Critique film
Publié le 19/02/2019 à 14h12 par Floriane
Grâce à Dieu
8,5 /10

Alexandre vit à Lyon avec sa femme et ses enfants. Un jour, il découvre par hasard que le prêtre qui a abusé de lui aux scouts officie toujours auprès d’enfants. Il se lance alors dans un combat, très vite rejoint par François et Emmanuel, également victimes du prêtre, pour "libérer leur parole" sur ce qu’ils ont subi. Mais les répercussions et conséquences de ces aveux ne laisseront personne indemne.

Après "Spotlight" en 2015, c'est au tour de François Ozon de se pencher sur les affaires de prêtres pédophiles, et surtout le silence qui les entoure. Alors que dans de nombreux pays font surface des cas d'abus sexuels au sein de l'Eglise, le réalisateur français s'est penché sur l'affaire du prêtre Preynat et de la création de l'association "La Parole Libérée". Habitué d'un certain cinéma du trouble, François Ozon s'aventure avec "Grâce à Dieu" dans le récit engagé sur un sujet d'actualité. Tourné dans le plus grand secret, le film est-il à la hauteur de son sujet ? Verdict.

Après une première séquence nous montrant la puissance sacrée de l'Eglise catholique, la caméra glisse sur des images d'une famille heureuse avec la voix off d'Alexandre (Melvil Poupaud) qui annonce frontalement le pourquoi de cette lettre lue : il a été agressé sexuellement par un prêtre durant son enfance. Avec cette exposition à la fois sobre et percutante, le réalisateur nous plonge directement dans le vif du sujet.

Pour construire son scénario Ozon s'est concentré sur trois personnages : Alexandre, François (Denis Menochet) et Pierre-Emmanuel (Swann Arlaud). Le film s'attarde sur chacun d'entre eux avant de passer au suivant et de les réunir par leur cause commune. C'est par ce passage de flambeau que le réalisateur arrive à retranscrire à l'écran le long parcours et l'effort commun qu'il a fallu accomplir pour que l'affaire éclate. Avec cette construction minutieuse, le cinéaste pointe du doigt l'organisation parfaitement huilée de l'Eglise catholique pour ne pas que s'ébruite les agissements de certains membres de son clergé.

Mais "Grâce à Dieu" n'est pas un film à charge contre la religion catholique. Ozon adopte un regard neutre sur l'affaire tout en ne reculant jamais lorsqu'il s'agit de raconter les horreurs qu'on subit ces enfants. Et même si la question du pardon et de la foi y est abordée, ce qui intéresse vraiment le réalisateur est de montrer les conséquences de ces actes à travers le portrait de ces trois hommes et combien il est important que la parole se libère.

Connu pour ses effets de style, comme le prouve son précédent long métrage "L'Amant Double", François Ozon a fait le choix pour "Grace à Dieu" d'une mise en scène sobre. Comme si le cinéaste avait souhaité s'effacer pour laisser la parole à ses personnages et à son sujet.

Avec "Grâce à Dieu", François Ozon signe son film le plus maîtrisé autant sur le fond que sur la forme. Un film fort sur un sujet difficile. A voir absolument.

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