Delphine est l’auteur d’un roman intime et consacré à sa mère devenu best-seller. Déjà éreintée par les sollicitations multiples et fragilisée par le souvenir, Delphine est bientôt tourmentée par des lettres anonymes l'accusant d'avoir livré sa famille en pâture au public. La romancière est en panne, tétanisée à l'idée de devoir se remettre à écrire. Son chemin croise alors celui de Elle. La jeune femme est séduisante, intelligente, intuitive. Elle comprend Delphine mieux que personne. Delphine s'attache à Elle, se confie, s'abandonne. Alors qu’Elle s’installe à demeure chez la romancière, leur amitié prend une tournure inquiétante. Est-elle venue combler un vide ou lui voler sa vie ?
Roman Polanski a passé son enfance en Pologne, échappé du ghetto de Cracovie, il perd sa mère dans les camps et ne reverra son père qu'après la guerre. Ce traumatisme et le manque d'affection marquera toute son œuvre. Il commence d'abord comme acteur en tournant dans plusieurs films avant de passer à la réalisation de son premier long-métrage, Le Couteau dans l'eau, en 1962. S'en suivent plusieurs succès critiques et commerciaux qui lui permettent de travailler à Hollywood. Par la suite, il alterne entre des films commerciaux et des films plus intimistes. En 2002, le film Le Pianiste, au sujet très personnel, lui vaut la Palme d'Or à Cannes. Après quelques démêlés avec la justice, il reste actif pour le cinéma en réalisant quelques longs-métrages mineurs dans sa filmographie.
En 2017, il revient avec D'après une Histoire Vraie, adapté du roman à succès du même nom de Delphine de Vigan paru en 2015. Sur le papier, ce thriller psychologique avait tout pour plaire : réalisateur de renom, deux actrices excellentes en tête d'affiche et un matériau d'origine auréolé de succès par le prix Renaudot et le prix Goncourt des lycéens. Une fois vu, on se dit que le réalisateur n'a pas su exploiter pleinement le roman dont le film s'inspire. Dans le genre, on a vu beaucoup mieux et on se dit comment peut-on arriver à un tel gâchis. Non pas que le film soit inintéressant à suivre mais il est loin du résultat final attendu, surtout de la part de Polanski. L'histoire du métrage manque de saveur voire est insipide alors que dès le départ on se dit qu'elle va demeurer accrocheuse voire tortueuse. Le rythme est assez décousu pour ne pas dire lent où malheureusement les rebondissements manquent cruellement à l'appel. L'histoire déroule assez vite ses tenants et ses aboutissants avec une fin bien mièvre. Le film se veut énigmatique et mystérieux, et même si certaines questions restent en suspens, on finit par se désintéresser des réponses. Le spectateur étant trop en retrait de l'histoire et n'arrivant jamais à s'immiscer totalement dans celle-ci. Un quasi huis clos qui tourne en rond et qui manque d'inventivité, peinant à se renouveler. La panne d'inspiration est évidente pour un thriller psychologique loin d'être dérangeant, oubliable.
Côté réalisation Roman Polanski déçoit. La mise en scène est insignifiante, les décors sont des plus classiques, la photographie bien fade ne relève pas l'ensemble du film et la bande-son est peu inspirée. La réalisation qui prend l'eau et qui fait couler avec elle le film, un naufrage.
En tête d'affiche on retrouve la sublime Eva Green. Malheureusement dans le film, on sent qu'elle manque de direction et que parfois elle surjoue. N'en reste pas moins une actrice captivante qui crève l'écran à chacune de ses apparitions. Face à elle, Emmanuelle Seigner est naturelle et joue sobrement. Rien de bien exceptionnel dans son jeu d'actrice, là encore faute de direction d'acteurs. Ne parlons même pas des seconds rôles, transparents dont l'utilité est quasi nulle.
Pour sa nouvelle réalisation, Roman Polanski est en panne sèche d'inspiration et le résultat se voir à l'écran, un gâchis. Un film dont l'histoire semble vide de tout sens et dont les actrices principales peinent à croire. Aussitôt vu, aussitôt oublié.
