Critique film
Publié le 12/04/2017 à 12h36 par Fred
Nemesis
6 /10

Représentant de commerce, Sam Cobritz est envoyé faire du porte à porte dans la région désertique du sud de la Californie. Après n’avoir croisé que des maisons vides et des portes closes, Sam doit se rendre à l’évidence, les habitants ont disparu. Sur le chemin du retour, les événements troublants se multiplient : sa voiture a été sabotée, d’inquiétants messages de menace lui parviennent et la police le prend en chasse. Seul, dans l’inconnu, pourra-t-il s’extirper du piège qui semble se refermer sur lui ?

Réalisateur français, exilé aux États-Unis, Christophe Deroo se lance pour la première fois dans le long métrage. Extension, sur une heure dix minutes, des idées développées dans son court "Polaris", "Nemesis" ("Sam was here" en VO) s'est battit une bonne réputation à travers les différents festivals de cinéma fantastique auxquels il a participé.

Le réalisateur ouvre son film en plaçant son personnage principal, Sam (Rusty Joiner), voyageur de commerce dans un paysage désertique. Lieux typiques de la middle america peuplés de station-services délabrées et de mobile-homes isolés. Sam est à la recherche de familles du coin pour démarcher pour son entreprise. Personne n'ouvre les portes, les magasins comme les habitations sont vides, la population semble avoir disparue. Seule la radio émet toujours, l'émission d'Eddy (Sigrid La Chapelle) laissant la parole aux auditeurs. Les interventions laissent penser qu'une chasse à l'homme semble être en cours dans la région.

En quelques plans, Christophe Deroo isole son sujet dans le vaste désert américain. Une photographie léchée et un soleil de plomb créent immédiatement une ambiance oppressante et font monter un sentiment de paranoïa assez puissant. Le metteur en scène cite ses références (un peu trop) cinématographique et l'influence de John Carpenter saute tout de suite à l'esprit, jusque dans la musique aux résonances de synthétiseur (composée par le groupe Christine) rappelant les compositions du maître.
Sam se retrouve dans un no man's land sans âme qui vive. Son périple est rythmé par les éructations de la radio et ses messages laissés sur le répondeur de sa femme avec les différents téléphones publics croisés pendant son errance. Une lumière rouge étrange envahissant le ciel comme un regard éthique surveillant les pérégrinations du représentant de commerce.
Cette première partie aux accents étranges rappelle les épisodes de la quatrième dimension et montre la maîtrise de Christophe Deroo pour poser une ambiance à peu de frais grâce la qualité de ses cadrages et la mise en place de son personnage dans un environnement. Le film va ensuite basculer dans un schéma plus classique du survival frontal et perdre en substance tout le mystère qui tenait en haleine les spectateurs.
Le réalisateur perd peu à peu son sujet. Ce qui arrive souvent dans les adaptations de court métrage vers le long, le scénario ayant tendance à tirer en longueur les idées initiales plutôt que de tenter de les renouveler.
Rusty Joiner sort les muscles face à une bande de redneck en quête de vengeance.

Pour son premier long français, délocalisé en Californie, Christophe Deroo se doit d'optimiser ses effets pour palier un budget rachitique. Capable d'installer une véritable ambiance en quelques plans à l’économie et grâce à une belle photographie d'Emmanuel Bernard, il donne à "Nemesis" ses meilleures qualités. Dommage que le scénario se perde parfois dans des évolutions dispensables même si Christophe Deroo a le bon goût de ne pas dévoiler totalement le mystère et laisse aux spectateurs le soin de se faire sa propre idée.

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