Test jeu vidéo
Publié le 27/07/2020 à 10h44 par Pikminouchon
Ghost of Tsushima
8 /10
PLATEFORME
ÉDITEUR DU JEU VIDÉO

ACTION

Voilà sans doute la dernière flèche dans le carquois de Sony pour sa vieillissante PS4. En chantier depuis 6 ans chez l'américain Sucker Punch, le papa des séries "Sly Racoon" et "Infamous", "Ghost of Tsushima" ("GoT" pour les intimes...) change complètement de registre (même si l'infiltration tient toujours une belle place de choix) et arrive pile à l'heure pour le chant du cygne du monolithe noir de Sony...

Vous incarnez un samouraï solitaire, Jin Sakai, tentant de repousser l'envahisseur mongol de l'île japonaise de Tsushima. Ces derniers, trop nombreux, ont massacré les vaillants frères d'armes de Jin, asservi la population locale et emprisonné l'oncle et mentor de Jin, le seigneur Shimura. Votre première mission sera de trouver les meilleurs alliés pour voler au secours de votre oncle, retenu dans une forteresse imprenable et à la merci d'un Khan sanguinaire... Ce n'est que par la suite que vous pourrez, peut-être, chasser les mongols de vos terres et restaurer l'ordre.

Ce qui saute d'abord aux yeux dans cette production épique, c'est sans aucun doute sa beauté plastique : il faudrait défricher le dictionnaire des synonymes pour rendre justice au colossal travail effectué par les développeurs. L'île de Tsushima est superbe, parfaitement conçue dans ses nombreux détails où tout est fait pour distraire le joueur entre 2 missions. Le nombre de recherches pour retranscrire au mieux le japon féodal force le respect : rien n'a été laissé au hasard. Que ce soit l'architecture, le mode de vie de l'époque, les vêtements, l'artisanat... Tout a été pensé dans un seul but : immerger rapidement le joueur dans cette histoire de vengeance et de libération. Si les habitations se ressemblent toutes un peu, il en va autrement des décors traversés par le samouraï : à pied ou à cheval, les paysages déroulent leur plus beaux atours, champs, forêts, rivières, montagnes... A cette splendeur s'ajoutent les conditions climatiques, changeantes, ainsi que le traditionnel cycle jour-nuit. C'est précisément à cette occasion que le moteur du jeu se déchaîne, en affichant des effets de lumière et de réverbération tout simplement fabuleux et qu'un mode "photo" vous permettra d'immortaliser à l'envie. Le soleil filtrant à travers les forêts de bambous, les feuilles de gingko qui virevoltent sur les pavés détrempés des temples perdus, les reflets des petites rivières aux eaux fraîches qui vous éblouissent sous la lune crépusculaire... Ce jeu vous rendra lyrique et contemplatif !

"Ghost of Tsushima" reste toutefois un open-world assez classique dans sa structure : des missions obligatoires à remplir, faisant office de fil narratif, et une multitude de missions annexes, parfaitement optionnelles, permettant de renforcer vos stats ou votre équipement. L'ensemble s'articule de façon très souple en passant par la carte : votre choix se portera librement sur un point précis de la map et le vent vous y portera ! C'est la grande et poétique idée de ce jeu : utiliser le vent comme un véritable GPS ! En caressant le pavé tactique, la brise souffle et vous montre la direction à prendre pour atteindre votre prochain objectif. En bonus, les herbes, les feuilles, le pollen voltigeront dans tous les sens et raviront vos mirettes, rendant le jeu toujours plus joli et expressif.

Cela dit, la vie d'un samouraï n'est pas faite que de contemplation ou de haïku (mini-jeu mettant en valeur l'aspect graphique et métaphorique de GoT...) : il y a aussi beaucoup de combat à l'arme blanche et de sang qui tâche ! A vous de voir si vous allez suivre le Bushido à la lettre ou le trahir : formé par son oncle disparu, Jin hésitera souvent à faire une entorse à la voie du samouraï, celle qui demande de respecter son adversaire et de le tuer "les yeux dans les yeux". Au contact de la belle Yuna, notre héros va se rendre compte que la voie du ninja est parfois plus efficace et plus rapide que celle, finalement plus bourrine, du samouraï. Même si le scénario vous forcera parfois la main, il n'appartient qu'à vous de choisir votre façon de combattre : le samouraï annonce la couleur en provoquant ouvertement ses ennemis, le ninja, c'est bien connu, est adepte du stealth kill. A vous de voir, donc, même si, à l'usage, y aller en douceur et en catimini est souvent plus payant, ne serait-ce que pour que les mongols épargnent d'éventuels otages...
Un arbre de compétence permet bien entendu d'étoffer vos techniques, votre arsenal ou vos postures, si vous les avez débloquées. Pour cela, il ne faut jamais hésiter à défendre la veuve et l'orphelin ou à libérer des villages occupés. C'est non seulement l'occasion de nourrir votre légende et votre réputation, mais aussi d'apprendre de nouvelles techniques de combat en supprimant suffisamment de chefs mongols. Ces postures vous faciliteront la tâche car elles permettent d'adapter votre art du sabre à l'adversaire qui vous fait face. Finalement, les combats ne sont qu'un gigantesque système de "pierre-caillou-ciseau" : il faut jongler et varier les attaques en fonction de l'arme de l'ennemi (épée, arc, masse, lance...). Prendre le temps d'observer les postures ennemies deviendra rapidement un réflexe salvateur et dictera votre conduite : attaque (rapide et faible ou puissance et lente), contre (gare au timing !) ou esquive (si les voyants ennemis sont au rouge!).
C'est globalement jouissif et vite expédié si vous êtes habile (la remarque est valable dans les deux sens !) mais les combats révèlent aussi les (rares!) aspects médiocres du jeu : l'impossibilité de locker l'adversaire et une caméra qui s'affole dans les endroits exigus. On finit par s'y habituer, bien sûr, mais les combats auraient gagné en efficacité sans cette saleté de caméra à gérer, et sans compter les obstacles qui vous barrent la vue : dommage ! Il ne reste plus qu'à se faciliter la tache en (ab)usant des armes secondaires (kunai, bombe collante, fumigène...) pour envoyer les vilains ad patres plus rapidement.
Véritable promenade de santé en "easy", le jeu est bien plus exigeant et donc réaliste, dans les niveaux de difficultés supérieurs. En cas de défaite, sachez que les loadings sont extrêmement rapides et optimisés : vous serez replongé illico dans l'action. Une sacrée performance technique, il faut bien l'avouer, vu la complexité et la richesse du jeu !

Le fantôme de Tsushima n'est pas qu'endurant pendant les combats, il tient formidablement la route sur la longueur : l'histoire est passionnante et les personnages crédibles, voire attachants. Mention spéciale pour l'impeccable doublage français assuré, concernant Jin Sakai, par le doubleur officiel de Matt Damon, Damien Boisseau. Le passé de Jin est parfois raconté sous forme de flash-backs malins qui en profitent bien souvent pour faire du tutoriel déguisé ou pour recontextualiser l'enjeu du récit et les exigences de la vie d'un samouraï vertueux.
Pour les puristes, les voix japonaises sont d'ailleurs également disponibles et il y a même un filtre graphique rappelant les mythiques films de Kurosawa Akira, histoire de bien s'ambiancer !
Classiquement, les missions secondaires enrichissent en permanence le lore du jeu et il y a des tas de bricoles à ramasser dans les décors (provisions, fer, lin, fleurs...) : n'hésitez pas dès le départ à en accumuler beaucoup et de toutes sortes, les forgerons et autres armuriers étant particulièrement avides de matières premières! Si vous ne voulez pas entrer dans cette vile approche mercantile, certaines missions permettent d'obtenir de l'équipement robuste clef en main et des petits renards vous récompenseront de divers omamori si vous honorez leur autel... A vous de forger votre samouraï invincible (comme son cheval d'ailleurs !) et classieux.

Si on y regarde bien, en matière de gameplay, "Ghost of Tsushima" n'invente rien et reprend ce qui a fait le succès des meilleurs Open-worlds : le système d'infiltration de "Metal Gear V" ou "The Last of Us" (pour voir les ennemis à travers les murs...), l'exploration d'"Assassin's Creed", les enquêtes et les traques de "The Witcher 3", la cohésion du monde ouvert de "Horizon"... Il mélange le tout, le saupoudre d'un contexte nippo-féodal fort bien documenté et sert bien frais ! Parfaitement réalisé et maîtrisé, il est également une déclaration d'amour au Japon, à ses coutumes et ses traditions ancestrales. L'ambiance sonore, délicate, parfaitement dans le ton et qui sait souvent se faire absente, finira par vous charmer ! Une vision occidentale des samouraïs révérencielle, érudite et follement fun que l'on vous recommande très chaudement...
+
LES POINTS FORTS
LES POINTS FAIBLES
-
+ BEAU À SE FAIRE HARA-KIRI !

+ UN VÉRITABLE PLONGEON DANS L'HISTOIRE FÉODALE NIPPONE

+ EFFICACE EN DIABLE

+ BELLE ET DÉLICATE AMBIANCE SONORE

+ EXCELLENTE VERSION FRANÇAISE

+ COMBATS AU SABRE JOUISSIFS

+ LOADINGS FANTÔMES !
- ...MAIS UN PEU BROUILLON DANS LES RECOINS

- OÙ EST LE LOCK ?!

- PAS SI ORIGINAL QUE ÇA
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