Peyton Westlake, brillant généticien, vient de réaliser la synthèse des cellules de la peau. Sa femme, avocate, a pour client un constructeur immobilier, Louis Strack Jr, dont un document confidentiel vient de lui révéler les agissements douteux. Elle cache le document dans le laboratoire de son mari. Louis Strack Jr envoie des tueurs pour récupérer son bien. Le professeur est laissé pour mort mais il survit a ses horribles blessures. Défiguré, il réussit à se recomposer un visage, mais qui ne tient qu'une heure, afin d'assouvir sa vengeance.
Avant de donner vie à l'un des super héros les plus emblématiques de l'écurie Marvel (Spider-Man) et accessoirement lancer le phénomène des adaptations de comics à l'écran, le réalisateur Sam Raimi s'était fait la main avec "Darkman".
Bien loin du héros vertueux par excellence, "Darkman" est un anti-héros plus proche du Fantôme de l'Opéra que de Superman. Mais il reste un film de super héros avant l'heure. Un film du genre hybride, mais un film de super héros quand même. Hybride car avec "Darkman" Raimi mélange son amour pour les monstres Universal à celui des comic books. Le film passe alors du registre épique avec des scènes d'actions aidées par la musique de Danny Elfman avant de glisser vers l'horreur-épouvante lorsque Darkman révèle son vrai visage.
Car Darkman alias Peyton Westlake (Liam Neeson) est un homme défiguré, mais qui grâce à ses travaux scientifiques peut reconstituer la peau humaine et donc revêtir l'apparence de quiconque pendant un laps de temps limité. Ces scènes d'expérimentations dans un laboratoire de fortune font évidement penser à "Frankenstein", alors que les bandes sur le visage et les mains du personnage rappellent fortement "La Momie". Mention spéciale au maquillage du visage de Peyton crée par Deborah K. Larsen et impressionnant de réalisme dans ses moindres détails.
Avec ce personnage à la personnalité complexe Sam Raimi dresse le portrait d'un homme dépassé par ses nouvelles capacités et rongé par la culpabilité de ses actes. Ce qui n'est pas sans rappeler l'écriture d'un certain Peter Parker. Mais contrairement à l'homme-araignée, Darkman embrasse son côté obscur pour devenir l'anti-héros par excellence.
Notons aussi que l'histoire d'amour entre Peyton et Julie (Frances McDormand) est écrite de manière réaliste et équitable. Le personnage de Julie n'est pas la demoiselle en détresse sans personnalité que certains films de super-héros se sont évertués à nous présenter.
Niveau mise en scène, on peut remercier la patte de Sam Raimi dont le style rageux s'accorde parfaitement avec l'univers de la bande dessinée. Certaines scènes à la caméra virevoltante semblent même tout droit sorties d'une planche de comics. D'ailleurs, le film tiré d'une idée originale sera adapté par la suite en bande dessinée.
Sorti en 1990 "Darkman" a certes mal vieilli sur certains effets-spéciaux, mais il reste un film majeur de l'œuvre de Sam Raimi et un film précurseur dans le genre super héroïque.