Critique film
Publié le 09/03/2018 à 11h30 par Kévin Aubin
Plonger
10 /10

C’est l’histoire d‘un amour total entre César et Paz. Paz, photographe espagnole, nourrit une soif de rencontres, d’expériences et de voyages, alors que César, ex-grand reporter de guerre, souhaite à l’inverse s’extraire du tumulte du monde. Paz est enceinte, cette perspective l’angoisse, l’étouffe. Elle semble s’éloigner chaque jour un peu plus de César, comme obsédée par quelque chose qui lui échappe. Jusqu’au jour où elle disparaît, laissant son enfant et César sans véritable explication.

Mélanie Laurent débute au cinéma en 1999 avec un rôle dans le drame Un Pont entre deux rives, porté par Gérard Depardieu et Carole Bouquet. La jeune actrice se révèle en 2002 en incarnant la petite amie de Gaspard Ulliel dans le Embrassez qui vous voudrez de Michel Blanc. Mélanie Laurent emprunte alors un parcours plutôt atypique. Elle joue à la fois en France mais s'exporte également à l'étranger. En 2007, elle obtient le César du Meilleur espoir féminin pour sa prestation dans Je vais bien, ne t'en fais pas. Dès lors très demandée, elle enchaîne les rôles dans différents genres de films. Elle est notamment à l'affiche d'Inglorious Basterds de Quentin Tarantino. En 2011, elle passe pour la première fois derrière la caméra où elle se met en scène dans Adoptés. Particulièrement impliquée dans la préservation de l’environnement, elle co-réalise en 2015 le documentaire Demain, présenté au Sommet Mondial sur le Climat à Paris.

Moins présente à l'écran ces derniers temps, elle revient en 2017 avec une nouveau réalisation, Plonger, qui raconte l'histoire d'amour intense entre une photographe espagnole et un ex-reporter de guerre. Avec Plonger, Mélanie Laurent adapte un livre pour la deuxième fois après Respire. Il s'agit du roman du même nom de Christophe Ono-Dit-Biot paru en 2013. Mélanie Laurent condense un roman de 500 pages pour se concentrer sur l'essentiel. Elle construit son histoire en deux parties : la relation amoureuse entre Paz et César en apprenant à découvrir ses deux êtres et plus particulièrement Paz, et la quête de César suite à la disparition de sa bien-aimée. Le résultat à l'écran est sublime. Dès les premières minutes, le spectateur est plongé dans cette passion dévorante d'un homme et d'une femme qui s'aime à la folie. C'est beau, simple et évocateur de sentiments transcendants. Transcendants dans le sens où les émotions du couple sont décuplées par leur amour inextinguible. Et le spectateur vit avec eux, s'émeut et est comme happé par ce duo amoureux. Jamais un amour n'aura été aussi fort et prenant que celui montré dans ce film. On apprend à découvrir Paz et César, à sonder leur intime et leur personnalité. Au-delà de l'histoire d'amour, la réalisatrice nous donne à voir la manière d'être et les ressentis de ces deux personnages. Viens ensuite l'événement qui va tout faire basculer, où Paz disparaît sans crier gare. Une fracture dans la trame narrative à l'impact fort qui voient contrebalancer la première partie. Le film devient alors un drame puissant sur la recherche de l'être aimé, du temps passé, des questions sans réponses, et surtout une plongée sur la quête de vérité. Cette seconde partie est tout aussi évocatrice que la première dans ce qu'elle nous donne à voir et à ressentir. Le spectateur passe par d'autres émotions et est maintenu en haleine jusque dans les dernières secondes. L'ensemble du film est vrai, ne cherchant jamais l'esbroufe ou l'inutile. Chaque scène compte, est pensée pour marquer le spectateur, et se présente à lui simplement. Une histoire fictionnelle des plus réalistes.

En qualité de réalisatrice, Mélanie Laurent a l'art et la manière de magnifier son œuvre. La mise en scène est somptueuse tel un enchaînement de tableaux que l'on prend plaisir à contempler, les décors entre l'intime Paris et la grandeur d'Oman participent à l'immersion du spectateur dans l'histoire, la photographie joue d'une lumière changeante, claire-obscure dans la première partie du film et éclatante dans la seconde, et la bande-son alterne entre des moments musicaux très marqués et des mélodies légères presque inaudibles. Une réalisation maîtrisée de bout en bout qui participe sans conteste à la réussite du métrage.

Un métrage qui doit également énormément à son duo d'acteurs principaux. Gilles Lellouche est là où on ne l'attend pas dans un rôle un peu à contre-emploi de ce qu'il a l'habitude de jouer. Il campe un homme qui ne vit que par les yeux de sa femme, cette femme qu'il aime à la folie mais qu'il ne comprend pas. Un rôle magnifique et poignant qu'il interprète avec brio. Face à lui, Maria Valverde, actrice espagnole composant ici son premier grand rôle dans le cinéma français, est la révélation du film. Elle campe une femme d'une culture différente de celle de César, qui a du mal à trouver sa place. Un rôle en or pour cette actrice belle au naturel qui crève l'écran. Un investissement sans faille des deux acteurs où la combinaison de leur talent s'exprime à merveille face caméra.

Pour sa nouvelle réalisation, Mélanie Laurent signe un film humainement puissant, poignant et des plus réalistes. Le spectateur est convié le temps d'un instant à une passion de deux êtres formidablement mis en scène. Et que dire des prestations quasi-mutiques des deux acteurs principaux. Immanquable !

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