Critique film
Publié le 07/06/2018 à 11h52 par Kévin Aubin
Comme des Rois
7 /10

Joseph ne parvient pas à joindre les deux bouts. Sa petite entreprise d’escroquerie au porte-à-porte, dans laquelle il a embarqué son fils Micka, est sous pression depuis que le propriétaire de l’appartement où vit toute sa famille a choisi la manière forte pour récupérer les loyers en retard. Joseph a plus que jamais besoin de son fils, mais Micka rêve en secret d’une autre vie. Loin des arnaques, loin de son père...

Xabi Molia étudie le cinéma et devient maître de conférence à l'Université de Poitiers en 2007. Par la suite, il démissionne de son poste pour se consacrer à temps plein à ses acticités d'écrivain et de réalisateur. Romancier chez Gallimard puis au Seuil, il réalise en parallèle des courts-métrages. En 2010, il signe son premier long-métrage, Huit fois debout, suivi en 2013 de Les Conquérants, films mettant notamment en scène Denis Podalydès.

En 2018, il revient avec son troisième film, Comme des rois. Comédie dramatique douce-amère, le réalisateur signe une chronique familiale entre humour et dureté des conditions sociales en appuyant son histoire sur la relation père-fils. Une histoire ancrée dans la réalité qui se savoure sur l'instant de moments de vie tous plus vrais les uns que les autres. Le réalisateur traite d'une question sociale sans s'enfermer dans un registre grave et évite l'esbroufe. L'ensemble reste très terre à terre ce qui permet aux spectateurs de s'identifier très facilement aux personnages et de comprendre ce qu'ils vivent. Une écriture fine et juste trouvant le bon équilibre entre comédie et drame. Mais là où le bât blesse est que le film reste trop en surface dans ce qu'il raconte et propose. Les enjeux finissent as paraître bien simpliste avec des facilités scénaristiques évidentes, et des scènes parfois trop vite expédiées. C'est dommage car le film bénéficie d'un rythme soutenu où le spectateur ne prend pas le temps de s'ennuyer mais la courte durée du film le film est bien trop court pour creuser davantage une histoire intéressante à suivre. A trop se reposer sur de bonnes bases, le réalisateur laisse un goût de trop aux spectateurs alors qu'il auraient aimé en voir plus.

Xabi Molia maîtrise son film avec une réalisation classique mais efficace. La mise en scène profite aux acteurs, les décors constituent un panorama de la France d'aujourd'hui avec des paysages très différents, la photographie aux tonalités pâles renforcent la gravité sociale du film mais profile des notes plus chaudes dans les moments plus joyeux et la bande-son est plutôt plaisante à écouter.

Pour porter le film, deux acteurs de générations différentes. D'un côté, l'ancienne génération représentée par Kad Merad. Investi dans son rôle de père aimant, soucieux et insouciant, l'acteur y est très convaincant même si l'on sent qu'il aurait pu proposer davantage. De l'autre, la nouvelle génération représentée par Kacey Mottet Klein, étoile montant du cinéma français. Acteur de plus en plus remarqué et remarquable, il campe un jeune homme en devenir aspirant à sortir de sa condition sociale mais étouffé par un père omniprésent. Un rôle sur-mesure pour ce jeune acteur qui livre une belle performance. Des seconds rôles joués par des acteurs plus ou moins connus du grand public sont malheureusement sous-exploités et auraient mérité plus d'exposition.

Pour sa nouvelle réalisation, Xabi Molia signe une comédie dramatique intéressante à suivre de par son propos, le tout amené avec une touche d'humour bien senti. Dommage que le film ne soit pas plus profond dans ce qu'il raconte et ce qu'il propose.

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