Critique film
Publié le 28/11/2017 à 16h31 par Kévin Aubin
Mother !
10 /10

Un couple voit sa relation remise en question par l'arrivée d'invités imprévus, perturbant leur tranquillité.

Darren Aronofsky étudie les techniques de réalisation et d'animation à la prestigieuse université d'Harvard. En 1996, il réalise son premier long, Pi, avec seulement 60 000 dollars réunis grâce à ses amis et ses proches. Ce film lui permet de remporter le prix de la mise en scène au Festival Sundance en 1998. Fort de ce succès, il décide d'adapter le roman "Last Exit to Brooklyn" d'Hubert Selby Jr. dans Requiem for a Dream. Véritable descente aux enfers liée à la drogue et autres dépendances, le film se fait immédiatement remarquer et en deux films, Darren Aronofsky devient un réalisateur culte à suivre de très près. Pour son troisième film, The Fountain, fable autour de l'immortalité, il met plus de six ans à le produire et le réaliser. Divisant autant le public que la critique, le film ne rencontre pas le succès escompté. Aronofsky se relance donc avec un projet moins personnel avec The Wrestler, porté par un Mickey Rourke renaissant dans le rôle d'un vieux catcheur. Son retour triomphal aux yeux du public et des critiques a lieu en 2011 avec Black Swan. Trois ans plus tard, il revisite l'histoire de l'arche de Noé avec Noé dans lequel il met en scène Russell Crowe.

En 2017, il signe son septième long-métrage avec Mother ! Autant le dire tout de suite, il s'agit de l'un des films les plus personnels du réalisateur. Une expérience cinématographique choc inoubliable. Vendu comme un thriller à l'histoire somme toute classique, c'était sans compter sur la folie furieuse de Darren Aronofsky pour nous offrir sa vision de l'humanité; rien que ça. Le cinéaste propose une allégorie voire une métaphore sur la création en s'interrogeant sur notre monde. Quelles sont les conséquences auxquelles l'être humain peut être confronté dans le monde dans lequel il vit ? C'est cette question qui taraude notre réalisateur et il va nous offrir sa réponse ou plutôt la vision qu'il a de cette réponse. Ainsi, pendant près de deux heures, il offre un regard très sombre sur notre monde et notre société où tout n'est qu'un éternel recommencement, et ce jusqu'à un point de non-retour. Au travers des deux personnages principaux, le réalisateur met en place son intrigue avec des thèmes forts en questionnant tout le monde sur sa condition humaine. En allant voir ce film, il faut lire entre les lignes d'un scénario qui foisonne d'idées pour arriver à décrypter le voire les messages subliminaux que le réalisateur veut nous faire passer. Lors d'un premier visionnage, il est donc très difficile de tout comprendre et ingurgiter mais avec le recul on finit par se dire que l'on vient d'assister à une œuvre majeure du cinéma américain. Et pour l'apprécier pleinement mieux vaut ne pas trop en dire afin de garder l'effet de surprise.

Darren Aronofsky a su se faire remarquer notamment grâce à sa réalisation menée d'une main de maître dans chacun de ses films. Avec Mother ! il confirme sa qualité de réalisateur en imposant sa patte stylistique. La mise en scène en huis clos au plus proche des acteurs est à couper le souffle, les décors bien que minimalistes participent à créer une atmosphère oppressante où la tension est palpable tout le long du film, la photographie passant des couleurs froides et pâles à vous glacer le sang, à des couleurs crues et chaudes à vous exploser la rétine est d'une beauté sidérante et la bande-son pour ainsi dire quasi-inexistante avec parfois des sons stridents rend l'ambiance générale "asphyxiante". Du grand art qui vous retourne l'estomac et l'esprit s'assumant de bout en bout.

En "mother", Jennifer Lawrence trouve ici l'un de ses plus grand rôles au cinéma. Sans avoir des lignes de dialogue à rallonge, elle créée un personnage angoissée, stressée, qui voit sa vie bouleversée de façon inattendue. Rien que le fait de la voir torturée face caméra en dit long son la qualité de son jeu d'actrice. Pour l'accompagner, Javier Bardem compose un personnage plus ouvert et avenant malgré un passif douloureux. Il vient contrebalancer à merveille la personnalité renfermée du personnage jouée par Jennifer Lawrence sans l'éclipser. Dans les seconds rôles, on notera les prestations remarquées et remarquables de Michelle Pfeiffer et Ed Harris, troublants et habités par leur rôle. Un casting quatre étoile où les acteurs sont pleinement investis.

Pour sa nouvelle réalisation, Darren Aronofsky voit grand parfois un peu trop au risque de laisser plus d'un spectateur sur la touche. Réservé aux cinéphiles avertis et aux personnes désireuses de vivre une expérience cinématographique incomparable, ce film est, et restera un moment marquant des sorties cinéma de cette année 2017.

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