Un jeune homme a le don rare de reconnaître chaque son qu’il entend. A bord d’un sous-marin nucléaire français, tout repose sur lui, l’Oreille d’Or. Réputé infaillible, il commet pourtant une erreur qui met l’équipage en danger de mort. Il veut retrouver la confiance de ses camarades mais sa quête les entraîne dans une situation encore plus dramatique. Dans le monde de la dissuasion nucléaire et de la désinformation, ils se retrouvent tous pris au piège d’un engrenage incontrôlable.
Antonin Baudry suit un parcours d'études supérieures prestigieux et commence par travailler au gouvernement. Il met à profit son expérience de diplomate pour écrire le scénario de la bande dessinée Quai d'Orsay entre 2010 et 2011. Quittant le monde politique, il scénarise en 2013 le film Quai D'Orsay, tiré de la BD du même nom.
En 2019, il signe sa première réalisation avec Le Chant du loup. Avec ce drame, le réalisateur offre un regain d'énergie pour une production française qui ose à nouveau le cinéma de genre. Grosse production française lorgnant sur celles du cinéma américain, le film évite l'esbroufe inutile et offre un divertissement anti-spectaculaire intelligent et prenant de bout en bout. Le réalisateur mise sur une oeuvre très réaliste, à l'atmosphère étouffante où la tension est palpable tout du long. Le spectateur est le temps du film aux prises avec la marine nationale et son fonctionnement aux travers de trois actes : l'intervention, la menace et l'interception. Ainsi, le film prend le temps de raconter une histoire qui tient la route avec une montée en puissance jusqu'à un final dont il serait difficile de prévoir le dénouement. L'immersion est totale tant visuelle que sonore et le travail de documentation est remarquable. Le souci des détails se ressentant dans chaque plan. Le rythme va crescendo avec des scènes fortes qui impactent immédiatement le spectateur. L'émotion est également au rendez-vous et un léger soupçon d'humour vient parfaire l'ensemble. Une très belle oeuvre cinématographique.
Antonin Baudry signe une réalisation impeccable en tous points. La mise en scène proche des acteurs et cette sensation d'oppression quasi constante tient en haleine le spectateur sur la durée, les décors grandeur nature et numériques, ainsi que les espaces clos, sont d'une incroyable qualité et viennent emporter totalement le spectateur dans le monde de la marine nationale, la photographie est très clinique voire chirurgicale avec des couleurs bleutées presque omniprésente et des tonalités pâles voire blafardes qui rendent le film d'un réalisme saisissant et la bande-son est au c½ur du film voire est un personnage à part entière.
Le film est porté par un casting quatre étoiles. François Civil en tête, il porte le film à la perfection et investit son personnage corps et âme. Quasi mutique, il embarque le spectateur avec lui dans un monde peu connu voire énigmatique et le décrypte pour une immersion garantie. Omar Sy, Reda Kateb et Mathieu Kassovitz sont les grandes têtes d'affiche du métrage et tous les trois composent de superbes personnages. Avec un jeu vrai où l'on sent leur implication à chaque instant, ils délivrent de belles performances justes et remarquables.
Pour sa première réalisation, Antonin Baudry signe une production française qui n'a rien à envier aux productions américaines voire est un cran au-dessus. Au-dessus en termes de d'écriture et de justesse de jeu des acteurs pour une oeuvre cinématographique intelligente. Le tout porté par un casting impeccable, François Civil en tête.
