Critique film
Publié le 31/10/2017 à 16h53 par Kévin Aubin
120 Battements par Minute
10 /10

Début des années 90. Alors que le sida tue depuis près de dix ans, les militants d'Act Up-Paris multiplient les actions pour lutter contre l'indifférence générale. Nouveau venu dans le groupe, Nathan va être bouleversé par la radicalité de Sean.

Robin Campillo étudie à l'IDHEC (L'Institut des hautes études cinématographiques), et c'est durant cette période qu'il rencontre Laurent Cantet, réalisateur et scénariste français. Robin Campillo démarre dans le cinéma en tant que monteur puis scénariste sur de nombreux films. En 2004, il saute le pas et réalise son premier long, Les Revenants, film fantastique qui inspirera la série du même nom. Plusieurs années après ce premier film concluant, il tourne Eastern Boys. Le long métrage plébiscité par la critique obtient le prix Orizzonti du meilleur film à la Mostra de Venise et est nommé aux César 2015 dans les catégories Meilleur film et Meilleur réalisateur.

En 2017, il repasse derrière la caméra pour son troisième long-métrage, 120 battements par minute. Le réalisateur s'attaque dans ce film à un sujet fort, la lutte pour la prévention du sida au début des années 1990 par l'Act Up-Paris. Lui-même a fait parti de cette association, et en tant qu'homosexuel, on sent une implication sans pareille dans sa nouvelle réalisation. Il réalise un drame dont l'histoire est forte et qui ne nous laisse pas indifférent en tant que spectateur. Comme un docu-fiction, Robin Campillo nous immisce dans le quotidien de l'association Act Up-Paris et de ses activistes. Dans un premier temps, il nous montre les débats et les actions de l'association avant de se concentrer dans un second temps sur l'intimité de quelques militants notamment l'histoire d'amour naissante entre Sean et Nathan. Le film est ainsi rythmé par des moments forts, évocateurs et fédérateurs autour de la maladie du SIDA, et de la vision que l'on en avait dans les années 80 et 90. Mais aussi par des moments plus intimistes sur le quotidien des malades et de leur combat contre la maladie. Et le réalisateur ajoute à cela des scènes plus oniriques et frappantes visuellement pour ponctuer son récit. Entre réalité, lyrisme et fiction, le réalisateur génère de l'empathie sur ses personnages envers le spectateur. Résultat, le spectateur est littéralement convié le temps de 2h20 à vivre une expérience cinématographique marquante. Du cinéma comme on en voit peu aujourd'hui dans le paysage du cinéma français et fait réfléchir tout en éduquant.

Avec sa caméra, Robin Campillo met en boîte une œuvre personnelle destinée à tous. La mise en scène surprend par son audace visuelle et scénaristique, les décors sont étudiés de façon à embarquer le spectateur dans chaque plan, la photographie à la fois naturelle et retravaillées dans certaines scènes est frappante et la bande-son qui fait écho à la House Musique joue un rôle important dans le film. Une réalisation réfléchie qui participe à la réussite du métrage.

Le casting du film est hétéroclite avec un mélange d'acteurs professionnels et non-professionnels, ce qui reproduit la diversité d'Act Up. La révélation du film est sans nul doute Nahuel Pérez Biscayart, acteur argentin, qui s'investit corps et âme dans un rôle où son talent explose à l'écran. Saluons également la prestation remarquable de Arnaud Valois, qui avait arrêté sa carrière de comédie afin de devenir masseur, et qui reprend du service dans ce film. On retrouve aussi Adèle Haenel, actrice bien connue du cinéma français qui comme à son habitude joue très bien. Et bien évidemment, on a pléthore d'autres acteurs, tous très impliqués dans leur rôle respectif même mineurs.

Pour sa nouvelle réalisation, Robin Campillo signe son film le plus personnel qui fera date en cette année 2017 et dans le cinéma français. Une œuvre cinématographique singulière qui ose sans choquer et qui mérite amplement son Grand Prix reçu au Festival de Cannes 2017. A voir absolument !

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