Trois destins familiaux entrelacés. Joséphine et Tomaz viennent de se marier dans l’allégresse. Mais bientôt, derrière le bonheur solaire des époux, les parents de Joséphine vont découvrir une réalité plus sombre. Mélanie, elle, annonce à ses parents qu’elle attend un bébé mais le père de l’enfant n’a pas du tout le profil du gendre idéal ! De son côté, Anthony, étudiant lunaire et malheureux en amour, va devoir prendre en charge sa mère, devenue soudainement incontrôlable.
Gilles Bourdos débute sa carrière dans les années 90 par la réalisation et la scénarisation de quelques courts-métrages. Il crée avec Michel Spinosa la société de production Persona Films et produit le premier film de Sylvie Verheyde, un frère en 1997. Il passe à la réalisation de son premier long en 1998 avec Disparus mettant en scène Grégoire Colin. Il dirige à nouveau l'acteur dans son second film Inquiétudes en 2002. En 2007, il porte à l'écran un roman de Guillaume Musso, Et après, avec un casting international. En 2012, il revient avec Renoir, dans lequel Michel Bouquet incarne le peintre dans les dernières années de sa vie.
En 2017, il signe son nouveau long-métrage, Espèces menacées, s'inspirant de l'œuvre littéraire de Richard Bausch, écrivain jouissant d'une grande notoriété aux Etats-Unis. Bausch excelle dans l’art de raconter des courts récits sur des rapports familiaux complexes ou sur des couples qui s’entredéchirent, et c'est sur ce postulat de base que le réalisateur déroule son film. D'emblée Gilles Bourdos se démarque du film choral en évitant l'événement ou la situation qui rassemblent tous les personnages. Dès les premières minutes, le réalisateur crée une tension qui se maintient jusqu'au dénouement. Il faut voir le film comme un jeu des sept familles, où les cartes sont sans cesse rebattues et qui fonctionne sur le mode de la confrontation. Le film entremêle trois histoires d'hommes et de femmes confrontés aux aléas de la vie, à des situations inattendus où le mot "destin" trouve ici tout son sens. Trois histoires qui malheureusement ont du mal à exister autant l'une que l'autre. Chaque histoire à son degré d'importance et de présence à l'écran se qui créer un déséquilibre dans l'intérêt que l'on porte à chacune d'entre-elles. Dans chacune d'elles la relation parent(s)/enfant(s) est montrée et est soumise aux chassés croisés du destin. Le film montre et analyse tout ce que peut vivre les personnages. Le spectateur assiste donc à des situations de vie décrites avec justesse, des échanges passionnants avec des dialogues bien ciselés. Cela nous montre ce que nous sommes à la fois sur notre comportement et nos états d'âme.
On sent dans ce film une réelle implication de Gilles Bourdos qui se ressent dans sa réalisation. La mise en scène au plus proche des acteurs avec des rythmes différents suivants les histoires est ici de mise, les décors minimalistes renforcent cette sensation d'attachement que l'on peut avoir en tant que spectateur pour les personnages, la photographie aux couleurs pâles et froides reflète très bien les situations de vie et la bande-son sonne toujours juste. Une réalisation maîtrisée et millimétrée pour non pas une mais trois histoires qui résonnent encore en nous après visionnage.
La grande force du film est bien évidemment les acteurs qui crèvent l'écran, en particulier Vincent Rottiers et Alice Isaaz. Tous deux s'impliquent corps et âme dans leur rôle respectif et sont sidérants de vérité. Deux acteurs qui choisissent toujours bien leurs films dans lesquels ils jouent et font partie des jeunes acteurs incontournables du cinéma français actuel. Les autres acteurs ne sont pas en reste et à leur façon apportent leur pierre à l'édifice dans les différentes histoires.
Pour sa nouvelle réalisation, Gilles Bourdos signe une œuvre singulière sur les relations humaines et notamment sur la relation parent(s)/enfant(s). Non sans quelques maladresses dans la narration des histoires, le film interpelle et bouleverse. En définitive, ce film raconte ce que nous sommes.
