Il était attendu avec impatience par les possesseurs de la surpuissante PS5 qui se demandaient si le jeu allait subir un downgrade après les divers trailers, techniquement tous plus impressionnants les uns que les autres... Inutile de faire durer le suspense : oui, "Rift Apart" tient toutes ses promesses mais non, il ne réinvente pas la licence. Explications...

Nous retrouvons avec beaucoup de plaisir Ratchet, le mercenaire félin, et Clank la boîte de conserve cynique. Après un remake PS4 réussi, ce nouvel épisode se risque à développer une nouvelle histoire et de nouveaux personnages. Le Dr Néfarious a encore fait des siennes et des failles dimensionnelles se sont subitement multipliées dans le monde de nos héros. Il va donc falloir réparer les bêtises du méchant de service, visiter de multiples environnements, et rencontrer au passage des personnages attachants, plus ou moins connus. Prenez Rivet, par exemple : il s'agit du double dimensionnel de Ratchet avec laquelle Clank devra, bon gré mal gré, faire équipe... Très réussie, elle apporte d'un coup beaucoup de fraîcheur à une série qui commençait peut-être à tourner un peu en rond. Les quiproquos, le rythme et surtout l'humour de la saga ont été bonifiés, améliorés : à n'en pas douter, Rift Apart est l'épisode de la maturité, le plus réussi de la série aussi. Le rythme est tellement bien réglé, les vannes si bien écrites, qu'il est très difficile de s'arrêter de jouer, manette en main.

Pourtant, le déroulement du jeu n'a pas changé d'un boulon : il s'agit toujours d'un titre qui mêle la baston au corps à corps, le tir et la plate-forme, le tout ponctué de quelques énigmes (pour Clank) et par de (rares) quêtes annexes. Sur ce point, les talentueux développeurs d'Insomniac sont allés à l'essentiel : il n'y a pas grand chose à gratter en dehors de la quête principale, si ce n'est quelques boulons supplémentaires (les améliorations de la douzaine d'armes coûtent toujours aussi chers...), la recherche des fameux boulons dorés ou quelques costumes optionnels... Seule l'arène a un petit goût de revenez-y pour peu que vous gouttiez à son challenge au long court. Pour le reste, le joueur se satisfera sans doute d'un rythme effréné, d'une superbe mise en scène ou de panoramas grandioses.

Concernant ces derniers, la claque graphique prend son temps avant de se faire sentir. Mais au bout de 2 ou 3 heures de jeu, on comprend bien que les développeurs ont voulu passer à la vitesse supérieure et fracasser quelques mâchoires. L'ambiance graphique est clairement un gros point fort du jeu avec une direction artistique irréprochable, dans le pur style "Ratchet et Clank"... Ne vous attendez d'ailleurs pas à un immense monde-ouvert : Rift Apart propose de vastes "couloirs" et des zones plus étendues à explorer. Tout est fait pour dépayser le joueur, pas pour le perdre en cours de route ! Même si les failles dimensionnelles apportent une originalité bienvenue, les habitués de la série ne seront pas bousculés dans leurs habitudes.
Dans la même veine, on retrouvera la sélection d'armes déjantées, toutes assez spécifiques (même si la boule à facettes a malheureusement disparue des radars...) : elles participent clairement au plaisir de jeu, surtout si on prend en compte les retours haptiques de la manette. Evidents sur les tirs en rafale, ils se montrent plus subtils quand votre chargeur est à bout de souffle : plus besoin de jeter un œil sur l'écran, la gâchette se libère de toute pression et vous "sentez" que vous ne tirez plus. Pratique et efficace, côté immersion !
On regrettera tout de même que les dernières armes obtenues (notamment celle avec les boulons dorés), peut-être les plus sympas, n'arrivent qu'à la toute fin de l'aventure et qu'on en profite finalement très peu, hors New Game Plus...
Côté haptique, mention spéciale aux vibrations gauche-droite de la Dualsense quand le joueur se déplace : le genre de petit détail qui devient vite incontournable avec ces nouvelles technologies.

Construit comme un buddy movie classique et profitant des mêmes codes scénaristiques, "Ratchet et Clank : Rift Apart" est très bien écrit et doublé avec panache ! La version française est excellente, humoristique et on sent que les doubleurs ont pris beaucoup de plaisir à nous faire partager les péripéties de nos héros galactiques. Celles-ci s'étalent sur une bonne quinzaine d'heures en ligne droite mais vous aurez sans doute le loisir de prolonger vos recherches en fouillant les décors, voire en vous attardant sur un mode photo particulièrement judicieux devant tant de beauté esthétique...
Indéniablement, la PS5 permet ce qui semble impossible sur les consoles old-gen : les changements dimensionnels, prétexte de l'aventure, se font en un clin d'œil et vous basculez en un instant d'une ambiance à une autre. Finis les temps de chargement, le rythme devient échevelé, on est happé par le récit. Et quel pied de courser vos ennemis en traversant 3 dimensions à la suite, sans omettre de tout détruire au passage ! Indéniablement, la nouvelle machine de Sony fait montre de puissance, et vous pourrez même pousser un peu plus le curseur avec le mode Performance, affichant un 60fps désormais indispensable. Cela dit, le mode fidélité en 30fps rend déjà très bien.

Vous l'aurez compris, ce nouvel épisode de "Ratchet et Clank" remporte tous les suffrages et s'impose désormais comme le maître-étalon de la série. Accessible à toute la famille avec ses multiples modes de difficultés, il propose une histoire simple et sympa, des personnages inoubliables (dont l'excellente Rivet) et, surtout, une action non-stop dans des décors inspirés. En somme, la nouvelle production d'Insomniac en met plein les yeux et fait son job : nous accrocher une banane du début à la fin. La première vraie killer-app de la PS5 !