Critique film
Publié le 23/11/2018 à 16h20 par Floriane
La Révolution Silencieuse
7 /10

Allemagne de l'est, 1956. Kurt, Theo et Lena ont 18 ans et s'apprêtent à passer le bac. Avec leurs camarades, ils décident de faire une minute de silence en classe, en hommage aux révolutionnaires hongrois durement réprimés par l'armée soviétique. Cette minute de silence devient une affaire d'Etat. Elle fera basculer leurs vies. Face à un gouvernement est-allemand déterminé à identifier et punir les responsables, les 19 élèves de Stalinstadt devront affronter toutes les menaces et rester solidaires.

Après "Fritz Bauer, un héros allemand", le réalisateur Lars Kraume continue de s'intéresser à l'Allemagne post Seconde Guerre Mondiale et surtout post Troisième Reich. Dans "La Révolution silencieuse" (sélectionné au Festival de Berlin 2018), il se penche cette fois sur l'Allemagne de l'Est et sa jeunesse à travers l'histoire vraie de Dietrich Garstka.

Adapté du livre de ce dernier, "Das Schweigende Klasszimmer" (La Classe silencieuse), le film s'ouvre sur une scène de contrôle à la frontière entre les deux Allemagnes. En une séquence le réalisateur pose les bases de son récit. Il introduit ses personnages principaux (Kurt et Theo), tout en instaurant un climat de paranoïa et de censure.

En pleine période de guerre froide, la RDA (l'Allemagne de l'Est) est sous contrôle soviétique et de son régime socialiste. Les jeunes lycéens coupés du monde s'interrogent sur leur liberté et surtout leur avenir dans un pays où tout est contrôlé. Le cinéaste retranscrit parfaitement les désirs et contradictions de cette jeunesse tiraillée entre le respect de leurs parents et cette soif de liberté qu'ils souhaitent tant.

A travers ce groupe d'adolescents le film mélange avec brio la petite et la Grande Histoire. Car derrière cette révolution silencieuse se cache des enjeux politiques qui va très vite dépasser ces jeunes adolescents.

En plus de cette jeunesse prisonnière, le réalisateur s'intéresse à la génération des parents qui a vécu sous le régime nazi. Le poids des actes commis sous ce règne de terreur pèse sur leurs enfants. Les secrets éclatent, laissant entrapercevoir l'ombre du nazisme encore présente. Grâce à une écriture d'une grande justesse Kraume arrive à dresser un portrait de l'Allemagne de l'Est loin du manichéisme habituel de ce genre de récit.

Côté mise en scène, la réalisation de Kraume prolonge l'idée de petite histoire dans la grande avec une réalisation mêlant scènes intimes aux couleurs chaudes et scènes de groupe où le poids des autorités pèse sur les jeunes élèves.

En relatant cette révolution silencieuse, Lars Kraume met en lumière cette jeunesse qui a su se soulever face à un gouvernement les privant de leurs droits et libertés. Un film qui rappelle la nécessité de ne pas se taire face à la répression. Mais aussi un film qui rappelle le poids du passé sur nos vies et la nécessité de s'y confronter pour mieux avancer.

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