Critique film
Publié le 07/02/2017 à 13h02 par Floriane
Silence
8 /10

XVIIème siècle, deux prêtres jésuites se rendent au Japon pour retrouver leur mentor, le père Ferreira, disparu alors qu’il tentait de répandre les enseignements du catholicisme. Au terme d’un dangereux voyage, ils découvrent un pays où le christianisme est décrété illégal et ses fidèles persécutés. Ils devront mener dans la clandestinité cette quête périlleuse qui confrontera leur foi aux pires épreuves.

Adaptation du roman historique de Shūsaku Endō, "Silence" est le troisième film de Martin Scorsese ayant un fond religieux après "La Dernière Tentation du Christ" (1988) et "Kundun" (1997). Projet ambitieux dont le cinéaste rêve depuis presque 30 ans, "Silence" marque par sa différence dans la filmographie du maître. Ici, le côté coup de poing que peut avoir Scorsese est mis de côté pour laisser place à une subtilité qui lui permet d'évoquer tous les aspects de son sujet.

En retraçant l'histoire de ces prêtres jésuites et la tentative d'évangélisation du Japon, le réalisateur explore l'essence de la foi, mais aussi son questionnement. La première partie recouvrant l'arrivée des deux prêtres jusqu'à leur séparation est un modèle de mise en scène et d'écriture dans laquelle règne une symbolique fascinante et non pesante. La deuxième est plus discutable. Surtout sur sa forme contenant des longueurs cassant le rythme de la première partie assez contemplative mais exemplaire dans sa construction. Les scènes dans le camp sont assez répétitives et manque parfois de profondeur. Cependant les doutes et l'évolution qu'elles amènent au personnage de Rodriguez font assez vite oublier ses défauts. Notamment grâce à des scènes dialoguées intenses et passionnantes.

On notera aussi le travail remarquable sur le son. Dès son ouverture où le chant des insectes prend le pas sur les images. Mais aussi tout au long du film où chaque son est accentué, nous plongeant dans l'ambiance crasseuse (la pluie, l'enfoncement des pieds dans la boue) et terrifiante (les cris de douleur des croyants) de certaines scènes.

Niveau casting, Scorsese a su s'entourer d'acteurs de choix avec Andrew Garfield ("Boy-A", "The Amazing Spider-Man"...), Adam Driver ("Girls", "Paterson", "Star Wars : Le Réveil de la force"...) et Liam Neeson ("La Liste de S", "Taken"...). Le jeune Andrew Garfield nous livre une interprétation puissante avec ce personnage complexe de prêtre qui refuse de questionner ses idéologies malgré une incertitude sur sa croyance. Adam Driver est toujours aussi charismatique en prêtre qui doute très rapidement de sa religion fasse aux atrocités dont il est témoin. Et Liam Nesson prête son talent unique au personnage ambigu du père Ferreira. On citera aussi le formidable Yôsuke Kubozuka ("Tokyo Tribe"...) l'interprète du personnage de Kichijiro représentant la trahison de la foi.

Film riche mais inégal, "Silence" reste une œuvre puissante sur la religion et cette période difficile de l'histoire japonaise. Et surtout il nous prouve, une fois de plus, à quel point Martin Scorsese est un virtuose en matière de mise en scène.

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