Critique film
Publié le 25/07/2017 à 13h40 par Floriane
Grave
9 /10

Dans la famille de Justine tout le monde est vétérinaire et végétarien. À 16 ans, elle est une adolescente surdouée sur le point d’intégrer l’école véto où sa s½ur ainée est également élève. Mais, à peine installés, le bizutage commence pour les premières années. On force Justine à manger de la viande crue. C’est la première fois de sa vie. Les conséquences ne se font pas attendre. Justine découvre sa vraie nature.

Présenté pour la première fois à la semaine de la critique lors du Festival de Cannes 2016, "Grave" a depuis écumé les festivals. Amplifiant à chaque sélection sa réputation de film "choc" et "brutal". Réalisé par Julia Ducournau, ce long métrage ayant pour thème le cannibalisme contient bien certaines scènes gores. Cependant, il n'est pas un film d'horreur, mais plus un drame sociologique sur le passage à l'âge adulte, ainsi que l'acceptation de la différence et de l'inacceptable.

Pour se faire la réalisatrice a créé le personnage de Justine (impressionnante Garance Marillier), sorte de "monstre" au féminin dont "Grave" suit l'évolution pour le moins complexe. En rendant son héroïne victime du bizutage ignoble ayant court dans ces écoles, la cinéaste humanise son personnage, jusque dans un final surprenant mais surtout intelligent et qui nous pousse à réinterpréter le récit dans sa globalité.

En plus d'être passionnant sur le fond, "Grave" l'est sur la forme. Avec un film ultra-séquencé, Ducournau déploie des idées de mise en scène brillantes. Dont son intrigante séquence d'ouverture ou encore une scène de sexe se transformant en combat de Justine contre ses pulsions cannibales. Ne reniant pas son style qui puise dans les films de genre, la réalisatrice utilise les symboles et le goût pour l'image de ce cinéma afin de rendre "Grave" esthétiquement puissant et unique dans la production française actuelle. L'aspect singulier et parfois dérangeant de ces images mises en lumière par Ruben Impens ("Alabama Monroe") est accentué par la musique atmosphérique de Jim Williams à la fois dépouillée, electro et gothique.

"Grave" est un récit d'apprentissage percutant par sa mise en scène, ses références, son propos et son actrice Garance Marillier dont l'interprétation mélangeant l'animalité du corps et la fragilité du jeune âge épate. Un film brillant qu'on a envie de voir et revoir tant un visionnage ne suffit pas à en apprécier toute sa richesse.

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