Critique film
Publié le 13/12/2017 à 10h37 par Kévin Aubin
L'École Buissonnière
8 /10

Paris 1930. Paul n’a toujours eu qu’un seul et même horizon : les hauts murs de l’orphelinat, sévère bâtisse de la banlieue ouvrière parisienne. Confié à une joyeuse dame de la campagne, Célestine et à son mari, Borel, le garde-chasse un peu raide d’un vaste domaine en Sologne, l’enfant des villes, récalcitrant et buté, arrive dans un monde mystérieux et inquiétant, celui d’une région souveraine et sauvage. L’immense forêt, les étangs embrumés, les landes et les champs, tout ici appartient au Comte de la Fresnaye, un veuf taciturne qui vit solitaire dans son manoir. Le Comte tolère les braconniers sur le domaine mais Borel les traque sans relâche et s’acharne sur le plus rusé et insaisissable d’entre eux, Totoche. Au c½ur de la féérique Sologne, aux côtés du braconnier, grand amoureux de la nature, Paul va faire l’apprentissage de la vie mais aussi celui de la forêt et de ses secrets. Un secret encore plus lourd pèse sur le domaine, car Paul n’est pas venu là par hasard…

Nicolas Vanier est avant tout connu pour être un explorateur du Grand Nord. De ses voyages, il en fait des livres, des reportages photographiques et des films le plus souvent pour la télévision. En parallèle, il porte au cinéma quelques films composant sa trilogie dans le Grand Nord sous forme de documentaires. Il signe également quelques fictions avec Loup, conte onirique sur la Terre des Évènes, et adapte la mythique série Belle et Sébastien.

En 2017, il revient avec son troisième long-métrage fictionnel, L'École Buissonnière. Avec ce film, Nicolas Vanier rend hommage à la nature et à certaines valeurs perdues. En ce sens, la nature permet la transmission de valeurs qui passent par l'apprentissage de pratiques. C'est un film simple et humain tourné vers l'authenticité. Le réalisateur raconte une histoire se déroulant dans les années 30 avec plusieurs thèmes abordés comme l'apprentissage qui permet de grandir, la découverte de la nature, les liens familiaux, les rencontres... Le film ne cherche pas à narrer de grandes choses mais à rester simple dans son propos, très terre à terre. Il est magnifique de voir ce qui est déroulé sous nos yeux, comme une ode à la vie et à la nature. Les personnages du film sont authentiques avec une personnalité bien affirmée qui les rend très attachants. Les dialogues sont bien écrits avec des répliques dans la langue locale savoureuses à écouter. Le rythme est juste comme il faut avec des moments très légers et contemplatifs, et des moments plus lourds de sens où les rebondissements s'amoncellent. La volonté d'offrir un divertissement familial agréable à regarder et surtout à vivre sur l'instant est la plus belle chose que peut proposer Vanier.

Surtout qu'il maîtrise la réalisation et s'attèle à filmer avec minutie et intelligence son film. La mise en scène est très belle avec un caractère authentique omniprésent, les décors de la Sologne grandeur nature sont très beaux et participent à rendre amoureux le spectateur pour la nature et la vie sauvage, la photographie à la lumière naturelle renforce l'ambiance féérique générale qui se dégage du film, et la bande-son propose des sonorités très axées sur la nature avec quelques morceaux de musique bien choisis. Un très beau travail de réalisation qui participe à la réussite du film.

Jean Scandel fait ses débuts à l’écran dans le rôle de Paul. Son jeu très naturel le rend très crédible face caméra et fait qu'il a tout d'un grand acteur. Il faut dire que pour l'accompagner, c'est François Cluzet qui lui donne la réplique. Un acteur français qui comme à son habitude est très impliqué dans son rôle et compose ici un homme libre et amoureux de la nature un peu taciturne à la perfection. On retrouve également Éric Elmosnino que l'on apprécie de voir dans ce genre de film où il peut se faire plaisir en campant un homme déterminé et soucieux du maintien de l'ordre. Mention spéciale à Valérie Karsenti qui hors des écrans télévisés prouve qu'elle peut faire mouche au cinéma.

Pour sa nouvelle réalisation, Nicolas Vanier signe un très beau film sur l'apprentissage de la vie et sur la nature qu'il affectionne tant. Un film familial tout simplement magnifique porté par des acteurs investis qui se font plaisir et nous avec.

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