Critique film
Publié le 21/03/2019 à 11h01 par Kévin Aubin
Edmond
9 /10

Décembre 1897, Paris. Edmond Rostand n’a pas encore trente ans mais déjà deux enfants et beaucoup d’angoisses. Il n’a rien écrit depuis deux ans. En désespoir de cause, il propose au grand Constant Coquelin une pièce nouvelle, une comédie héroïque, en vers, pour les fêtes. Seul souci : elle n’est pas encore écrite. Faisant fi des caprices des actrices, des exigences de ses producteurs corses, de la jalousie de sa femme, des histoires de c½ur de son meilleur ami et du manque d’enthousiasme de l’ensemble de son entourage, Edmond se met à écrire cette pièce à laquelle personne ne croit. Pour l’instant, il n’a que le titre : « Cyrano de Bergerac ».

Alexis Michalik un acteur, metteur en scène et scénariste franco-britannique. Il démarre comme comédien au théâtre puis passe d'auteur à metteur en scène. Au théâtre, il reçoit de nombreuses récompenses. En parallèle, il joue pour la télévision dans de nombreuses séries et s'essaye même au cinéma. Touche à tout, il excelle dans tout ce qu'il entreprend.

En 2019, il sort son premier film Edmond, adaptation de sa pièce de théâtre créée en 2016. Il n'est pas chose aisée que de porter une pièce de théâtre au cinéma, le risque étant de proposer du théâtre filmé. Mais c'était sans compter sur le talent d'Alexis Michalik, ici réalisateur, qui offre au spectateur un divertissement de tous les instants très cinématographique. La plus grande "success story" du théâtre français est ici racontée entre réalité et fiction, rire et émotion, avec un rythme mené tambour battant. Dès les premières minutes, le spectateur découvre Edmond, jeune écrivain, qui on ne le sait pas encore va se retrouver embarquer dans l'écriture et la mise en scène de l'un des plus grands chefs d'oeuvre du théâtre français du 20ème siècle. S'en suit une aventure folle et enivrante avec des rebondissements à n'en plus finir où s'entremêlent bon nombre de personnages dans cette histoire romancée où si vous vous laissez emporter par celle-ci, le plaisir est garanti. De l'audace, de l'originalité et un humour bien pensé traversent ce film où la liberté est le maître-mot. En famille ou entre amis, le spectacle ravira tout le monde sans exception.

Alexis Michalik prend un plaisir fou derrière sa caméra et signe une réalisation décapante. La mise en scène s'autorise des transgressions mais c'est aussi être classique pour un seul but, un seul, magnifier les acteurs, les décors sont beaux et emportent le spectateur dans un autre temps, la photographie est à la fois sombre et lumineuse avec des couleurs qui resplendissent comme il le faut et la bande-son suit le rythme des pérégrinations incongrues de cette aventure.

Thomas Solivérès porte fièrement et admirablement son rôle d'Edmond Rostand qu'il anime avec une joie de vivre communicative. Il sait également teinté son personnage d'émotions et le moins que l'o puisse dire c'est qu'il fait revivre le temps d'un instant ce grand dramaturge. Pour l'accompagner, Olivier Gourmet est tout aussi excellent et porte le rôle de Constant Coquelin/Cyrano De Bergerac à la perfection. L'acteur s'autorise toutes les émotions et s'amuse de toutes les situations pour le plus grand plaisir des spectateurs. Les autres acteurs qui parcourent le film sont nombreux et ô combien essentiels au bon déroulement de toute cette petite entreprise. Chacun d'entre-eux apporte de sa personne et fait mouche à chacune de ses apparitions. Un casting épatant !

Pour sa première réalisation, Alexis Michalik signe un magnifique divertissement du début à la fin. L'histoire romancée et fictionnelle d'Edmond Rostand était la bonne idée qui a donné lieu à une pièce de théâtre extraordinaire et à ce film qui l'est tout autant. Le tout servi par une bande d'acteurs impeccables au service d'une oeuvre enivrante qu'il serait dommage de se priver.

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