Critique film
Publié le 29/07/2025 à 12:24 par Grégory

Rêves Sanglants

Affiche
6,5 /10
Un malade mental suicidaire, The Sender, transforme ses terribles cauchemars en réalité en choisissant des récepteurs pour ses pensées démentes à l'hôpital du coin.
Sorti en 1982 sous le titre français "Rêves Sanglants", "The Sender" est un film d’horreur psychologique réalisé par Roger Christian, connu pour avoir été directeur artistique sur "Star Wars" et "Alien". Il signe ici un premier long-métrage étonnamment maîtrisé, à mi-chemin entre thriller psychiatrique et cauchemar introspectif. L’histoire suit un jeune homme amnésique, interné après une tentative de suicide, incarné avec une étrange intensité par Željko Ivanek, alors inconnu. Face à lui, Kathryn Harrold, dans le rôle d’une psychiatre rationnelle mais vite débordée par des événements qu’aucune science ne peut expliquer : des hallucinations collectives, des objets qui se déplacent seuls, et surtout, une vérité que personne ne veut entendre.

Ce qui frappe, dans "Rêves sanglants", ce n’est pas tant l’horreur frontale – il y a peu de sang – mais la tension diffuse, presque clinique. Le film prend son temps, installe ses personnages dans une atmosphère froide, presque aseptisée, pour mieux laisser le malaise s’infiltrer. On navigue dans un hôpital psychiatrique où le surnaturel semble naître du refoulé, des traumatismes que même les médicaments ne peuvent contenir. La mise en scène, sobre et élégante, évite les effets faciles. Certaines séquences – un repas qui tourne au chaos, une mère glaçante incarnée par Shirley Knight – restent longtemps en mémoire, comme des rêves dérangeants qu’on peine à chasser au réveil.

Il y a quelque chose de profondément humain dans la manière dont "The Sender" aborde la folie. Pas de jugement, pas de monstruosité gratuite. Juste un jeune homme dépassé par ce qu’il porte en lui, et une femme qui tente de le comprendre avant qu’il ne soit trop tard. Le film interroge la frontière entre ce que l’on croit percevoir et ce que l’on refoule, dans un style sobre, presque européen. Il évoque Cronenberg par moments, sans jamais copier. Une œuvre discrète, mais sincère.

En conclusion, "Rêves sanglants" est un film injustement oublié, bien plus subtil que ne le laisse penser son titre français un peu racoleur. À une époque où l’horreur jouait souvent la surenchère, Roger Christian livrait un récit lent, dérangeant, mais profondément humain. Un film qui mérite d’être redécouvert, surtout si l’on aime les cauchemars feutrés, les tensions psychologique et les récits où l’invisible est peut-être plus réel qu’on ne le croit.
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