Les Souls-like font désormais partie du paysage vidéoludique grâce à l'inestimable savoir-faire du studio japonais From Software. Demon's Souls, c'est justement la pierre angulaire du genre, le patriarche, celui à qui la série phare débutée 2 ans plus tard doit tout, ou presque. Sorti sur PS3 il y a plus de dix ans maintenant, ce titre n'a pourtant connu qu'un succès très confidentiel : cette sortie PS5 est là pour rendre justice à un jeu assez méconnu et lui faire enfin la place qu'il mérite au panthéon des jeux incontournables.

Commençons par l'évidence : ce remake est visuellement superbe et démontre la puissance graphique de la PS5 ! From Software, pour le coup, n'y est pas pour grand chose. C'est le studio Bluepoint, spécialiste des portages haut de gamme, qui en est l'auteur. Souvenez-vous de l'excellente refonte de Shadow of the Colossus sur PS4 : comme pour le chef d'oeuvre de Fumito Ueda, ce Demon's Souls témoigne d'une très grande fidélité avec le jeu d'origine. Pour la peine, le joueur retrouve un univers intact, barbare, sombre et suintant de tous les maux. Son intransigeance est également de retour : Demon's Souls est sans doute le jeu le plus difficile de la série des Souls, même si les habitués retrouveront rapidement leur marque (comprenez : le bouton pour les roulades et le parring parfait). Pour le reste, ce remake PS5 conserve toutes les qualités de la version PS3 : c'est un Action-RPG complexe et ardu, au contexte volontairement nébuleux.

Les fans de Dark Souls le savent, il est nécessaire de se plonger rapidement dans les menus et sous-menus, histoire d'appréhender rapidement les avantages ou défauts de votre équipement ou de vos armes. Une gestion au millimètre est de rigueur, d'autant que votre avatar ne peut porter qu'un attirail limité en poids, sous peine de se traîner comme une limace et de réduire drastiquement sa barre de stamina. Lire entre les lignes est également le seul moyen d'embrasser le lore tentaculaire de la série et de comprendre un peu ce qui se trame sur les terres désolées du château de Boletaria. Ce dernier est visuellement splendide et se révèle tellement moins « carré » que son homologue d'origine ! Les développeurs de Bluepoint ont fait les choses avec soin et maniaquerie, jusqu'aux plus petits détails. On sent bien que tout a été refait, de fond en comble. Bien entendu, PS5 oblige, les effets de lumières et les modélisations en mettent plein la vue et cela commence dès la création de son personnage, bien plus fouillée et approfondie qu'avant ! Si vous voulez un héros moche, c'est désormais possible... même si son visage sera bien souvent caché sous un heaume rutilant !

Ce respect de l'original est pourtant à double tranchant : même si la série s'est affinée sur le long terme du point de vue du gameplay, les développeurs n'en n'ont pas tenu compte et ont manifestement souhaité garder le charme de Demon's Souls, jusqu'à son interface.
Ainsi, le jeu conserve ses 5 niveaux indépendants et son hub (le Nexus), lesquels devront être passés au peigne fin histoire de ne jamais rater un loot salvateur. Certes, libre à vous de les visiter dans l'ordre qui vous sied, mais on regrette tout de même le génie de conception d'un Anor Londo ou d'un Yarnam (pour le "spin-off" qu'est Bloodborne, tout aussi indispensable).
Ensuite, consommer une potion de vie se fera toujours à l'arrêt, ce qui exige du joueur une certaine forme d'anticipation, surtout face aux boss : là encore, on déplore que le système des fioles d'Estus n'ait pas été implémenté.
Enfin, dernier regret : les patterns des boss ! On est loin de la complexité de certains affrontements mythiques, sans ce petit côté imprévisible qui rend les joutes si viscéralement jouissives. Ne vous y trompez pas, chaque rencontre avec un des boss de Demon's Souls reste un événement marquant, d'autant qu'ils sont tous magnifiquement retranscrits, sublimant leur apparition dans le jeu original.

Entièrement traduit en français, il est à souligner qu'il est cependant préférable de jouer en anglais, voire en japonais, le doublage VF manquant cruellement de conviction, sans compter une synchronisation labiale très approximative dans l'ensemble : dommage !

PS5 oblige, le choix est donné au joueur de privilégier la fluidité aux graphismes dans 2 modes d'affichage distincts : sans surprise, il est conseillé de s'en tenir au mode performance où le framerate n'est jamais pris à défaut et les 60fps constants. Quant à la manette, les vibrations haptiques sont très appréciables mais, hélas, les gâchettes à retour de force sont les grandes oubliées...

Malgré de légers défauts, ce remake est donc une superbe mise à jour du matériau d'origine et il démontre au passage les capacités techniques de la PS5 avec panache. Les développeurs de Bluepoint ont volontairement conservé le feeling d'origine, notamment un gameplay exigeant et une difficulté proverbiale : Thanatos vous donnera régulièrement quitus, mais les temps de chargement et les feux judicieusement disposés avant les boss, permettront d'avaler la pilule plus facilement. Soyez donc averti : beau et dur , mais indispensable !