-Zélande à la fois magnifiée et glauque, les sept épisodes nous plongeaient dans une sombre enquête sur les tréfonds de ce pays lointain. Quatre ans plus tard la saison 2 (qui a eu les honneurs d'être présentée au dernier Festival de Cannes) change de décor, mais pas de qualité.
"Top of the Lake" réussit un savant mélange des genres qui lui permet de mieux explorer certaines thématiques. Comme la parentalité et la filiation avec la rencontre de Robin avec sa fille adolescente, le harcèlement sexuel que subit la détective par d'anciens et nouveaux collègues, mais aussi l'exploitation des femmes asiatiques par les occidentaux. Cette saison arrive à passer avec brio du polar urbain violent au drame psychologique en passant par la comédie.
On pourrait reprocher l'abandon du décor naturaliste et poisseux néo-zélandais de la première saison, mais la délocalisation à Sydney, Australie (la ville natale de Robin), permet à la série d'approcher une atmosphère moins oppressante et d'aborder une mise en scène différente jouant sur les lieux de la ville. Et bien que la cinéaste prouve son talent pour des scènes intenses (impressionnante scène de traque sur une plage bondée), elle n'oublie pas son style contemplatif où l'émotion nait d'un simple plan de son actrice sirotant une bière au bord de la mer.
L'œuvre de Jane Campion nous a habitués à des personnages féminins originaux en marge de la société. C'est pourquoi, il n'est pas étonnant de retrouver les femmes au centre de son incursion sur le petit écran. Mais le format sériel lui permet d'approfondir encore plus ses personnages. Résultat ? Une série qui démonte les clichés sur les femmes à l'écran et qui n'abandonne jamais leurs psychologies au profit de l'intrigue.
Dans "Top of the Lake", elle met en avant des femmes complexes et torturées. Elle joue avec les codes du buddy cop (genre policier souvent réservé aux hommes) avec son duo de femmes flics. Elle nous montre des femmes non photoshopées à la diversité et au naturel rafraîchissants. Et surtout, elle écrit avec une justesse exemplaire la détective Robin Griffin (impériale Elizabeth Moss). Une femme forte naviguant sans cesse dans une zone grise, la rendant passionnante, réaliste et touchante. Campion l'entoure de personnages non moins passionnants. Miranda, la jeune flic au physique hors normes interprétée par Gwendoline Christie, la Brienne de "Game of Thrones". Une mère féministe, drôle et manipulatrice jouée par une Nicole Kidman incroyable ou encore une adolescente paumée (Alice Englert) essayant de se construire malgré un environnement hostile.
On sent que ce sont ces personnages qui intéressent vraiment la réalisatrice. L'enquête de cette saison, bien que minutieuse et intelligente, est reléguée au second plan pour mieux se concentrer sur Robin et son entourage.
L'attente aura été longue pour retrouver "Top of the Lake", mais on ressort de cette saison avec un sentiment de quasi-perfection tant Jane Campion s'emploie à nous montrer des personnages écrits avec passion et originalité. Bref, cette deuxième saison est une réussite !