Critique film
Publié le 05/10/2017 à 15h48 par Floriane
Thelma
8 /10

Thelma, une jeune et timide étudiante, vient de quitter la maison de ses très dévots parents, située sur la côte ouest de Norvège, pour aller étudier dans une université d'Oslo. Là, elle se sent irrésistiblement et secrètement attirée par la très belle Anja. Tout semble se passer plutôt bien mais elle fait un jour à la bibliothèque une crise d'épilepsie d'une violence inouïe. Peu à peu, Thelma se sent submergée par l'intensité de ses sentiments pour Anja, qu'elle n'ose avouer - pas même à elle-même, et devient la proie de crises de plus en plus fréquentes et paroxystiques. Il devient bientôt évident que ces attaques sont en réalité le symptôme de facultés surnaturelles et dangereuses. Thelma se retrouve alors confrontée à son passé, lourd des tragiques implications de ces pouvoirs...

Présenté au dernier Festival de Toronto, ainsi qu'à L'Etrange Festival, "Thelma" le dernier film de Joachim Trier est une petite claque venue du nord, comme on aimerait en découvrir plus souvent.

Pour son quatrième long métrage le cinéaste norvégien retrouve son thème qui parcourt son ½uvre depuis son premier film ("Nouvelle Done") : la construction de l'identité. Mais pour "Thelma" il ajoute à son scénario une touche de fantastique. Il mélange avec brio la période de l'adolescence avec son lot de nouvelles expériences déstabilisantes à la découverte du surnaturel. On pense forcément à "Carrie" avec ce portrait de jeune femme aux pouvoirs effrayants étouffée par un univers familial toxique. Mais Trier se distingue par l'émotion délicate distillée au fil de son récit. Le réalisateur noue une intrigue subtile et sensuelle autour de Thelma sans jamais verser dans le tape à l'½il que peut avoir un De Palma. La découverte des sentiments se mêlant à l'apparition du surnaturel crée un tourbillon d'émotions, où le symbolisme pointe le bout de son nez pour emmener le film encore plus loin qu'un simple récit d'émancipation.

Pour conter l'histoire de cette jeune adolescente et la naissance de cet amour, Trier nous plonge dans son univers avec une mise en scène gracieuse à la limite parfois du lyrisme. Il s'en dégage une ambiance hypnotique alliant la puissance (les visions cauchemardesques) à la sobriété touchante (les scènes entre les deux jeunes femmes). La beauté de la mise en scène se suffit tellement à elle-même que la musique à la limite de l'expérimental de Ola Fløttum est souvent envahissante.

Pour incarner son héroïne, le cinéaste a choisi Eili Harboe ("The Wave"). La jeune norvégienne est à la fois glaçante de mystère et émouvante. Elle joue la frustration, le désir mêlé à la culpabilité avec une justesse qui rend les deux heures de film passionnantes. On espère revoir cette actrice au talent indéniable sur d'autres projets. Face à elle Okay Kay, dont c'est le premier rôle, complète un couple à la sincérité touchante. On notera aussi Henri Rafaelsen et Ellen Dorrit Petersen dans le rôle des parents toxiques qui arrive à éviter la caricature.

Sous le parcours initiatique d'une jeune adolescente teinté de fantastique, "Thelma" évoque avec élégance l'acceptation de soi, le désir et la toxicité de certaines sphères familiales.

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