Critique film
Publié le 23/05/2015 à 20h57 par Fred
La Secrétaire
7,5 /10

Lee Holloway (Maggie Gyllenhaal) est une jeune femme issue d'un famille dysfonctionnelle. Après avoir été interné dans un établissement spécialisé suite à un accident du à des automutilations. Elle postule à un poste de secrétaire sans grand espoir. Lors de l'entretien, Elle fait la connaissance de E. Edward Grey (James Spader) qui, contre toute attente, décide de l'embaucher. La relation entre l'avocat et la secrétaire va alors prendre une forme inhabituelle...

Plus de dix ans avant le sur-vendu "Fifty shades of grey", le cinéma hollywoodien nous livrait l’histoire d’un autre Grey. Avocat, à la recherche d’une secrétaire, poste qu’il semble renouveler régulièrement (voir le panneau définitif installé devant son cabinet). E Edward Grey va faire la connaissance de Lee Holloway lors d’un entretien d’embauche.
Empruntée, timide et vivotant dans une famille à problème, Lee est incapable de gérer son mal de vivre et évacue son stress par l’automutilation. Se réfugiant dans sa chambre où elle s'est créée un monde féerique, elle utilise toutes sortes d'instruments pour s'infliger des scarifications qui lui permettent d'extérioriser sa douleur intérieure. Une coupure un peu plus appuyée qu’a l’accoutumée va l’entailler profondément, ce qui lui vaudra un internement psychiatrique.
A sa sortie, elle décide de mettre fin à son comportement malsain et se met en quête d'un emploi. Douée pour la dactylographie, elle postule à un poste de secrétaire. Ressemblant au petit chaperon rouge, Lee pénètre dans le cabinet d’avocat de Grey comme elle entrerait dans la tanière du loup. Loin de ressembler aux décors habituels des cabinets d’avocats, celui-ci est constitué d’éléments naturels (bois, plantes,…) rappelant le côté primaire et animal de celui qui y vit. Au bout d’un long couloir, dont le réalisateur s’amuse à prolonger virtuellement grâce à de longues focales, se trouve le bureau de l'employeur. L’antre va devenir le lieu de la métamorphose de la psyché de Lee.
Bien qu'il tente d'abord de la dissuader de travailler pour lui, E. Edward Grey accepte de donner le poste à la jeune femme. Dominant, obsessionnel et probablement compulsif, l'avocat voit dans cette nouvelle recrue, une sorte de double au caractère totalement opposée. Une relation équivoque va alors se mettre en place de façon progressive (remarque sur les vêtements, sur l’attitude,..) jusqu'à la faute d’orthographe de trop qui va être corrigée par une fessée. La douleur physique, d’abord, présentée comme le symbole du mal de la future secrétaire, va devenir libérateur au contact de l’avocat. Le vilain petit canard se transforme en une femme forte à la féminité assumée. Intégrant totalement leur relation S&M et faisant volontairement des erreurs pour provoquer les punitions, Lee pousse sa soumission bien au delà de l'intérieur du cabinet d'avocat jusqu'à chaque moment de sa vie.
Porté par le jeu de ses deux acteurs principaux dont la complicité éclate à chaque scène, le réalisateur filme leurs relations avec une légère distance apportant un décalage humoristique propre à ne pas verser le sujet dans un drame lourd ou dans un voyeurisme malsain. La scène des «petits pois» est une réussite de décalage absurde tout en marquant la profonde relation qui a fini par s’établir entre les deux personnages. Bien plus que la représentation d’une relation sadomasochiste, le film raconte l'expérience fusionnelle d’une rencontre de deux êtres hors des normes.

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