Critique film
Publié le 05/01/2018 à 12h49 par Kévin Aubin
Jalouse
10 /10

Nathalie Pêcheux, professeure de lettres divorcée, passe quasiment du jour au lendemain de mère attentionnée à jalouse maladive. Si sa première cible est sa ravissante fille de 18 ans, Mathilde, danseuse classique, son champ d'action s'étend bientôt à ses amis, ses collègues, voire son voisinage... Entre comédie grinçante et suspense psychologique, la bascule inattendue d’une femme.

Stéphane Foenkinos est professeur d'anglais de formation et devient dès 1997 directeur de casting à la suite d'une rencontre avec Jacques Doillon. Son frère David, est connu pour être un écrivain prolifique. Depuis 2001, il écrit quasiment un livre par an qui traite souvent du thème de l'amour. En 2005, les deux frères travaillent à la réalisation d'un court-métrage avant de passer tous deux à la réalisation de leur premier long-métrage. Ainsi, en 2011, sort l'adaptation La Délicatesse, adaptation du roman homonyme de David Foenkinos. Le film trouve son public en France et sort dans plus de 35 pays, entrant dans le top 15 des succès à l'étranger en 2012/2013.

En 2017, David et Stéphane Foenkinos se retrouvent pour leur seconde réalisation, Jalouse. Portrait de femme intime entre comédie et drame, le titre du film aurait pu être "Femme au bord de la crise de nerfs". On suit une cinquantenaire en pleine crise, qui réagit au quart de tour sur tous avec une personnalité bien affirmée. De moments totalement risibles, d'autres graves ou désespérées, le spectateur passe par tous les stades émotionnels et vit avec cette femme un tournant dans sa vie. Cette virée ante-ménopause (zone de transit) est tout bonnement appréciable si ce n'est délectable. Embarqué dans les méandres tortueux d'une personnalité complexe, le spectateur n'a quasiment pas le temps de souffler où aucun répit ne lui est imposé. C'est une véritable avalanche de situations tous plus improbables les unes que les autres qui se succèdent suite au mal être de Nathalie, qui vire et sombre dans une jalousie maladive voire malsaine. C'est enlevé, drôle, mais aussi émouvant et très juste. Juste dans le sens où cette forme de perversité nous ait montré dans les moindres détails dans son fonctionnement le plus précis et le plus subtil, et ce, avec toutes les incidences et rebondissements évidents.

Cette exploration est notamment rendue possible grâce à la complémentarité des deux frères à la réalisation. La mise en scène profite aux acteurs surtout à Karin Viard, les décors sont bien trouvés et adaptés pour chaque scène, la photographie très naturelle avec quelques couleurs sombres renforce l'ambivalence du propos du film à la fois comique et dramatique et la bande-son est adaptée en toutes circonstances. Une réalisation qui prouve que nos deux réalisateurs ont eu la même vision de leur film et le résultat est excellent.

Un film pour Karin Viard que les frères Foenkinos ont écrit pour elle. L'actrice est sur tous les plans dans le film et tout bonnement exceptionnelle. Le spectateur n'a d'yeux que pour elle malgré le caractère extrême de son personnage. N'hésitant pas à aller loin, Karin Viard trouve ici l'un de ses meilleurs rôles. Pour l'accompagner, une flopée de seconds rôles tous remarquables. Même s'il est difficile de se faire une place face à Karin Viard, les autres acteurs arrivent à faire mouche à chacune de leurs apparitions.

Pour leur nouvelle réalisation, les frères Foenkinos signe un portrait de femme savoureux qui joue habilement entre la comédie et le drame. Karin Viard est impériale qu'on en oublie presque qu'il ne s'agit que d'un rôle. On ne peut que se régaler de cette réalisation aboutie et intelligente. A ne rater sous aucun prétexte !

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