Critique film
Publié le 22/03/2017 à 18h12 par Floriane
Mademoiselle
9 /10

Corée. Années 30, pendant la colonisation japonaise. Une jeune femme (Sookee) est engagée comme servante d’une riche japonaise (Hideko), vivant recluse dans un immense manoir sous la coupe d’un oncle tyrannique. Mais Sookee a un secret. Avec l’aide d’un escroc se faisant passer pour un comte japonais, ils ont d’autres plans pour Hideko...

Trois ans après son film américain "Stocker", Park Chan-Wook nous revient avec cette adaptation du roman "Du Bout des Doigts" de l’anglaise Sarah Waters. Choix surprenant pour le cinéaste du fiévreux "Old Boy" ? Pas tant que ça.

Comme il l’a déclaré lui-même, "Mademoiselle" est un film doux et optimiste. Cette douceur, le metteur en scène a su la transmettre dans chaque geste, chaque regard qu’échangent les deux jeunes femmes. Vient s’ajouter une sensualité subtile par moments (le bain), explosive par d’autres (la scène de sexe). Se sauvant mutuellement d’une vie misérable le lien les unissant touche.

C’est peut-être dans cette délicatesse que les fans du coréen se sentiront perdus. Cependant, le film est aussi un thriller manipulateur. Avec son scénario à tiroir, le récit nous plonge dans une suite de faux-semblants parfaitement imbriqués. On retrouve le côté subversif de Chan-Wook dans les scènes de lecture d’Hideko, dont l’atmosphère vous prendra aux tripes.

Comme pour ses précédents films, Chan-Wook a accordé une grande importance aux décors. Le film ayant été transposé durant la colonisation japonaise des années 30 (le roman se déroulait à l’époque victorienne), les séquences naviguent entre des décors japonais, coréens et anglais. Le plus impressionnant étant la bibliothèque, véritable sanctuaire dans la maison du maître Kouzuki.

Pour sublimer ses actrices et ses décors, Wook enchaîne les mouvements de caméra fluides, mais aussi des gros plans accentuant le jeu de regards des personnages.

Avec "Mademoiselle" Park Chan-Wook a su garder les points forts du roman de Waters, tout en y imposant sa vision singulière. Livrant ainsi son film le plus optimiste et soignée dans sa mise en scène. Sensuel, haletant et puissant, sûrement son meilleur film depuis le magnifique "Lady Vengeance".

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