Test jeu vidéo
Publié le 25/07/2025 à 12:38 par Pikminouchon

Death Stranding 2 : On The Beach

Affiche
8,5 /10
ACTION - AVENTURE
Hideo Kojima n'a plus rien à prouver : c'est aujourd'hui un auteur sans équivalent dans l'industrie vidéo-ludique, capable de s'exprimer librement dans des super-productions, de créer des univers mémorables et uniques, de rassembler sur son seul nom une équipe talentueuse et dévouée. Surtout, dans un business aussi formaté et commercialement frileux, il est toujours incroyable de le voir développer des jeux aussi atypiques, identifiables au premier coup d'oeil.

"Death Stranding 2" est donc la suite directe de l'ovni prophétique sorti en 2019, juste avant la crise du Covid et ses interminables confinements... Death Stranding narrait l'épopée du livreur Sam Porter Bridges (incarné par Norman « cheveux gras » Reedus) et son acharnement à reconnecter ce qui était autrefois les Etats-Unis d'Amérique dans un élan fou et solitaire. A l'époque, le jeu avait été critiqué pour son rythme lent, limite contemplatif, où il fallait fuir les rares combats : son héros vulnérable était écrasé par une nature hostile où les rares étincelles d'humanité faisaient littéralement office de fil conducteur. Kojima oblige, les personnages se révelaient attachants, singuliers et l'histoire ne manquait ni de surprises, ni de rebondissements, à condition d'apprécier un discours post-apocalyptique et un contexte cyber-technologique unique en son genre, typique de son créateur.
Après une version "Director's cut" destinée à gommer les principales critiques de gameplay et la lenteur de l'exploration, Kojima Productions nous livre donc la suite directe des (més)aventures de Sam Porter et de son "simulateur de marche"...

Dans l'ensemble, le concept et le gameplay sont exactement identiques au premier épisode et, si vous n'avez pas aimé cette simulation de quêtes Fed-Ex à l'époque, il serait raisonnable de penser que vous n'aimerez pas celle-ci non plus, le Mexique puis l'Australie remplaçant habilement les USA. Sauf que Kojima et ses équipes ont bien planché sur la question, histoire de convaincre les réfractaires de la première heure : contrairement au jeu fondateur, l'entrée en matière est clairement mieux rythmée, toujours appuyée par une bande son parfaitement en accord avec la sobriété éclatante d'un décor minéral bluffant de réalisme. Rapidement, on comprend aussi que les combats reprennent ici du poil de la bête, Sam obtenant un arsenal complet et éclectique, plus ou moins létal suivant votre appétence pour la furtivité... Il est certain que "Death Stranding 2" fait la synthèse de ce que Kojima a fait de mieux par le passé, avec des clins d'oeil très appuyés à "Metal Gear Solid" (en particulier lors des phases d'infiltration, très maîtrisées, proposant un level design abouti).
Dans les grandes lignes, il faut aider Sam à relier un point A à un point B, livrer dans des bases relais toutes sortes d'objets entassés sur son dos, collecter du matériel, ramasser du chiralium, etc... Il faudra désormais aussi éviter des tremblements de terre, des inondations ou cette terrible pluie qui corrompt les corps et les objets : la Terre, depuis ce cataclysme qu'est le Death Stranding, est devenue hostile et imprévisible. Et il faut compter enfin sur les échoués, ces créatures invisibles, revenues d'entre les morts, dans des affrontements d'anthologie. On ne s'étonnera pas non plus, lors de la préparation de chaque expédition, de devoir envisager des détours, afin d'éviter des caches de bandits ou une topographie trop périlleuse... "Death Stranding 2", c'est une suite de missions déguisées, qui vous emmènent à chaque fois dans un périple différent, le tout intégré dans un savant monde ouvert, où la nature sauvage est reine !

C'est aussi une histoire complexe et nébuleuse, abordant des thèmes universels comme l'amour, l'amitié, la parentalité (adorable bébé Lou !), la résilience... Kojima n'hésite jamais à aborder les questions qui fâchent, plus politiques ou technologiques : sans surprise, "Death Stranding 2" n'échappe donc pas à des interrogations d'ordre économiques, historiques ou philosophiques. Le joueur appréciera... ou pas. Difficile en tout cas de ne pas y voir un point de vue très personnel du créateur japonais sur les problèmes de notre époque tourmentée, post covid.

Contrairement au premier opus, Sam est très vite entouré par toute une bande de potes et le joueur se sent bien moins isolé ou solitaire ! Certains sont bien connus comme Fragile (toujours incarnée par Léa Seydoux), d'autres complètement nouveaux (mention spéciale à Rainy). Mieux, ils sont rapidement réunis dans une sorte de vaisseau amiral, avec à sa tête un étonnant capitaine, Tarman (le réalisateur George Miller, en personne !) : le Magellan fait partie des améliorations notables qu'apporte cette suite. C'est bien entendu une base où Sam peut se ressourcer (et se débarbouiller !), un moyen de transport, de livraison et... de téléportation. Un véritable couteau-suisse destiné à simplifier la vie du joueur et à enrichir le gameplay en le rendant toujours plus souple, plus rapide, plus accessible.
On retrouve bien entendu les bonnes idées de la franchise, comme la construction d'équipement à la volée (avec la collaboration en ligne entre tous les joueurs connectés...), le système de Like, etc... Le travail de Sam est noté, à chaque livraison, et il n'est pas rare d'obtenir un nouvel équipement ou accessoire quand le client est particulièrement satisfait : cela favorise la motivation du joueur, plus enclin à remplir des quêtes secondaires dans l'espoir d'obtenir un pistolet anesthésiant, par exemple. Dans le même ordre d'idée, il existe un arbre de compétences à explorer, offrant à Sam toujours plus de résistance, de résilience : ce ne sera pas du luxe si vous compter porter davantage de poids (attention à bien l'équilibrer sur vos épaules !) ou vous frotter à des bandits et autres échoués...
Sachez également que vous ne ferez pas tout à pied, contrairement au premier Death Stranding : assez rapidement dans l'aventure, vous pourrez opter pour un déplacement en camion ou à moto, bien pratique pour gagner du temps ou parcourir plus de distance. Si on ajoute à cela un monorail et autres gadgets, on peut dire que Kojima donne au joueur toutes les cartes pour qu'il puisse varier les plaisirs et connecter plus aisément un territoire aussi gigantesque que dangereux.

Techniquement, on est dans le très haut du panier avec cette suite : le moteur Decima, élaboré en coopération avec le studio Guerilla (la série Horizon...), fait toujours des merveilles ! Les panoramas sont splendides, les détails complètement fous, les textures aussi. La nature, souvent minérale, est magnifiquement représentée et on s'arrête bien souvent sur notre itinéraire pour admirer l'ensemble... ou pour prendre une photo.
Quant aux personnages, ils sont ultra réalistes, animés et modélisés à la perfection : pas de doute, avec leur style si particulier (Dollman, on en parle ?), ils incarnent à eux seuls l'identité si particulière de cette franchise.
Côté sonore, si le doublage français ne nous a pas du tout convaincu (rabattez-vous sur l'excellente version originale !), la bande son exceptionnelle portée par le frenchy Woodkid mettra tout le monde d'accord : des morceaux oniriques, parfois étranges, mais toujours en accord avec le contexte.

En parallèle, la jouabilité de "Death Stranding 2" est particulièrement complète, destinée à s'adapter au style de jeu du joueur, balançant avec élégance entre exploration, construction, infiltration et combat. Il faut certes toujours jongler avec des menus un peu trop complexes ou trop riches en informations (la carte en déborde !), mais on finit par s'y faire même si tout n'est pas rose et, parfois, inutilement complexe. Hideo Kojima a tout de même souhaité épurer l'interface sans pour autant rogner sur une évidente richesse dans les possibilités offertes. Sachez enfin, qu'un système de corpus amalgame toutes les données cryptiques du jeu et de son univers et que le programme vous rappelle, régulièrement, comment jouer ou aborder les missions...

"Death Stranding 2" fait donc dans la continuité et ne change absolument pas le concept unique instauré par le jeu de 2019. Kojima Productions a simplement revu les problèmes de rythme, même s'il faut en passer par les 5 premières heures faisant office de gros tutorial avant d'être lâché dans le bush australien et de passer aux choses sérieuses.
Avec son univers onirique où la frontière entre les morts et les vivants a été abolie, son casting improbable fait de stars du ciné recyclées (tous les potos de Kojima sont là !), son gameplay qui compile le travail de son créateur depuis 40 ans, sa réalisation technique imparrable, tout concorde pour faire de ce jeu une œuvre exceptionnelle et personnelle, bien plus grand public qu'avant. La grosse quarantaine d'heures nécessaires à sa complétion sera émaillée de moments forts, de surprises autres moments WTF dont seul Kojima a le secret. Qu'on l'aime ou qu'on le déteste.
LES POINTS FORTS

+ Le retour d'un concept et d'un univers uniques

+ Un gameplay adaptatif follement riche

+ La réalisation : éblouissante sur PS5

+ Le casting 5 étoiles

+ Le retour de la castagne !

LES POINTS FAIBLES

- Des menus et une ergonomie encore perfectibles

- Un "tutorial" mexicain un peu long ?

- Une histoire toujours capillo-tractée

- L'infiltration le dos bardé de paquets qui dépassent : vraiment ?!

- Vous n'aimez pas les délires de Kojima ?

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