Critique film
Publié le 13/12/2017 à 10h40 par Kévin Aubin
Numéro Une
8 /10

Emmanuelle Blachey est une ingénieure brillante et volontaire, qui a gravi les échelons de son entreprise, le géant français de l'énergie, jusqu'au comité exécutif. Un jour, un réseau de femmes d'influence lui propose de l'aider à prendre la tête d'une entreprise du CAC 40. Elle serait la première femme à occuper une telle fonction. Mais dans des sphères encore largement dominées par les hommes, les obstacles d'ordre professionnel et intime se multiplient. La conquête s'annonçait exaltante, mais c'est d'une guerre qu'il s'agit.

Tonie Marshall se découvre très jeune une vocation d'actrice. Elle fait ses premiers pas au cinéma en 1972 dans un film de Jacques Demy puis enchaîne les seconds rôles dans les comédies françaises. Ce n'est qu'en 1990 qu'elle passe à la réalisation de son premier long-métrage avec Pentimento. Elle écrit elle-même les scénarios de ses films, souvent des chroniques douces-amères de personnages paumés ou écorchés vifs.

En 2017, elle revient au cinéma avec Numéro Une, comédie dramatique sur l'ascension d'une femme dans les hautes sphères d'une entreprise du CAC 40 dominées par les hommes. Avec un postulat de base d'actualité, la réalisatrice dépeint une vérité sur les conditions des femmes dans les entreprises et surtout la difficulté qu'elles rencontrent pour monter dans la hiérarchie et accéder à un poste de cheffe d'entreprise. Le film n'est pas victimaire envers les femmes mais il est plutôt là pour faire avancer les choses au point qu'elles puissent changer. C'est donc un regard acerbe mais intelligent et réfléchi que porte la réalisatrice sur notre société au travail en dénonçant le sexisme avec subtilité. On sent une réelle volonté de la réalisatrice de dépeindre une vérité tout en la questionnant et pour cela, chaque détail compte et bien évidemment les personnages sont centraux dans le film. Tout s'articule autour de cette femme aspirante à une haute fonction, à ces femmes d'influence qui sont là pour faire bouger les choses, et aux hommes en place dans les hautes sphères sereins de leur avenir tout tracé. Ce sont ces échanges entre les différents personnages, leurs rapports intimes ou publics qui vont se dérouler sous les yeux du spectateur. Un spectateur qui constate un sexisme bien présent et qui s'interroge sur les conditions de travail des femmes aujourd'hui.

C'est une réflexion très actuelle et intéressante à creuser que nous donne à voir la réalisatrice dans son film. Film que Tonie Marshall réalise avec brio. La mise en scène influencée par Margin Call de J.C. Chandor est parfaitement adéquate pour ce genre de film, les décors du CAC 40 révélant la grandeur de puissantes entreprises montrant les bureaux sont bien évidemment de mise, la photographie très pâles avec des couleurs froides est révélatrice d'une atmosphère quasi oppressante où la tension est toujours présente dans ce type de milieu, et la bande-son résonne comme une accablante vérité qu'importe les situations. Une réalisation efficace et menée d'une main de maître par Tonie Marshall.

Emmanuelle Devos est magistrale dans le rôle d'Emmanuelle Blachey, femme brillante et déterminée, que rien n'arrête. Elle s'impose par son authenticité de jeu et son naturel à toute épreuve, juste exceptionnelle. Pour l'accompagner, des acteurs bien connus du public qui malgré l'omniprésence d'Emmanuelle Devos arrivent à tirer leur épingle du jeu. Chacune de leurs apparitions est remarquée et n'est jamais inutile.

Pour sa nouvelle réalisation, Tonie Marshall signe un film intéressant à suivre au sujet d'actualité. Un film qui permet au spectateur de s'interroger sur le sexisme en place et sur les conditions des femmes au travail. Emmanuelle Devos est indéniablement l'atout majeur du film.

  VOUS AIMEREZ AUSSI :
  RECOMMANDATIONS :
  COMMENTAIRES :
Prénom :
Mail :
Votre mail ne sera pas publié  
Code de vérification
:
0 commentaire