Critique film
Publié le 01/04/2019 à 19h19 par Kévin Aubin
Si Beale Street Pouvait Parler
9 /10

Harlem, dans les années 70. Tish et Fonny s'aiment depuis toujours et envisagent de se marier. Alors qu'ils s'apprêtent à avoir un enfant, le jeune homme, victime d'une erreur judiciaire, est arrêté et incarcéré. Avec l'aide de sa famille, Tish s'engage dans un combat acharné pour prouver l'innocence de Fonny et le faire libérer…

Barry Jenkins, après des études de cinéma, réalise un film indépendant à petit budget qui est nommé pour plusieurs prix. Par la suite, il écrit des scénarios pour la série The Leftovers. En 2016, sort son second long-métrage, Moonlight qui le propulse sur le devant de la scène. Le film obtient l'Oscar du meilleur film en 2017.

En 2019, il revient avec Si Beale Street pouvait parler, adapté du roman du même nom de James Baldwin. Le réalisateur poursuit sa quête de réhabilitation des minorités et offre aux spectateurs une histoire d'amour inoubliable. Tel un plaidoyer romancé à l'égard de la population afro-américaine, Barry Jenkins déroule son message social et politique tout le long de son film, et ce, dans un contexte sans ambiguïté. Le spectateur assiste à une histoire tragico-romantique retranscrite à l'écran de la plus belle des façons. Le temps d'un instant, le spectateur vit au rythme de cette histoire où la narration non-linéaire déconcerte mais permet d'appuyer entre des moments contemplatifs et des moments plus énergiques. L'aspect dramatique est bien présent et confère au film une richesse émotionnelle finement amenée. Le rythme lent permet d'apprécier pleinement toutes suspensions et les ruptures qui parsèment le récit. Certains y verront un maniérisme limite maladif de la part du réalisateur mais qui insuffle une beauté au métrage dont on ne saurait y voir un quelconque défaut. L'esthétisme ayant une part importante tout du long. Les dialogues rendent justice à l'oeuvre de James Baldwin et les nombreux close-up des différents acteurs sont formidables. Une puissance à la fois poétique et lyrique se fait sentir pour une oeuvre lumineuse qui n'oublie pas d'être intelligente.

Barry Jenkins possède déjà sa carte de grand réalisateur en imposant une nouvelle fois sa patte artistique. La mise en scène est sublime, les décors imprègnent le spectateur de l'ambiance à la fois romantique et dramatique du métrage, la photographie compose de véritables tableaux et la bande-son est divine. Une réalisation parfaite en tous points.

Les deux interprètes principaux, quasi-inconnus du public, sont excellents. KiKi Layne et Stephan James ont un jeu nuancé qui fait du film un émouvant portrait d'un jeune couple passionné, résigné et lumineux. Les nombreux seconds rôles qui jonchent le film sont eux aussi très bons avec des apparitions remarquées. Leur rôle respectif étant écrit pour les mettre en valeur.

Pour sa nouvelle réalisation, Barry Jenkins signe une oeuvre poignante, riche de maîtrise et d'émotion où le temps s'arrête pour contempler cette histoire d'amour qui n'oublie pas de faire passer des messages. Une superbe adaptation.

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