François Foucault, la quarantaine est professeur agrégé de lettres au lycée Henri IV, à Paris. Une suite d’évènements le force à accepter une mutation d’un an dans un collège de banlieue classé REP +. Il redoute le pire. A juste titre.
Olivier Ayache-Vidal démarre comme créatif dans une agence de publicité. Intéressé avant tout par les relations humaines, il commence en 1992 son travail sur l’image et devient reporter photo.Il part en mission pour l’UNESCO et voyage à travers le monde pour l’agence Gamma. En cinq ans, il réalise une trentaine de reportages dans une quinzaine de pays. En 1997, il aborde la fiction en écrivant son premier scénario de bande dessinée. Il crée la série Fox One, traduite en cinq langues et vendue à plus de 90 000 exemplaires. Il signe sa première incursion dans le cinéma en 2002 avec un premier court-métrage, Undercover, récompensée par plusieurs prix internationaux. Va s'en suivre la réalisation d'autres courts-métrages, d'un documentaire, et la mise en scène d'un spectacle vivant. Il est également scénariste sur le plupart de ses réalisations.
En 2017, il signe son premier long avec Les Grands Esprits. Une incursion très documentée sur l'enseignement et plus particulièrement dans un collège de banlieue. On suit le parcours d'un billant professeur de lettres qui va se retrouver parachuté suite à un malentendu dans un lycée de banlieue où les élèves ont du mal avec le système scolaire en place. C'est la découverte aussi bien pour ce professeur émérite que pour les élèves que de se voir confronter au meilleur et au pire. Cette confrontation des classes dans l'enseignement pose des questions sur le système en place et sur la réalité des conditions d'enseignement dans des zones prioritaires. Si le postulat de départ n'est pas nouveau, le film fait preuve d'une justesse incroyable en ce qui concerne l'étude du rapport enseignant/élèves. C'est une véritable leçon de vie et d'espoir à laquelle le spectateur assiste à travers le parcours d'un enseignant pensant tout connaître sur son métier et sur la vie au collège des élèves vivant en banlieue, lieu qu'ils n'ont pas forcément choisi mais qu'ils doivent appréhender chaque jour. Le réalisateur montre ainsi les rapports, les valeurs, les échanges..., avec minutie et tout cela très ancré dans la réalité. Les dialogues sont bien écrits et l'on assiste aussi bien à des moments intimistes lourds de sens et riche en émotion, qu'à des moments plus légers et drôles. C'est léger tout en étant réfléchi, les personnages sont attachants et très humain.
Derrière la caméra, Olivier Ayache-Vidal mène son film avec intelligence. La mise en scène au plus proche des personnages permet au spectateur d'être complètement immergé dans la vie de l'établissement, les décors minimalistes avec pour cadre un collège de banlieue reflète bien la réalité, la photographie à la lumière naturelle permet de mettre en valeur les acteurs et la bande-son est bien pensée entre musiques classiques et commerciales qui sonne toujours juste. Une réalisation classique et efficace qui dans le genre convient parfaitement.
Denis Podalydès trouve un rôle sur-mesure et est juste impeccable. Sans jamais éclipser les autres acteurs, il compose un professeur émérite soucieux des autres à la perfection. Pour l'accompagner, ce sont les élèves du collège où s'est déroulé le tournage qui jouent leur propre rôle. Cela donne plus de crédibilité à l'écran et chacun de ces jeunes acteurs en herbe ne déméritent pas.
Pour sa première réalisation, Olivier Ayache-Vidal signe une comédie dramatique bien documentée sur un sujet qui parle à tous. Les acteurs sont pour la plupart tous novices et c'est justement cette authenticité dans leur jeu qui fait toute la différence. Et quel plaisir de retrouver Denis Podalydès dans un premier rôle à sa mesure à la fois touchant et drôle. A ne pas rater !
