Critique film
Publié le 31/10/2017 à 17h08 par Kévin Aubin
Le Prix du Succès
7 /10

Brahim est un humoriste en pleine ascension. Sa réussite, il la doit à lui-même et à l'amour qu'il porte à Linda. Bon fils, il soutient les siens depuis toujours. Mais pour durer, Brahim doit sacrifier son grand frère, manager incontrôlable. Si l'échec peut coûter cher, Brahim va payer un tribut encore plus lourd au succès.

Teddy Lussi-Modeste est un réalisateur, scénariste et acteur français. Il est issu de la communauté des gens du voyage. Il entreprend des études de cinéma à La Fémis dont il sort diplômé de la section scénario en 2004. Il est aussi professeur de français. En 2001, il passe à la réalisation avec son premier long-métrage Jimmy Rivière. Ce film fait écho à son milieu d'origine et reçoit de nombreux prix dans des festivals renommés.

En 2017, il repasse pour la seconde fois derrière la caméra avec Le Prix du succès. Le film met en avant la rivalité entre deux frère où le succès de l'un va impacter la vie de l'autre. En s'inspirant de sa propre vie mais dans un contexte différent, le réalisateur étant issu de la communauté des gens du voyage, Teddy Lussi-Modeste signe un drame au sujet intéressant qui manque malgré tout d'ambition. Parler de la réussite d'un homme venant d'un milieu modeste est d'actualité quand on voit le nombre de personnalités issus d'une classe sociale moyenne réussir et devenir une star. Mais il est vrai que l'on parle très peu voire pas du tout de leur entourage familial, vie privée oblige. Le film montre ainsi l'envers du décor, celui que l'on cache et qui au final s'avère être moins reluisant que le succès. Confronter les habitudes de vie d'une famille au succès soudain d'un être aimé est pour le spectateur l'occasion de connaître le prix du succès. Avec intelligence, le réalisateur déroule son histoire en faisant monter la pression avec un rythme crescendo. Les scènes d'intimité entre les deux frères et leur entourage, et celles plus ouvertes sur le grand train de vie sont habilement distillées tout le long du film. A côté de ça, on sent parfois que le film se perd dans ce qu'il raconte voire ce qu'il propose et les rebondissements finissent par tomber à plat. Peut-être un peu trop linéaire et sage, l'histoire manque de mordant et n'a d'incisive que la prestation de ses acteurs. C'est dommage car même avec simplicité les différents messages sont bien passés notamment ceux sur les liens fraternels. Mais plus le film avance moins le spectateur est surpris, et la fin est prévisible.

Pourtant Teddy Lussi-Modeste est bon réalisateur. La mise en scène est certes classique mais efficace, les décors sont de bonne facture, la photographie avec des couleurs assez froides et ternes participent à créer une atmosphère pesant renforçant le propos du film et la bande-son colle à l'émotion des personnages dont celui de Brahim. Une réalisation loin d'être innovante mais qui se suffit à elle-même et convient parfaitement à ce genre de film.

Le film doit beaucoup à ses acteurs qui livrent des performances de qualité. Tahar Rahim est comme toujours parfait quand il s'agit de composer un rôle avec justesse. Un rôle à fleur de peau très convaincant. Roschdy Zem est lui aussi toujours très investit et livre un jeu d'acteur à la hauteur de son talent. Un rôle à contre-emploi du frère violent qui lui va si bien. Mention spéciale à Maïwenn qui sans être complètement effacée, laisse place aux deux acteurs principaux. Elle tient un rôle essentiel et joue juste comme il faut, pour une fois encore briller par son talent d'actrice.

Pour sa nouvelle réalisation, Teddy Lussi-Modeste signe un bon drame qui même s'il manque d'ambition a le mérite de sortir des innombrables films français du même genre. La prestation des acteurs est remarquable et vaut à elle seule le déplacement.

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