Nous n'en sommes qu'au sixième épisode canonique de la série de baston culte de Capcom, pourtant on a l'impression qu'elle a toujours été là. Après un 5ème opus très décrié et livré en kit, Capcom a décidé de se retrousser les manches et de proposer, dès le lancement, un jeu hyper complet et généreux. "Street Fighter 6" remet les pendules à l'heure avec un opus musclé qui ravira tous les joueurs...

On commence par la meilleure nouvelle : 18 personnages sont jouables en dayone, dont 7 nouvelles têtes. D'ailleurs, c'est l'iconique Luke qui fait la couverture du jeu... Parmi eux, une française, cocorico ! On sait déjà que de futurs DLC apporteront leur lot de combattants supplémentaires et il est certain que l'on relancera régulièrement le jeu pour les tester. Mais en attendant, il y a largement de quoi faire et on peut toujours compter sur les personnages classiques (Ken, Ryu, Blanka, Dhalsim...) pour retrouver facilement ses marques ! Sans surprise, Capcom a fait de l'excellent boulot : en matière de jeu de baston 2D, Street Fighter 6 est un aigle qui compile le meilleur de la série en ne laissant aucun joueur sur le bord du ring. 3 modes de jeu sont disponibles : le mode classique (à base de quart de cercle... sur 6 boutons), le mode moderne (avec 4 boutons seulement...), et le mode dynamique (avec un seul bouton, l'IA s'occupant de sortir le coup le plus optimal!). Au final, quel que soit son niveau, son degré d'implication ou son envie de maîtriser le jeu, n'importe quel joueur peut entrer dans la danse et prendre instantanément du plaisir ! Les coups sortent sans problème, même au pad. Cerise sur le Hadoken, le tutoriel pour chaque perso est super complet et indique avec précision comment jouer avec chaque personnage : vous saurez rapidement quel combattant correspond le mieux à votre style de jeu.
Pour le reste, ce Street Fighter 6 se laisse apprivoiser bien plus facilement que son précédent, la majorité des joueurs l'ayant rapidement délaissé après sa sortie. Avec son approche dynamique qui fait la part belle aux choppes, le gameplay apporte beaucoup de souplesse avec l'utilisation de la barre d'endurance, ou Drive impact : gérez votre potentiel jusqu'à son extrême limite avant de tomber en burn-out et de subir un stun intempestif. En outre, le Drive rush offre la possibilité d'enchaîner un coup rapidement pour vous mettre immédiatement au corps à corps avec l'adversaire. Comme toujours, facile à comprendre, difficile à maîtriser ! En contre-partie, ce gameplay remet les "choppers" comme Zangief ou E.Honda sur le devant de la scène : vous allez les redécouvrir sous un nouveau jour.

En parallèle, le soft propose 3 modes de jeu bien distincts : le "Fighting Ground" est l'équivalent du mode Arcade, avec son mode Versus local aussi classique qu'indispensable. Chaque combattant dispose de sa propre histoire et c'est l'occasion de se replonger dans le lore copieux de Street Fighter. Bien entendu, on peut y ajuster une pléthore d'options destinées au confort de jeu et s'aguerrir à de nouvelles techniques...
Le mode « Battle hub » est l'équivalent du mode en ligne où vous pourrez frimer : une grande place où tous les joueurs se regroupent, jouent à d'anciens jeux d'arcade de Capcom pour patienter entre 2 matchs... On peut aussi exhiber son look avec les items obtenus dans le mode « World Tour ».

Le dernier des 3 modes est sans doute la grosse nouveauté du jeu, celle qui est censée retenir les joueurs sur le long terme : il s'agit d'une sorte de mode carrière, en monde « ouvert ». On commence par créer son avatar au moyen d'un éditeur très complet, mais que l'on a déjà vu dans bon nombre de productions Capcom, "Monster Hunter" en tête. Vous pouvez vous laisser aller à toutes les fantaisies pour créer le combattant de vos rêves ! Ce dernier rejoint Luke et devra gravir les échelons pour devenir le meilleur combattant du monde... Le scénario est très simple et vous rencontrerez tous les fighters de ce Street Fighter 6 au détour des ruelles d'un New York de pacotille. Baptisée Metro City (elle est directement issue de Final Fight !), la ville est infectée de loubards en tout genre qui n'hésitent jamais à venir à la baston. Cela dit, vous pouvez provoquer quiconque : le pugilat de ruelles est visiblement une coutume locale et ça tombe bien ! Au fil des combats, vous engrangez de l'Exp et votre niveau augmentera : pratique pour défier des ennemis de plus en plus forts ! Les récompenses sont à la clé, notamment les costumes alternatifs pour le mode Versus... Des maîtres de Street Fighter sont éparpillés sur la map de Metro City mais aussi à l'étranger (des destinations sont à débloquer : l'Italie, l'Angleterre, etc...) : devenez leur disciple et vous pourrez utiliser leur meilleurs coups spéciaux et ainsi façonner un combattant à votre image capable de balancer des Hadokens au même titre que les Spinning Bird Kick de Chun-Li ! Vous l'aurez compris, le mode "World Tour" est un très gros fourre-tout, une sorte de "Yakuza du pauvre" : il permet de tester facilement de nombreuses techniques de combats, de rencontrer beaucoup de persos (dont de sympathiques guest-stars issues des précédentes productions de Capcom...), le tout en suivant un fil scénaristique bien maigre. Son gameplay y est très simplifié et se détache clairement des combats "classiques" de Street Fighter, permettant de s'adonner à une version plus casual, plus récréative. En fait, il faut le considérer comme un gros Beat'em up en monde ouvert, où on peut créer son perso de toute pièce, l'habiller comme on le désire (avec des bonus ou malus de compétences à la clef...) et, surtout, beaucoup d'easter eggs et de clins d'œil à l'univers de Capcom.
Techniquement, ce "World Tour" n'est pas fou sur PS4 : les temps de chargements, les micro-freeze lors du lancement des bastons, l'absence d'ombres dynamiques, les textures en basse résolution qui poppent d'un coup... C'est pas la joie et ça tranche avec le reste du jeu, bien plus propre et détaillé dans les modes plus traditionnels ! Le rendu est clairement daté, même dans la conception de Metro City avec ses frontières invisibles...
Heureusement, la direction artistique est soignée : les graffitis apportent une touche pop, le rendu des supers attaques en jette et éclabousse... C'est vraiment classe ! Quant au look des personnages, il est déjà sujet à débat, mais il est certain que l'audience américaine est clairement visée avec certains combattants plus favorisés que d'autres. On attendra de voir le roster final dans quelques mois pour se faire une idée définitive. En attendant, leur modélisation a fait l'objet d'un soin maniaque : ils sont hyper détaillés, peut-être trop, rendant la lisibilité délicate au début.
Un petit mot sur les musiques de ce jeu : c'est une déception. Aucun thème ne se dégage, on est bien loin des compositions iconiques de "Street Fighter 2". La palme revient à l'OST du mode "World Tour" (encore lui!) : fades, répétitives, il n'y a hélas rien à sauver... Pourtant, on aurait aimé plus de reprises de thèmes déjà connus, Metro City était l'endroit idéal pour cela.

Néanmoins, il faut féliciter Capcom pour le lancement de "Street Fighter 6" : ils ont appris de leur erreurs depuis SF5 en offrant au joueur un jeu complet, riche et référencé, destiné à durer au delà de l'été 2023. On peut compter sur une armada de mises à jour, de DLC, de nouveaux personnages, décors ou costumes. Sans oublier que le mode en ligne est redoutable de précision et de dynamisme : tout est fait pour flatter la scène e-sport, celle qui a permis au 5ème épisode de perdurer un minimum... Capcom a tout intégré dès le départ, pour maximiser son impact sur le long terme, en accueillant à bras ouverts les nouveaux joueurs grâce aux options de jouabilité simplifiée. Alors même que sa carrière ne fait que commencer, Street Fighter 6 est une réussite et un très bon investissement pour vos soirées entre potes !