Un jeune couple marié de passage dans le Nebraska percute en voiture un jeune homme. Mais il semble qu'on l'ait poignardé avant la collision. Lorsqu'ils rejoignent une zone habitée, c'est un village fantôme qui les accueille. Les seuls habitants de Gatlin sont une bande déterminée d'enfants psychotiques... Leur obsession : exercer leur pouvoir terrifiant sur les adultes, en les exterminant...

Adapté d’une nouvelle de Stephen King, "Les Démons du Maïs" est un de ces films qui marquent plus par leur atmosphère que par leurs effets. Réalisé en 1984 par Fritz Kiersch, il nous plonge au cœur du Nebraska, dans ces routes poussiéreuses où le silence semble plus dangereux que le bruit. Un jeune couple, Burt et Vicky, s’y perd et découvre un village fantôme : Gatlin. Là, les enfants ont pris le pouvoir, guidés par une entité démoniaque nichée dans les champs de maïs.

Ce qui frappe d’abord, c’est cette ambiance étrange et suffocante. Le film prend son temps, presque trop, mais chaque plan semble chargé d’une menace invisible. Le vent dans les épis, le soleil écrasant, les visages fermés des enfants… tout participe à créer une tension rurale unique, loin des artifices modernes du jump scare. C’est une horreur lente, organique, qui pousse ses racines dans la terre et dans l’esprit.

L’idée d’une foi dévoyée donne au film une dimension symbolique forte : ces enfants fanatisés ont remplacé la religion par le culte d’un monstre invisible, "Celui qui marche derrière les rangs". Le film n’en dit jamais trop, et c’est ce mystère qui le rend fascinant. On y lit une critique du fanatisme, de la peur du monde adulte et du pouvoir destructeur de la croyance. L’innocence, ici, est perdue à jamais.

Bien sûr, "Les Démons du Maïs" accuse son âge : jeu parfois figé, effets spéciaux datés, musique typique des années 80. Mais c’est justement ce charme rétro qui lui donne son identité. Le film dégage une sincérité rare, celle d’une époque où l’horreur se construisait avec des idées plutôt qu’avec des effets numériques. Il évoque cette Amérique rurale isolée, à la fois belle et inquiétante, où le mal semble pousser aussi naturellement que le maïs.

En somme, "Les Démons du Maïs" est un conte cauchemardesque et hypnotique, plus poétique que terrifiant, mais inoubliable. Un film qui hante davantage par son ambiance que par ses images. On y revient comme à un vieux rêve qu’on n’arrive pas à chasser, avec ce frisson discret qui fait tout le sel des classiques.