Critique film
Publié le 25/02/2020 à 16h27 par Floriane
Invisible Man
9 /10

Cecilia Kass est en couple avec un brillant et riche scientifique. Ne supportant plus son comportement violent et tyrannique, elle prend la fuite une nuit et se réfugie auprès de sa sœur, leur ami d'enfance et sa fille adolescente. Mais quand l'homme se suicide en laissant à Cecilia une part importante de son immense fortune, celle-ci commence à se demander s'il est réellement mort. Tandis qu'une série de coïncidences inquiétantes menace la vie des êtres qu'elle aime, Cecilia cherche désespérément à prouver qu'elle est traquée par un homme que nul ne peut voir. Peu à peu, elle a le sentiment que sa raison vacille…

Dans les années 30, la Universal faisait sensation avec son “Universal Monsters”. Une série de films à l’univers partagé mettant en scène les monstres célèbres de la littérature classique, comme Dracula, le monstre de Frankenstein ou encore L’Homme invisible. En 2017, le célèbre studio retente le coup et annonce le commencement d’un nouveau monde, le “dark universe”. Et pour le lancer le studio mise tout sur “La Momie” avec Tom Cruise en tête d’affiche. Problème, le film est un flop critique et public. Le “dark universe” est très vite abandonné, mais pas l’idée de remettre sur le devant de la scène ces monstres légendaires. Et c’est là qu’arrive “Invisible Man” de Leigh Whannell. Produit en partenariat avec la boîte de Jason Blum, Blumhouse, à qui l’on doit "Split" et "Get Out", le projet s’éloigne du blockbuster pour mieux revenir vers l’approche psychologique des années 30. Bonne idée ou reedit inutile ? Verdict.

Dès sa première séquence suffocante dans laquelle, Cecilia (Elizabeth Moss) prépare son évasion de sa prison physique et mentale, le réalisateur et scénariste Leigh Whannell (“Saw”, “Insidious”) pose de manière efficace les intentions de son film : montrer les violences faites aux femmes. En partant de cette base, “Invisible Man” revient aux origines de ces monstres qui sont depuis leurs débuts vecteurs de sujets sociaux et politiques. Et là où utiliser l’homme invisible comme une métaphore des violences faites aux femmes aurait pu être casse gueule, Whannell en tire un film brillant en jouant sur l’invisible de ce genre de situation. Le film évacue très vite le fantastique pour faire de l’homme invisible un monstre de la vraie vie. La peur envahit alors chaque plan. Une menace invisible, mais que beaucoup de femmes ne connaissent que trop bien.

Pour créer l’angoisse, la mise en scène de Whannell alterne des scènes statiques où l’on scrute angoissé le décor à la recherche d’une possible menace, à d’autres se concentrant sur le visage de Cécilia. Et là, une autre terreur s’empare de nous. Une terreur communiquée par la performance sans faute de Elisabeth Moss. L’actrice impressionne par la justesse de son jeu dans les scènes face caméra ou celles plus spectaculaires. D’une grande précision, la réalisation n’est jamais tape à l'oeil, car elle sert toujours intelligemment le récit. Presque sans jumps scared faciles, “Invisible Man” contient les scènes les plus angoissantes du cinéma de ces dernières années.

Mais la mise en scène aurait été beaucoup moins puissante sans un scénario de qualité. Écrit par Whannell, celui-ci est d’une grande intelligence pour montrer ce qui est d’habitude caché (les femmes battues, les relations toxiques). Il use aussi intelligemment des twists pour surprendre le spectateur, mais aussi aller plus loin dans son propos en mettant en avant un système qui ne croit presque jamais les femmes. Et dans ce sens, la fin suscitera sûrement des débats enflammés.

“Invisible Man” de Leigh Whannell impressionne par sa faculté à revenir aux sources d’un personnage classique pour mieux l’utiliser en métaphore d’un sujet contemporain (les violences faites aux femmes). Un film terrifiant porté par une grande actrice, Elizabeth Moss.

  VOUS AIMEREZ AUSSI :
  RECOMMANDATIONS :
  COMMENTAIRES :
Prénom :
Mail :
Votre mail ne sera pas publié  
Code de vérification
:
0 commentaire