Critique film
Publié le 05/07/2021 à 15h25 par Camille
Incitement
8 /10

En septembre 1993, le premier ministre israélien Yitzhak Rabin annonce les accords d'Oslo, qui visent à parvenir à une paix durable entre les Israéliens et les Palestiniens après des décennies de conflit. Etudiant en droit et juif orthodoxe dévoué, Yigal Amir ne peut pas croire que le dirigeant de son pays cédera un territoire que lui et beaucoup d'autres croient être le leur au nom de "la parole de Dieu". Alors que la perspective d'un compromis pacifique approche, Amir passe du statut de militant politique à celui d'extrémiste dangereux. Convaincu qu'il doit arrêter la signature du traité de paix afin d'accomplir son destin et apporter le salut à son peuple, Amir ne voit plus qu'une seule issue : assassiner Yitzhak Rabin.

Le nouveau film de Yaron Zilberman (Le Quatuor, 2012) nous renvoie quelque temps avant la mort de l’ancien Premier ministre Israélien : Yitzhak Rabin, assassiné le 4 novembre 1995 à Tel Aviv lors d’une manifestation pour la paix.

Ce film biographique est assez particulier car il suit en fait le meurtrier, un extrémiste religieux nommé : Yigal Amir.
Le réalisateur tente de faire le portrait de cet étudiant devenu assassin à force de radicalisation. Le climat politico-social dans lequel nous replongeons grâce à Yaron Zilberman et ses co-scénaristes : Ron Leshem et Yair Hizmi, est celui d’une guerre idéologique et civile, entre les Israéliens laïcs et ceux religieux opposés aux accords d’Oslo (13 septembre 1993).

L’extrémisme et les idées sanglantes de Yigal Amir se dessinent dès le début du film. Il semble que le scénario ne se concentre pas tant sur l’évolution de ses idées extrémistes mais plutôt sur le rapport de son entourage face à celles-ci.
Le nom du film : Incitement semble précisément se former dans ce rapport de silence face à la parole de Yigal Amir. L’incitation vient aussi des nombreuses prises de paroles de religieux qui appellent le peuple à la révolte et à la vengeance. Seul son père s’inquiète du nouveau visage de son fils et de la direction sanglante vers lequel il se dirige. Prédisant des répercussions sur plusieurs générations si un tel acte devait se passer.

La réalisation et le montage parfaitement entrecoupé d’images d’archives, appuient sur ce sentiment d’appel à la violence à l’encontre de Yitzhak Rabin. Le réalisateur semble vouloir nous montrer un Yigal Amir se levant pour porter la parole et la violence de cette nation israélienne scindée.

Avec ce film, le réalisateur et les scénaristes réussissent à faire le portrait d’un meurtrier porté par ses propres dérives interprétatives et par une parole publique et religieuse très agressive, qui semble confirmer son choix de la violence. Signant ainsi un film puissant et très révélateur des dynamiques qui secouent encore le pays aujourd’hui. Le constat est sans appel. Ici la radicalisation ne se fait pas dans l’isolation et le manque d’entourage pour supporter ce jeune homme, mais bien dans un acquiescement silencieux et dans le refus de voir que les paroles ne font que précéder les actes.

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